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XXXIII.

PERTINAX

IMP. CAS. P. HELV. PERTINAX AUG.

Ætus Capitaine des gardes de Commode, & qui eut beaucoup de part à fa ¡mort, rendit de tres-bons offices à Helvius Pertinax, pour le faire déclarer Empereur par le Senat. Il avoit alors plus de foixante ans, lors qu'il fut élevé à cette haute dignité, il étoit de baffe naiffance, mais il avoit bien du cœur, & il avoit paffé par les plus petites Charges de la milice au Confulat & au gouvernement des plus confidérables Provinces de l'Empire. C'étoit un parfaitement honnête homme; il ne regna que quatre mois. Ses foldats de qui il ne pouvoit fouffrir la mauvaife vie, & qu'il puniffoit févérement, l'affaffinérent, lors qu'on avoit tout fujer d'espérer beaucoup de fon régne.

Au revers on voit une figure de femme ou Déeffe debout, élevant ses mains au Ciel pour recevoir un globe qui en descend. Ce globe réprésente l'Empire de tout le monde, que ce Prince croyoit tenir uniquement d'en-haut, s'imaginant que c'étoient les Dieux qui luy avoient fait ce grand présent.

XXXIV.

DIDIUS JULIANUS

IMP. CÆSAR. M. DID. SEVERUS JULIAN. AUG. P.P.

A ville de Milan fut le lieu de la naiffance de Didius Julianus. Son argent,

Lplûtôt que fon mérite, l'éleva à l'Empire, il promit, pour ce fujet, de

grandes fommes d'argent aux foldats Romains qui le conduifirent au Senat, où il fut revêtu de la puiffance de Tribun, & son élection confirmée. Mais il fut bien-tôt dépouillé de ces dignitez; car n'ayant pas tenu fa parole à fes foldats, foit qu'il ne fût pas en fon pouvoir de le faire, foit pour autre raison, il fut affaffine deux mois & cinq jours aprés fon élevation; ce fut le 29. Septembre de l'année 193. de l'Ere chrétienne.

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COS. II.

Ur le revers eft un char de triomple, fur lequel eft cet Empereur, tenant les refnes de quatre chevaux qui le traînent; il tient de l'autre main une grande verge, comme les voulant preffer de doubler le pas, & de courir au devant d'une Victoire qui paroît en l'air, & qui vient luy préfenter une couronne. Je croy que ce revers de DIDIUS JULIANUS eft fait à plaifir, parce que nous ne voyons point qu'il ait remporté de victoire, & il est affez difficile de prouver qu'il ait été deux fois Conful, ainfi que le porte l'infcription de

l'Exergue.

XXXV.

A

XXXV.

ALBINUS

CLOD. SEPT. ALBIN. CÆ S.

Lbin étoit d'Adrumete en Afrique. L'Empereur Sévére, avant que d'aller eri Orient contre Pefcennius Niger qui s'y étoit fait auffi proclamer Empereur, le créa Cefar, & l'adopta à l'Empire, la fuite fit connoître qu'il n'avoit élevé ce Prince à ces hauts titres d'honneur, que pour gagner du temps & pour le détourner de la pensée de venir, pendant fon abfence, fe rendre maître de la ville de Rome, à la tête d'une puiffante armée qu'il commandoit: car aprés avoir défait Pescennius, n'ayant pû faire tomber Albin dans plusieurs embûches qu'il luy dreffa, il s'en vint à Lyon où il étoit, il s'y donna une fanglante bataille, où Sévére eut tout l'avantage poffible. Albin fe voyant perdu, dans la crainte de tomber vif entre les mains de fon Ennemi, se passa son épée au travers du corps.

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ITALIA.

U revers de cette Médaille d'Albin eft la figure de Rome, ou d'une Pallas qui est la même chose, affife, & portant dans fa main une Victoire qui luy veut mettre une couronne de laurier fur la tête. On lit dans l'Exergue ce mot ITALIA, & on voit fur un bouclier une louve qui alaitte Remus & Romulus. Ces deux choses fignifient que toute l'Italie, dont Rome étoit la capitale, reconnoiffoit Albin pour fon Empereur, aprés que Sévére l'eut affocié à l'Empire. XXXVI.

Ja

SEVER E.

'Ay déja parlé de l'Empereur Sévére dans la vie d'Albin, je me contenteray de dire icy qu'il étoit de la ville de Leptis, Colonie Romaine en Afrique; que fon mérite le fit paffer par les plus importantes Charges de l'Empire. Aprés la mort de Didius Julianus il entra dans Rome, revêtu de la pourpre, & avec un magnifique appareil. Il fit mourir les amis de cet Empereur, & ceux qui étoient les auteurs de la mort de Pertinax. Sévére avoit de l'esprit; il aimoit les gens de lettres; il fçavoit bien les mathématiques; il étoit guerrier & tres-libéral, fur tout envers les foldats. Les Bretons ou Anglois s'étant revoltez, il y alla avec fes deux enfans, il réduifit ces peuples à la raison, & y finit fes jours à York en la foixante-cinquième annéee de fon âge, & en la 17. de fon régne.

