C

IL

E prémier Sextans porte en fon revers une prouë de Navire, comme la plupart des autres monnoyes romaines, & principalement les anciennes ; nous en avons donné deux fois la raison ci-devant.

I

III. & IV.

Un autre Sextans.

La rapport au prémier, en ce qu'on y voit au revers les deux points avec le caducée de Mercure. Il eft bon, en paffant, de remarquer une fois pour toutes, qu'on trouve beaucoup de ces monnoyes romaines fur lesquelles font gravées ou des têtes de Mercure, ou quelqu'une des marques qui les diftingue des autres Dieux prophanes; il ne faut pas s'en étonner, les Romains croyoient qu'il étoit inventeur de plufieurs Arts, & peut-être en particulier de la monnoye. Je n'ay pû trouver pourquoy ce Sextans eft chargé, d'un côté, d'une coquille:

C

V. & VI.

Un troifième Sextans.

Ette piéce fur laquelle eft representée la figure d'un chien, est pour nous marquer par ce fymbole de la Fidelité, celle que doivent avoir toutes les perfonnes qui travaillent aux fabriques des monnoyes. De l'autre côté on voit une harpe qui donne à connoître, que la monnoye étoit auffi confacrée à Apollon, ou au Soleil le pere des métaux, qui les produit dans le fein de la terre; ces deux divinitez ont fouvent été confondues ensemble.

I

VII. & VIII.

Un quatrième Sextans.

paroît d'une fabrique plus moderne que les trois autres; il porte d'un côté un fort beau vase qui eft accompagné de deux points ordinaires aux Sextans & de l'autre une efpece de rouë, dont j'ay déja donné l'explication en l'article quinziéme de la feconde planche des Poids romains. Ce revers n'eft point chargé des deux points qui y font ordinairement, leurs poids étant prefque tous marquez des deux côtez.

L

IX. & X.

Un Stips uncialis.

E Stips uncialis est assez connu chez les Anciens : c'étoit la plus petitè monnoye des Romains qu'on donnoit d'ordinaire aux pauvres, comme nous faifons aujourd'huy en France, un double. C'est de cette pièce d'où eft venu le

mot Stipem mendicare, pour dire, demander l'aumône. Celui-cy eft marqué d'un côté de la figure d'un crapaut ou d'une grenouille, & de l'autre de celle d'un ancre, qui eft une des principales piéces du vaiffeau qu'on mettoit fur les prémiéres monnoyes romaines.

XI. & XII.

Un autre Stips uncialis.

marque

SU Ur ce fecond Stips uncialis on voit un offelet qui fervoit à joüer; il la fortune & le hazard du jeu à perdre ou gagner de l'argent. Le jeu des of felets étoit fort en ufage parmi les Anciens, comme on l'apprend d'une petite médaille du fort, expliquée par M. Seguin. Le revers est chargé seulement d'un coûteau de vigneron de la même maniere, & pour le même fujet que nous en avons déja vû fur plusieurs piéces de monnoye avec le point du Stips uncialis.

C

XIII. & XIV.

Un troisième Stips uncialis.

Ette troifiéme & derniere piéce de l'once a d'un côté un vafe, au haut duquel est marqué le point du Stips uncialis; de l'autre, la figure d'un javelot, qui pourroit bien peut-être y avoir été mis, parce que l'argent a toûjours été appellé Nervus belli, le nerf de la guerre.

L

XV. & XVI.

Un As Sextantalis.

Es deux pièces differentes que je donne icy, fe nommoient chez les Romains As Sextantalis, c'est à dire que c'étoit des As du poids d'un Sextans ou de deux onces. Pline en parle de cette forte: Libræ autem pondus æris imminutum bello Punico primo, cum impenfis Respublica non fufficeret; conftitutumque eft ut affes fextantario pondere ferirentur. Il nous apprend que la République manquant d'argent néceffaire pour foûtenir la prémiére guerre Punique contre les Carthaginois, s'avifa de fondre la monnoye qui étoit dans l'épargne, & de reduire les As, qui jufqu'alors avoient été d'une livre ou de douze onces, à deux onces, y gagnant cinq fois autant en forte que d'un million ils en firent fix millions les piéces retenant toûjours la même figure de Janus & du vaisseau; comme aussi la même valeur, mais non pas le même poids, ita quinque partes facta lucri.

Pour ce deuxième As, il est d'un poids encore plus foible de moitié, quoy qu'il ait le même type; car il fut réduit de deux onces à une en la seconde guerre de Carthage, & il fut appellé As uncialis. Voicy ce qu'en dit le même Pline au chap. 3. du trente-troifiéme Livre de fon Hiftoire naturelle: Poftea Annibale urgente, Quinto Fabio Maximo Dictatore affes unciales facti, & nota fuit ex altera parte Fanus geminus, ex altera roftrum navis ; ce font auffi ces deux figures de Janus, & d'une prouë de navire qui s'y voyent d'un côté & d'autre.

