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bourgeoisie, ou qu'elle tombe écrasée sous les ruines de l'hérédité abattue. La Cour l'avait bien compris. De là son ardeur à mettre le trône hors de page; de là les ténébreuses menées dont on vient de lire le récit. Mais ce n'était pas assez de semer la division entre les chefs de la majorité, et de livrer la majorité elle-même en proie à des rivalités dévorantes on ne pouvait espérer de la soumettre qu'en la corrompant, qu'en la rendant semblable à un maître que son premier esclave enivrerait et endormirait, pour commander à sa place. Voilà le triste tableau qui nous reste à dérouler. Tableau bien triste, en effet! car, de la Chambre, la corruption devait tomber goutte à goutte sur toutes les parties de la société, en pénétrer les profondeurs, et la réduire à un état de dégradation qui n'a d'exemple que dans l'histoire du Bas-Empire.

FIN DU TOME QUATRIÈME.

DOCUMENTS HISTORIQUES.

RAPPORT SUR LA SANTÉ DE Me LA

CONSULTATION SUR LA SANTÉ DE Mme LA DUCHESSE DE BERRI. -RAPPORT SUR LA
SALUBRITÉ DE LA CITADELLE DE BLAYE.
DUCHESSE DE BERRI.- PROCÈS-VERBAL DE L'ACCOUCHEMENT DE LA DUCHESSE
DE BERRI. TRAITÉ D'UNKIAR-SKÉLESSI.
VISITE. RÈGLEMENT DU MUTUELLISME.

TRAITÉ CONCERNANT LE DROIT DE TRAITÉ DE LA QUADRUPLE ALLIANCE.

ARRÊT DE MISE EN ACCUSATION DES ACCUSÉS D'AVRIL.- LISTE DES PAIRS QUI ONT VOTÉ LA MISE EN ACCUSATION. LISTE DES DÉFENSEURS CHOISIS PAR LES ACCUSES D'AVRIL -LISTE DES PAIRS QUI RÉPONDENT A L'APPEL; LISTE DES PAIRS QUI NE RÉPONDENT PAS.-LISTE DES ACCUSÉS.-LETTRE DES DÉFENSEURS AUX ACCUSÉS d'avril. - ARRÊT DU 15 JUILLET 1835.

N° 1.

CONSULTATION

SUR L'ÉTAT DE LA SANTÉ DE MADAME LA DUCHESSE DE BERRI. Madame la duchesse de Berri est née de parents phtysiques; son père était en outre sujet à la goutte. Son tempérament est éminemment nerveux, et les maladies qu'elle a antérieurement éprouvées démontrent qu'elle est disposée aux affections inflammatoires; ainsi, à plusieurs reprises, elle a été atteinte de catarrhes pulmonaires, dont quelques-uns assez graves pour avoir inspiré aux médecins qui la soignaient des craintes assez sérieuses. Plusieurs fois aussi elle a ressenti des douleurs articulaires avec gonflement, présentant tantôt le caractère rhumatismal, tantôt les apparences de la goutte.

Depuis son séjour à Blaye, M. le docteur Gintrac a été appelé quatre fois. Le 11 décembre 1832, il observa les symptômes suivants : douleurs rhumatismales aux épaules; petite toux sèche portant un caractère nerveux; suppression des règles qui dataient de deux mois, et qui, d'après le rapport de la princesse, avaient été suppléées par un flux hémorrhoïdal; du reste, il n'y avait point de fièvre, et les organes digestifs étaient en assez bon état.

Le 18 du même mois, à sa seconde visite, le docteur Gintrac, appelé à l'occasion d'une forte douleur de tête, avec pesanteur et étourdissement, remarqua une diminution notable des douleurs rhumastismales et de la toux dont nous venons de parler.

La troisième visite du docteur Gintrac eut lieu le 9 janvier 1833. Alors de nouvelles douleurs s'étaient manifestées aux articulations des han

ches, et un nouveau flux hémorrhoïdal avait en quelque sorte remplacé les règles qui n'avaient point paru. Un examen attentif de l'abdomen, dans la position assise, il est vrai, fit reconnaître qu'il était assez volumineux, et que l'augmentation de ce volume dépendait surtout du gouflement de la rate.

