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détruire plutôt que de nous laisser exposer à l'impatience du terrible Zucchi et aux menaces de Radetzky et de Gioberti

<< Rome comme Scevola a étendu son bras sur le brasier ardent et a fait un serment. Les trois cents amis de Scevola mirent Porsenna en fuite... L'histoire romaine n'est pas encore à sa fin.

« H. CERNUSCHI, VINCENT CATTABENI, VINCENT CALDESI. »

La première partie de cette proclamation, aussi mensongère que la seconde est présomptueuse, était l'œuvre d'un artifice calculé. Aucun monument n'avait été atteint. Le général en chef avait poussé le respect des édifices historiques de Rome jusqu'à neutraliser l'action de ses obusiers. Le but de ces calomnies est évident. Les révolutionnaires romains voulaient paralyser l'indignation de l'Europe en représentant l'armée française comme une bande de Vandales.

Sur ces entrefaites, une escadre espagnole composée des frégates le Cortes et la Ville de Bilbao, des bateaux à vapeur de guerre le Léon et le Vulcain, et d'un autre petit bateau la Bidassoa, sous les ordres du vice-amiral Bustillos, était arrivée (le 29 avril) devant Terracine. Le chef de l'expédition s'étant aperçu que le drapeau tricolore italien flottait sur un des forts qui défend la ville et bat

sur la mer, fit aussitôt ranger ses bâtiments en ligne de bataille. Il allait ouvrir son feu, lorsque le drapeau fut amené et remplacé, en signe de paix, par un pavillon blanc. Alors un aide-de-camp du général et un lieutenant de vaisseau, nommé don J. Capete, se rendirent à terre pour déclarer aux habitants que le but de l'expédition n'était autre que celui de contribuer au rétablissement du Saint Père dans la plénitude de ses droits et de son autorité souveraine, que, pour obtenir ce résultat, le gouvernement espagnol n'épargnerait aucun effort; ils ajoutèrent que les gens de bien pouvaient compter sur une protection efficace, et que, dans tous les cas, les personnes ainsi que les propriétés inoffensives, seraient respectées.

Ces paroles fermes, relativement à la question de la papauté, furent généralement bien accueillies; le drapeau de Pie IX remplaçant celui de l'Italie révolutionnaire, fut immédiatement arboré sans opposition.

Alors les troupes effectuèrent leur débarquement, s'emparèrent des forts au nom du pouvoir légitime et détruisirent une mine que les révoltés avaient pratiquée près de la tour Grégorienne, sur le che min par où les troupes napolitaines devaient passer.

Le général Cordova, commandant en chef de l'expédition espagnole, avait quitté Madrid pour venir rejoindre, à la tête de quatre mille hommes,

cette première division. Le même jour, l'armée napolitaine, sous les ordres immédiats de Ferdinand II, le roi des Deux-Siciles pénétrait dans les États romains.

L'annonce de cette nouvelle fournit aux triumvirs l'occasion de vomir le fiel de leur rage impuissante, contre un monarque bien digne des honneurs de leur exécration, si l'on considère que, seul, sans secours étranger, sans autres ressources que les siennes propres, le roi des Deux-Siciles avait vaincu la révolte sicilienne, triomphé de la révolution dans sa capitale, et acquis des titres éternels à la reconnaissance du monde catholique. Les triumvirs s'empressèrent de lancer une proclamation terminant par ces mots : « Nous avons vaincu nos premiers assaillants, nous serons vainqueurs des seconds. >>

En apprenant la marche des troupes napolitaines, un des triumvirs s'était écrié en plein conseil : « Nous avons plumé et mangé le coq, nous rótirons et mangerons le macaroni. » Cette plaisanterie sauvage avait soulevé une triple salve d'applaudissements.

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De Maglianella, le général Oudinot avait transporté son quartier général au village de Palo; la première brigade, campée à Palidoro, occupait une série de crêtes faciles à défendre en cas d'attaque. Quatre-vingts chevaux du 1er chasseurs et

le 66° de ligne, débarqués après le 30 avril à CivitaVecchia, vinrent renforcer la deuxième brigade. Déjà le commandant en chef, jugeant qu'il était de la plus haute importance d'avoir à l'embouchure du Tibre un point qui permît d'intercepter les approvisionnements de Rome et servît ceux de son armée, avait résolu de s'emparer du port de Fiumicino, situé sur la rive droite d'un des bras du Tibre. Il confia cette mission au capitaine d'état-major Castelnau. Cet officier se met aussitôt en devoir de la remplir. Parti de Palo, le 5 mai, à la tête de trois compagnies d'infanterie et de vingtcinq chasseurs à cheval, il arrive en huit heures de marche à Fiumicino, qu'il trouve évacué depuis le matin par la garnison romaine. Le capitaine Castelnau s'y établit aussitôt militairement en qualité de commandant supérieur. Le général en chef porte à un bataillon la force qu'il croit nécessaire pour garder l'embouchure du Tibre et étendre l'occupation jusqu'à Ostie. Il y établit en même temps un dépôt général d'approvisionnements qui parvenaient sans difficultés à l'armée soit par le fleuve, soit par les deux routes qui lui sont parallèles. Plus tard, lorsqu'on voudra jeter un pont sur le Tibre à la hauteur de Saint-Paul, c'est à Fiumicino que seront réunis les bateaux et les matériaux nécessaires pour sa construction. C'est par le Tibre que sont évacués sur la Corse et

sur Civita-Vecchia les malades et les blessés, c'est encore par Fiumicino qu'ont lieu les correspondances diplomatiques du général en chef avec l'ambassade de France à Gaëte.

Pendant ce temps, de nouveaux renforts venus de France avaient rallié l'armée; un escadron du 1er chasseurs, le 16° régiment d'infanterie légère, la brigade du général Chadeysson et six pièces de siége permettant de reprendre les hostilités avec avantage, le commandant en chef réunit en conseil les chefs de l'artillerie et du génie pour arrêter le plan d'attaque. Après de sérieuses études, la por.. tion de l'enceinte à proximité du fleuve, située sur la rive droite, fut choisie pour le centre des mouvements. Cette position avait le double avantage d'épargner les monuments de la ville et de relier l'armée à sa double base d'opérations: Palo et Civita Vecchia. Ce projet étant arrêté, la brigade Mollière marche sur Castel-Guido, où bientôt après le commandant en chef transporte son quartier général. Aussitôt les première et deuxième brigades reçoivent l'ordre d'occuper les hauteurs de Maglianella et de la Lungaretta; le 20 de ligne prend ses positions à Ponte - Galera, reliant la Via-Aurelia par une route praticable pour l'artillerie. Prévenus de ces dispositions, les agents diplomatiques français restés à Rome s'en émurent; effrayés des conséquences que pourrait entraîner

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