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DIVI. M. PII. F. P. M. TR. P. IIII. COS. II. P. P.

une

N voit au revers une grande figure coloffale du Dieu Mars qui tient une pique en fa main droite, & qui appuye fa gauche fur fon bouclier. A fes pieds eft un corps de cuiraffe debout. Je croy que Sévére fit frapper ce Médaillon à l'honneur de Mars, le Dieu de la guerre, pour luy témoigner fa reconnoiffance de luy avoir été favorable dans fon expédition de la grande Bretagne,

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; on la doit exoù, par fon fecours il avoit réduit ces peuples mutins à leur devoir. La legende qui eft autour, eft la fuite de ce qui est écrit du côté de la tête pliquer de la forte: Severus Divi Marci Pii filius, Pontifex maximus, poteftate quartum, Conful fecundùm, Pater Patrie.

L

un mot

XXXVII.

CARACALLE

Tribunitiâ

Es Auteurs qui ont parlé de Caracalle, difent que ce fut un fort mẻchant Prince. Il étoit fils de Julia & de Septimius Severus, qui l'avoit déclaré par fon teftament fon fucceffeur à l'Empire, avec fon frere Geta. Quand il s'en vit le Maître, il fit fentir à tout le monde les effets de fes cruautez; il fit mourir fon beau-pére Plautianus, & fa fille Plautille qu'il avoit épousée, & dont il avoit eu deux enfans; il maffacra fon frére Geta entre les bras de Julie leur mére; en il ne s'étoit pas encore vû d'Empereur fi fanguinaire que luy. Il fut tué dans la Mefopotamie entre Edeffe & Carras, par un Centenier qui le perça d'un de poignard, pendant le temps qu'étant defcendu de cheval, il s'étoit éloigné de fes gardes pour aller à quelque néceffité naturelle. Son régne ne fut que de fix années, & la vie, felon Spartien, de 43. Il eft bon de fçavoir qu'il avoit nom Antonin Baffian, & que le nom de Caracalle luy fut donné, à cause qu'il fut le prémier qui porta, & introduifit la mode de porter de grandes robes qui defcendoient fur les talons.

coup

A

IMP. II. COS. IIII. P. P.

U revers de ce Médaillon est le même Empereur Caracalle couronné de laurier, dans un char de triomphe tiré par quatre chevaux. Il tient en fa main un fceptre; & fur fon char paroiffent plufieurs figures gravées en relief qui en font l'ornement. Ces figures pouroient bien auffi nous réprésenter les victoires qu'il avoit remportées durant fon régne : Il eft facile de voir que ces deux lettres P. P. qui fignifient Pater Patria, & d'autres beaux titres d'honneur que l'on trouve au revers des Médailles de ce cruel Prince, luy ont été donnez, parce que c'étoit la coûtume de ce temps-là de les mettre fur les Médailles des Empereurs; car il fera toûjours vray de dire que Caracalle ne méritoit aucune loüange, & que pour luy rendre justice, il le faudroit nommer l'Ennemi du peuple Romain.

L

XXXVIII.

GET A

'Empereur Septimius Geta étoit le cadet de Caracalle. Son pere Sévére le créa Cefar, & luy donna le nom d'Antonin, aprés la victoire qu'il remporta avec fon frére Baffian fur les Parthes. Nous avons dit que le même Sévére les déclara tous deux par fon teftament ses fucceffeurs à l'Empire, il falut le leur partager, n'ayant pû le gouverner de concert. L'Afie & l'Orient fut le partage de Gera; l'Europe & les parties méridionales, celuy de Caracalle. Ce fut à l'occafion de cette divifion que Julie leur mére leur dît : Vous avez trouvé, mes

enfans, de la terre, & une mer pour vous féparer, il faut auffi que vous trouviez moyen de me divifer; car je ne puis pas demeurer en même temps avec vous deux. Cet accord ne fut pas de longue durée ; Caracalle devint jaloux de l'amour que le peuple portoit à fon frére, il tâcha de le faire périr par le poison, & n'y ayant pû réüffir, il le maffacra entre les bras de fa mére.

C

ADLOCUTIO.

E beau Médaillon de Geta nous réprésente cet Empereur fur un balcon fort élevé, faifant une harangue à cinq de fes foldats, qui portent fur leurs épaules leurs enseignes militaires. Ces fortes de harangues fe faifoient ordinairement avant que d'exécuter quelques grandes entreprifes. On y prenoit le ferment des Legions; on les animoit au combat, en leur mettant devant les yeux les exemples de leurs genereux Ancêtres : Enfin on leur promettoit de grandes récompenfes, fi on remportoit par leur moyen la victoire. Je ne fçay point à quelle occasion Geta fit cette harangue, on voit autour de sa tête qu'il étoit déja Empe

reur.