Des suffocations s'étant manifestées dans la nuit du 16 au 17 de mois, M. le docteur Gintrac se rendit auprès de madame la duchesse de Berry, et crut pouvoir attribuer cette indisposition à l'ingestion d'un aliment excitant et indigeste. Déjà le calme avait reparu, et même les douleurs articulaires, dont elle se plaignait, avaient cessé. Du reste, point de changements, quant à la suppression des règles.

Depuis cette époque jusqu'à ce jour, la santé de madame la duchesse de Berri a été assez bonne; toutefois, avant hier dans sa promenade sur les remparts, elle éprouva, par suite de l'impression d'un air vif et froid, un accès de toux sèche et intense qui l'obligea de chercher un abri, et qui bientôt s'apaisa.

Aujourd'hui 25 janvier, vers 9 heures, nous nous sommes rendus auprès de S. A. R. Nous l'avons trouvée levée : elle l'était depuis une heure. El.e a paru à celui d'entre nous qui avait eu l'honneur de lui donner des soins les années précédentes, un peu amaigrie; sa coloration s'éloignait peu de l'état ordinaire; une toux sèche assez fréquente se faisait entendre; une légère oppression existait; les mouvements de la respiration, observés avec soin, ne paraissaient point aussi faciles que dans l'état normal; l'oreille, appliquée sur le thorax, faisait reconnaître que l'air ne pénétrait qu'imparfaitement dans les poumons, les inspirations même profondes n'opérant qu'une dilatation incomplète de la poitrine; le poulx, manifestement accéléré par l'émotion qu'éprouvait S. A. R. donnait environ quatre-vingt-huit à quatre-vingt-neuf battements par minute: il était d'ailleurs naturel sous le rapport de la plénitude et de la régularité; une douleur assez forte existait dans la partie moyenne du thorax, suivant la direction de l'œsophage et se terminant à l'épigastre.

Les fonctions digestives s'accomplissent avec facilité; la langue est légèrement saburrhale, et les gencives, qui avaient jadis été malades, sont en assez bon état.

L'abdomen a paru un peu développé relativement à son état ordinaire. Il ne nous a pas été permis de l'explorer. Madame ne se plaint plus de la rég.on hypocondriaque gauche, qui, quelques jours auparavant, était douloureuse.

L'urine qui parfois avait été chargée d'acide urique, est maintenant presque naturelle.

Au rapport de la princesse, les règles ont paru il y a cinq jours, et ont coulé jusqu'à hier. Cette apparition se serait manifestée à l'époque mensuelle où ce flux avait ordinairement lieu.

Des faits qui précèdent il suit :

Que madame la duchesse de Berri a éprouvé quelques-uns des maux auxquels elle avait été sujette antérieurement;

Que cet état s'était compliqué d'une suppression des règles, laquelle, il est vrai, n'avait point produit d'accidents graves, probablement à cause de la déviation qui s'était effectuée vers les vaisseaux hémorrhoïdaux;

Enfin, qu'il existe dans les organes respiratoires une susceptibilité naturelle, peut-être héréditaire, bien propre à éveiller toute la sollicitude des hommes de l'art chargés de diriger la santé de S. A. R.

Le traitement, dans l'état actuel, doit se borner à l'emploi des moyens suivants :

1o Madame usera de bains et de demi-bains à une douce température, rendus émolliens par l'addition de décoctions de plantes mucilagineuses, pris dans la chambre à coucher, et suivis immédiatement du séjour au lit pendant demi-heure ou une heure ;

2o Des boissons tempérantes, gommées, émulsionnées, seront employées toutes les fois que la toux l'exigera; le looch blanc conviendra lorsque, la nuit, ce symptôme sera plus intense;

3o Le lait de chèvre, déjà plusieurs fois mis en usage avec un succès constant, est particulièrement recommandé ;

4o Si quelque état de spasme l'exigeait, des infusions de tilleul, de coquelicot ou de stéchas seraient indiquées ;

5o Les eaux de seltz trouveraient un emploi convenable si les fonctions digestives languissaient;

6o Le régime sera en général doux, composé de potages avec des fécules, tels que le tapioka, le salep, le sagou, l'averwroot, de poissons blancs, de volailles bouillies ou rôties, de mouton grillé, de fruits cuits, etc. Une eau légèrement gommée et mêlée d'un peu de vin léger, servira de boisson au repas;

7° Il est extrêmement utile d'entretenir, à la surface du corps, et principalement vers la poitrine et les membres inférieurs, une douce chaleur. Des vétements immédiats de laine rempliront cette importante indication. Et, en général toutes les précautions propres à prévenir le refroidissement des pieds doivent être prises avec soin.

