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C

III

'Eft auffi une pierre de touche, fur laquelle on voit la figure d'un homme qui a une tête de lion. J'eftime que c'eft un Talifman qui a été fait pour avoir de la valeur & du courage en guerre, afin d'obtenir la victoire de ses ennemis. La tête du lion qu'il porte, répréfente le foleil au figne du lion, qui inspire de la force & du cœur, auffi tient-il la tête de fon ennemi qu'il a défait : nous en pourrions apprendre davantage des caractéres qui font gravez deffus, s'ils étoient lifibles.

ON

IV.

N ne lit fur le revers de cette pierre que ce mot grec, IOYA AC, Judas; c'eft probablement le nom d'un Juif, en faveur duquel ce Talisman a été fait pendant qu'il étoit captif en Egypte; car les Ifraëlites ayant été mêlez parmi les peuples idolâtres, fe laifférent quelquefois aller à leurs fuperftitions: Commixti funt inter gentes, & didicerunt opera eorum.

V & VI.

'Eft une chimére gravée fur une pierre de parangon, devant laquelle fe préfente un homme tout effaré qui apprehende d'en être maltraitté. Le mot APABA, & les autres qui s'y lifent font barbares. Il femble que ce Talifman ait été fait pour n'être point devoré des bêtes farouches. Le revers a des caractéres, dont l'explication ne fe peut deviner.

UN

VII.

Ne pierre d'aimant fur laquelle il n'y a aucune figure, mais une inscription qui fait un fens continu des deux côtez. Sur plus large on lit ces mots

grecs, ΙΑΩ ΑΒPACAC ΑΔΟΝΑΙ ΑΤ...... Δ ΔΕΞΙΑΙ ΔΥΝΑΜΕΙΣ YAAZATE OÝABIAN HAYAEINAN, Jao Abraxas Adonai. A.. quatuor dextræ virtutes fervate Ulpiam Paulinam.

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VIII.

E revers contient le refte de cette infcription, AПO пANТOC ΑΠΟ ΠΑΝΤΟΣ KAKOYA AIMO NO C, Ab omni malo dæmone; ce qui fait voir que ce Talisman gnostique a été fait pour délivrer ou préserver une femme nommée Ulpia Paulina, de la poffeffion du démon. Ces deux mots Jao Abraxas, dont je parleray plus bas, convainquent que cette pierre à été ainfi écrite par les Gnof tiques ou autres hérétiques femblables.

I X:

Ette figure gravée fur une cornaline rouge, nous réprésente ce monstre fa buleux des Egyptiens qui étoit en partie femme, & en partie lion, ce qui n'étoit pas fans mystére; car comme cette figure étoit donnée d'ordinaire à de groffes pierres qu'on mettoit au bord du Nil, pour en marquer la creue qui se faifoit aux mois del Juillet & d'Août, pendant que le foleil étoit au figne du lion & de la vierge : ils les raillérent, dis-je, fous la figure d'un animal, qui répréfentoit ces deux fignes enfemble. Il a icy des aîles, à caufe qu'ils adoroient le sphinx pour une Divinité qu'ils croioient le génie du Nil:

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X.

E revers témoigne que cette pierre a été pareillement confacrée à Bacchus, de raifin, & de ces mots

cause de la

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HON. PATR. BIB. grappe Honori Patris Biberi, ou Liberi. J'ay la penfée que d'un côté c'étoit un Talif man Egyptien pour faire croître le Nil, & qu'étant venu depuis à Rome, on en a gravé un autre derriére en l'honneurde Bacchus, pour avoir pleine vendange.

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XI.

Ette figure d'un enfant qui n'a qu'un pied & deux têtes, eft celle du Dieu Horus, qui étoit fils d'ofiris & d'Ifis, & par conféquent du soleil & de la terre, c'est à dire la vertu productive de toutes chofes, qui confifte dans la chaleur du foleil & l'humidité de la terre, qui en font les principes. Il est jeune, parce que cette vertu ne vieillit point, mais fe renouvelle tous les ans. Il a deux faces qui regardent deux années, la paffée où l'on a semé le grain, & la nouvelle en laquelle on fait la moisson; il a un pied pour montrer la ftabilité de la nature qui eft toûjours conftante, & ne manque point tous les ans à produire de nouveaux fruits.