XVII. & XVIII.

Les Semis de l'As fextantalis, & de l'As uncialis.

N divifa ces As fextantalis en autant de parties que l'As de douze onces; c'eft à dire en Semis, Quadrans, Triens, Sextans & Stips uncialis. La lettre S. qui paroît au derriére de la tête qui eft figurée fur cette pièce, & qu'on croit être la tête de Jupiter, nous marque que c'eft un Semis, & comme fon poids eft d'une once, on le nommoit le Semis du Sextantalis qui en pefoit deux. Suivant la même proportion, le Semis de l'As uncialis que je donne icy, marqué auffi d'une S. derrière une tête qui semble naturelle, ne doit pefer qu'une demi-once romaine.

XIX. & XX.

Un Triens & un Quadrans du même As.

LE Es trois points marquez derriére la tête d'Hercule, montrent affez que cette piece ell un 9uadrans, & comme il faut quatre de ces poids pour est faire deux onces romaines, on doit dire qu'il a été fabriqué pour un Quadrans de l'As fextantalis, de même que ce Triens qui porte une tête de Pallas ou de Rome, avec les quatre points au deffus de fon calque, l'a été pour le Triens de l'As sex

tantalis.

XXI. & XXII.

Un Sextans & un Stips uncialis du même As.

L eft affez rare de trouver dans un même Cabinet toutes les diminutions des Poids anciens, comme nous les avons prefque toutes en celui-cy. Voicy pour achever la divifion de l'As fextantalis, le Sextans qui porte pour marque deux points au deffus d'une tête de Mercure, & le Stips uncialis du même As marqué à un seul point, qui eft auffi derrière une tête de Mercure.

XXIII. & XXIV.

Un Triens & un Sextans de l'As uncialis.

j'avois pû rencontrer un Quadrans, & un Stips uncialis du même As uncia lis, il ne me manqueroit aucun petit poids des Romains, ce que j'entens de ceux de bronze; car en voilà le Triens fur lequel eft gravé en relief une tête de Rome, & toûjours les quatre points au deffus de fon cafque, & un fort beau Sextans qui a une tête d'Hercule marquée auffi de deux points.

56

LES MONNOYES

A

D'ARGENT

DES ROMAINS.

PRE'S que les Romains fe furent fervis prés, de cinq cens ans depuis la fondation de la ville de Rome, de monnoyes de cuivre, Pline dit qu'en l'an 585. ils commencérent à ufer de monnoyes d'argent, en ayant amaffé confiderablement des dépouilles des peuples qu'ils avoient fubjuguez, & rendus tributaires à la République: Argentum fignatum eft anno urbis D. LXXXV. Q. Fabio Cf. Un Auteur dit qu'il faut lire, anno urbis CCCC. LXXXV. Quinto Ogulnio, & Caio Fabio Confulibus, quinque annis ante primum bellum Punicum. Ils en firent de quatre fortes.

La

I.

Un double Denier.

A prémiére, la plus grande, & la plus forte pour le poids, fut le doublet denier, qui équivaloit le didragme des Grecs, c'eft à dire de la pefanteur d'environ deux dragmes. Elle avoit la tête de Janus fans barbe d'un côté, avec une couronne de laurier en tête, & de l'autre un quadrige avec ce mot ROMA, gravé en creux. On n'a pas fabriqué beaucoup de ces pièces.

II.

Un Denier.

l'Eft le Denarius ou le denier romain, ainsi nommé, à cause qu'il valoit dix As de cuivre, auffi y a-t'on mis ordinairement pour marque un X qui fignifie dix, comme en celui-cy. Pline dit : Placuit denarius pro decem libris æris; ils avoient de coûtume d'y mettre deffus des têtes de Divinitez comme celle est du Soleil, ou la tête de la ville de Rome avec un cafque, ou quelqu'un de cy, qui leurs ancêtres, mais il ne fe trouve pas qu'aucun Conful y ait fait graver fon portrait, mais feulement fon nom.

L

III.

Un Quinaire.

A piéce d'argent que l'on voit icy, fur laquelle eft une tête de Mercure s'appelloit en latin Quinarius, à caufe qu'elle valoit cinq As, ou cinq livres de cuivre. Son poids étoit la moitié du denier : elle avoit auffi pour marque un, ou la moitié de la lettre X qui fignifie cinq, comme il paroît par celle-cy.

VI.