8. Enfin, il est d'une grande importance d'éviter l'impression d'un air froid, sur toute l'habitude du corps. Ainsi, les promenades doivent se faire dans le milieu de la journée, lorsque le temps est beau, et de préférence dans les lieux abrités. Cette recommandation est surtout utile, à cause de la situation élevée de la citadelle, de son voisinage d'un grand fleuve fréquemment couvert de brouillards épais, et de son exposition à des vents plus ou moins violens.

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Nous avons l'honneur de vous adresser un rapport circonstancié sur la

salubrité de la citadelle de Blaye, sur la convenance des distributions qui ont été faites, et des mesures qui ont été prises, afin que ce séjour ne devint pas nuisible à la santé de madame la duchesse de Berri. Enfin sur son logement et sur les soins dont elle est l'objet.

Pour remplir la mission que vous nous avez confiée, nous croyons devoir vous entretenir successivement de la situation de la citadelle de Blaye, de l'habitation occupée par madame la duchesse de Berri, des lieux dans lesquels elle se promène, des aliments dont elle fait usage, et des soins dont elle est l'objet.

La citadelle de Blaye, située à 11 lieues N. de Bordeaux, est placée entre la ville de Blaye qu'elle domine, et dont elle n'est en quelque sorte que le prolongement, et la rive droite de la Gironde; la hauteur est fort considérable, et son étendue assez grande pour qu'il soit impossible de la parcourir en moins de 20 à 25 minutes. L'air qu'on y respire est pur: et quoiqu'assez vif sur les remparts, sa température n'est pas très basse dans les autres points. Ainsi, le 25 et le 26 du mois dernier, pendant notre séjour, le thermomètre marquait à peine 0 dans les environs de l'habitation de madame la duchesse de Berri, tandis qu'il était au-dessous de ce degré à Paris. L'atmosphère était calme et sans nuage, même sur les remparts. Toutefois, nous avons appris qu'assez fréquemment il y régnait à certaines heures de la journée des vents et des brouillards, notamment sur les parties les plus élevées et les plus voisines de la Gironde; aussi avons-nous cru devoir conseiller à madame la duchesse de Berri de ne se promener dans ces parties de la citadelle que vers le milieu du jour, et de choisir de préférence les allées abritées. Au reste, malgré les inconvénients que nous signalons, il est impossible d'élever le moindre doute sur la salubrité de la forteresse de Blaye. La garnison qui se compose d'environ 700 hommes ne compte en ce moment que 22 malades, et encore plusieurs d'entre eux sont-ils atteints de scrofules et d'autres affections chroniques, d'abcès, etc., maladies sur la production desquelles le séjour de la citadelle ne peut avoir exercé aucune influence. Sans doute les personnes d'une faible constitution, celles qui sont disposées à contracter des catharres pulmonaires ou d'autres affections enflammatoires, et celles qui sont habituellement souffrantes, devront éviter, comme elles le feraient partout ailleurs, de sortir, et surtout de parcourir les remparts pendant que le temps est mauvais, à moins d'être parfaitement couvertes.

L'habitation occupée par madame la duchesse de Berri, située dans l'ancienne ville de Blaye, est à une distance notable du fleuve et dans un point de la citadelle bien au-dessous des remparts, quoique déjà assez élevé au-dessus du sol. Le corps de logis et les deux ailes dont elle se compose offrent un rez-de-chaussée et un étage; celui-ci sert de logeiment à la princesse et à deux des personnes qui lui sont attachées; les pièces qui en font partie, sans être vastes ni très-nombreuses, sont assez spacieuses et suffisamment aérées, pour qu'il n'y ait aucun inconvénient à les habiter, d'autant plus qu'elles ne sont pas humides. Convenablement meublées, elles nous ont paru disposées de manière à ce que les habitants puissent être parfaitement garantis de toutes les vicissitudes atmosphériques. Un jardin planté d'arbres fruitiers, coupé par des plates

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