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XII.

N lit au revers de cette pierre qui est un jaspe oriental, ce mot IA, qu'on eftimoit être le nom de Dieu chez les Bafilidiens, & autres femblables Gnostiques qui ont gravé, ce femble, cette pierre, pour obtenir la fecondité de la terre.

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XIII. & XIV.

Ne pierre de touche qui eft commune en Egypte, on y voit deffus la
Fortune gravée, avec un gouvernail & une corne d'abondance, telle

que les Romains la répréfentoient tant fur les Médailles qu'ailleurs. Le revers contient ces lettres IA HE, qui eft le même nom de Dieu que fao, quoique la superstition des Gnoftiques y ait ajoûté deux lettres. J'expliqueray ce nom plus ample ment dans la fuite.

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:

X V.

'Eft le Dieu Harpocrates affis fur la fleur du lotus gravé fur une pierre d'aymant. J'ay déja dit que les Egyptiens eftimoient qu'Harpocrate étoit le même qu'Horus qu'ils prenoient pour le Soleil levant, d'où vient le mot Hora, une heure. Plutarque en fon Traité de Ifis & Ofiris, le confirme par ces paroles Les Egyptiens ne penfent pas qu'il forte du lotus un petit enfant qui ne fait que de naître, mais ils peignent ainfi le Soleil levant, pour donner à connoître que le Soleil fortant des eaux, fe vient à rallumer. Il faut fçavoir que le lotus eft une herbe qui croît dans le Nil, & qu'elle eft dé diée au Soleil, parce qu'elle a cette proprieté, que non feulement fa fleur s'épanouit aux rayons de cet aftre, & qu'elle fe referme à mesure qu'il fe retire de dessus l'horison, mais encore fa plante s'abaiffe infenfiblement, fe cache la nuit fous les eaux de ce fleuve, d'où elle fort le lendemain, auffi-tôt que le foleil

commence

commence à paroître; c'eft pourquoy les Egyptiens ont feint qu'Horus ou Harpocrate qui étoit le Soleil levant, fortoit du fein des eaux où il s'étoit couché fur cette fleur, ainfi que cette pierre le répréfente. Il met le doigt fur la bouche, à cause, comme j'ay déja dit, que queques peuples d'Orient adoroient le Soleil levant, en mettant le doigt fur la bouche; il tient une verge ou un foüet pour chaffer les chevaux du Soleil. Nous avons plusieurs Médailles romaines, fur lesquelles on le voit à fon levé comme un jeune homme qui a un foüet à la main,

avec ce mot Oriens.

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XVI.

;

"Ay auffi parlé du Dieu Anubis, & j'ay fait voir la raifon pour laquelle on luy donnoit une tête de chien. J'auray encore occafion d'en parler dans la fuite je diray feulement icy qu'on luy met en main un flambeau, à cause qu'il éclairât la Déeffe Ifis, lors qu'elle alla chercher Ofiris qu'elle avoit perdu; c'est la remarque de Plutarque.

XVII.

'L n'y a rien de plus commun parmi les fymboles des Egyptiens que le Scarabée, qui eft un vilain infecte qui naît de l'excrément des chevaux. Les Anciens n'ont pas laiffé de le comparer au foleil, Eusebe le rapporte, tant ils étoient aveuglez & fuperftitieux. Les Egyptiens ont coûtume de l'honorer comme la vraie réprésentation du Soleil. Pline en donne cette raison, parce que ces insectes avoient rapport aux opérations du Soleil : Ægypti magna pars Scarabaos inter numina colit, curiofa Apionis interpretatione, quâ colligat Solis operum fimilitudinem huic animali effe, ad excufandos Gentis fue ritus, cap. 11. lib.30. hift. natur. On trouve que ces Scarabées étoient d'ordinaire percez comme celui-cy l'eft, à cause que les foldats les portoient au col, ou même au doigt comme un Talisman, afin d'être courageux dans les occafions, à caufe que ces animaux font tous mâles. Un Auteur le remarque: Bellicofis fculptura annuli erat Scarabæus:

C

XVIII.