M

XXXIX.

ELIOGABALE.

Arc Auréle Antonin furnommé Eliogabale, étoit fils de l'Empereur Caracalle, felon quelques Auteurs. D'autres affûrent qu'il eut pour pére un certain Antonin inconnu, quoi qu'il en foit ce fut un Prince abominable à tout le monde. Sa vie fut fouillée de tant de crimes, qu'il fut appellé le Sardanapale de Rome; il vendit les charges de la Milice, & celles de la République à ceux qui luy offrirent le plus d'argent; il fit mourir plufieurs Sénateurs, pour n'avoir voulu admettre un Sénat de femmes pour juger les caufes de celles de leur fexe; en un mot, il se rendit fi odieux, même à fes foldats, que ceux de fa garde le tuérent avec fa mére; ils jettérent fon corps dans le Tibre, aprés l'avoir traîné les ruës de Rome, afin qu'il fût privé de l'honneur de la fepulture. Il n'avoiť alors que vingt ans, & fon régne ne fut au plus que de cinq.!

pas

par

A

SACERD DEI SOLIS ELAGA B.

U revers on voit Eliogabale debout, habillé en grand Prêtre ; il semble vouloir facrifier fur un autel qui eft à fes pieds, duquel fort un ferpent. Il eft à préfumer qu'il faifoit ce facrifice au Soleil en action de graces de fa fanté obtenuë par le fecours de cette Déïté qu'il adoroit. On fçait affez, fans qu'il foit besoin de le dire, qu'il faifoit porter l'image de cet Aftre par tout où il alloit; que fon nom d'Eliogabale luy fut donné, parce qu'avant fon élection à l'Empire, il avoit exercé la charge de Prêtre du Soleil. L'inscription Sacerdos Dei Solis Elagabali, marque qu'il ne quitta jamais cette prétenduë dignité.

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C

XL.

Une Tête d'Hercule.

Ette tête d'Hercules eft d'un tres-gros relief. Elle porte une couronne de feüilles de chefne, & autour du col la dépoüille du lion Nemeen.

Le revers nous réprésente la fatale & empoisonnée chemise que Dejanire fa femme luy envoya; on y voit auffi ce Heros debout, tenant la maffuë d'une main, & de l'autre la peau de ce même lion. Dans l'Exergue font ces deux lettres H & B jointes ensemble, & un petit aigle. J'aime mieux dire que je n'en fçai pas l'explication, que de l'inventer : je ne ferois pourtant pas tout-à-fait éloigné du sentiment d'un de mes amis, qui croit que ces lettres ne fignifient rien autre chofe finon, Hercules Baffiani, l'Hercule & le chef-d'œuvre de Baffian; c'étoit lafsocié de Jean Cauvin pour la fabrique de ces coins que nous nommons Padoüans.

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N ne s'étonnera pas de voir icy la tête d'Homére, & fon nom fur ce Médaillon grec, quand on fçaura l'eftime que les Anciens ont toûjours fait de ce célébre Poëte. Elle fut autrefois fi grande, que fept villes fe difputérent l'honneur de l'avoir mis au monde. Il est affûrément difficile de rien déterminer à ce sujet, aussi-bien que de fçavoir au jufte le temps auquel ce grand homme vivoit; car il fe trouve prefque autant de fentimens différens, qu'il y a d'Auteurs qui en ont parlé. On dit qu'il prit le nom d'OMHPOC, qui fignifie Cacus, à cause qu'il étoit devenu aveugle. C'étoit un bel efprit, fes merveilleux ouvrages en font foy, ils sont encore à présent le sujet de l'estime & de l'admiration des Sçavans.

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Comme je ne fçai fi ce revers appartient à ce Médaillon d'Homére, & que d'ailleurs j'en ignore l'explication, je me contenterai de rapporter les figures qui font réprésentées : Il y en a fix, dont la prémiére est un Jupiter affis, tenant en fa main une pique; la feconde eft une petite Victoire qui femble venir au-devant de luy; la troifiéme est une Cerés, où la Déesse de l'abondance, accompagnée de fon type ordinaire. Au milieu on y voit le Dieu Mars, & un aigle à fes pieds: Enfin les deux derniéres figures qui font au bas de la Médaille qui eft coupée en deux, nous font voir les fymboles de deux différens fleuves; ce font deux hommes couchez de leur long, qui ont proche d'eux, ou les animaux qui habitent les païs qu'ils arroufent, ou les poiffons qu'ils renferment dans leur fein, & qui les font distinguer des autres riviéres.

XLIL

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