Ette pierre eft une Sardoine, fur laquelle eft gravée la figure d'un Scor ¡pion.`Il est assez manifeste que c'est une pierre conftellée fous la figure d'un fcorpion, dans une conjonction favorable d'autres aftres, pour fe garantir de la picqueure des fcorpions, & d'autres semblables bétes venimeuses.

XIX. & XX.

SU
grec barbare, ΘΩΧΝΟΥΦΙ ve qui fait connoître

; ce

Ur cette prime d'émeraude est gravé un Scarabée, avec ces caractéres d'un que c'est une de ces pierres fuperftitieufes des Gnoftiques, qui eft faite fous la planete du Soleil, dont le scarabée & le serpent étoient des fymboles. Au revers eft gravé un ferpent avec une tête de lion environnée de rayons. Les fept étoiles qui font à l'entour, font celles que les Aftronomes appellent Septem-Triones.

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LES TALISMANS

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DES GNOSTIQUES

Es hérétiques Gnoftiques, Bafilidiens, Carpocratiens, & autres femblables des premiers fiécles, ont été fort attachez à ces pierres magiques & fuperftitieuses qu'ils gravoient fous des conftellations, avec des figures extravagantes & des mots barbares, pour guérir des maladies, & produire d'autres effets. Saint Epiphane, S. Irenée, & d'autres Péres en parlent fort au long dans leurs écrits, & je fuis obli gé d'en traitter affez amplement dans l'explication des pierres de cette planche.

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1. & II.

Ne table quarrée de lapis, fur laquelle eft gravée une Venus, le Soleil & la Lune, avec des caractéres à l'entour d'un grec barbare qui nous eft entiérement inconnu. Le revers a fept figures hieroglyphiques, par lesquelles les Gnoftiques ont voulu défigner les fept intelligences qui préfident aux fept plane tes; car ç'a toûjours été la créance qu'il y avoit des efprits qui préfidoient aux cieux & aux aftres, & les mouvoient là-haut, ainfi qu'il y en a icy-bas qui préfi dent aux Royaumes & aux villes. Cette verité fe remarque clairement dans l'Apocalypfe, où il eft parlé de cet Ange d'Ephéfe, de celuy de Smirne, & de ceux de plufieurs autres lieux : Credebant Bafilidiani Deum continere feptem virtutes, per quas omnia operabantur cœlorum præfides, dit Kircher. Saint Epiphane rapporte au livre prémier du fecond tome, adversus hærefes, héréfie 26. les noms que ces hérétiques leur donnoient, fçavoir Jao, Saclan, Seth, Daden, Adonias, Jaldabahoth, Sabaoth.

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III.

Eft la figure du Dieu Anubis gravé fur un lapis qu'on peignoit avec la tête d'un chien, d'où vient que Virgile luy donne cette épithète, Latrator Anu bis. Quelques-uns ont crû que c'étoit un chien tres-fidéle, qui trouva Ofiris quand Ifis l'eut perdu. Nous en avons parlé à l'article de fa figure. Il porte une palme & une couronne de laurier pour marque de quelque victoire.

I V.

U revers de cette pierre de lapis on lit ce mot BAPBAPIA, qui défi
Barbarie, c'étoit une Province d'Afrique contigue à la

Agne la Lybie &

a la Numidie; ce qui me fait conjecturer que cette pierre pourroit bien avoir été faite en mémoire de quelque victoire qu'un Roy d'Egypte auroit remportée. fur les peuples de Barbarie; je croiois d'abord lire fur cette pierre Barkaba, au lieu de Barbaria. Ce Barkaba étoit le nom d'un Prophete des Gnoftiques, mais aprés l'avoir regardée attentivement, j'ay vû qu'il y avoit Barbaria.

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