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CHAPITRE XXIII.

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Suspension des hostilités.→ Retraite volontaire de l'armée Napoli, taine. Combat de Velletri.- Incendie des confessionnaux.-Restauration du duc de Parme.-Prise de Bologne. - Fanfaronnade républicaine. Visites domiciliaires. Meurtre du curé de la Minerve.-Assassinats de Sainte-Calixte. Attitude de l'armée expéditionnaire. Des renforts arrivent aux Romains. —Projet d'accommodement.-Continuation des négociations. Conseil de guerre.Lettres pressantes du général en chef à M. de Lesseps. — Curieuse dépêche. - Patriotisme du général Oudinot. - Ultimatum.-Contreprojet. Conflit militaire et diplomatique.-Scène solennelle.

La suspension des hostilités procurait quelques jours de répit aux Romains et leur assurait la neutralité momentanée de l'armée française.

Le triumvirat n'ignorait point la première partie du contenu de cette dépêche télégraphique, en date du 10, qui par ordre du gouvernement français, lui avait été communiquée.

« Général,

<< Faites dire aux Romains que nous ne voulons pas nous joindre contre eux aux Napolitains.

« Poursuivez vos négociations.
«Laissez vos déclarations se répandre.

« On vous envoie des renforts.

<< Attendez-les : tâchez d'entrer à Rome d'accord avec les habitants. Si vous êtes contraint d'attaquer Rome, que ce soit avec la chance de succès la plus positive. »

Dès son arrivée à Rome, M. de Lesseps s'était empressé de faire placarder cette dépêche sur tous les murs de la ville.

La nouvelle attitude du gouvernement français, la convention Lesseps, arrêtée en dehors de l'armée napolitaine et paralysant les sympathies du général Oudinot, résolu cependant à ne faire aucun mouvement rétrograde, changèrent aussitôt les dispositions militaires du roi des Deux-Siciles. Dans la prévision des événements qui, d'un moment à l'autre, pouvaient surgir à Paris et révolutionner davantage encore la politique de la république française, cet auguste monarque rappelé d'une part à Gaëte par des lettres pressantes du souverain pontife, et craignant d'un autre côtẻ l'action combinée de la France et de Rome, se décida à rentrer dans ses États. En conséquence, le 17 mai, l'armée napolitaine reçut l'ordre de quitter les positions qu'elle occupait à Albano. Elle abandonna cette ville à deux heures pour se porter sur Ariccia où le roi, marchant à l'arrière-garde,

la rejoignit dans la soirée. A deux heures du matin, l'armée, après avoir pourvu à l'évacuation des magasins, continua son mouvement sur Velletri.

Elle commençait à s'y établir lorsqu'elle apprit par ses éclaireurs qu'un corps de dix mille Romains arrivait à Palestrine et continuait à marche forcée son mouvement sur Velletri.

La cavalerie, les équipages et presque toute l'artillerie sortirent de la ville et bivouaquèrent à la porte de Naples.

Le 19, au matin, tout était paisible dans la ville et le roi donnait les derniers ordres pour continuer le mouvement de ses troupes lorsque des hauteurs où le palais du délégué se trouve situé, on aperçut un gros de cavalerie se diriger par la route de Valmontone sur Velletri. C'était l'avantgarde des bandes de Garibaldi. Peu de temps après, les troupes romaines commandées par le général Roselli prenaient position à travers les arbres de ces fertiles campagnes. Le roi, avec le calme dont il a fait preuve dans toutes les circonstances difficiles de son règne, prit aussitôt ses dispositions pour arrêter l'ennemi et manoeuvrer de manière à ne pas être coupé dans son mouvement de retraite.

Velletri, célèbre par la victoire de Charles III de Bourbon, est située sur le sommet d'une montagne où conduisent des rampes ornées de vignes et

oliviers, La base de cette montagne est coupée par trois routes reliant trois magnifiques vallées, au mont Artemisio. Vis-à-vis de la porte romaine s'élève la colline des Capucins, au pied de laquelle partent deux routes, l'une desservant Walmontone, l'autre conduisant à Gensano et Ariccia. La tradition militaire et la nature topographique du terrain font de cette colline la clef de Velletri; c'est là que l'armée napolitaine prit ses positions. D'après les ordres du roi, le maréchal de camp Casella, qui se trouvait à l'avant-garde, détacha un escadron de dragons pour aller reconnaître l'ennemi, en même temps il disposa sur les hauteurs un cordon des chasseurs de la garde. Un bataillon d'infanterie et un détachement de chasseurs à cheval, commandé par le lieutenant Oscar Muzzitelli, jeune officier de grande espérance, se disposant en bon ordre sur les bords de la route et dans les vignés voisines, engagèrent le combat avec les troupes romaines, qui l'acceptèrent. Dans ce moment, le major Colonna, à la tête des chasseurs à cheval, chargeant à fond la cavalerie ennemie commandée par Garibaldi lui-même, la força de se replier en désordre. Cet officier était sur le point de s'emparer du célèbre aventurier lorsque son cheval fut tué sous lui d'un coup de lance. Pendant ce temps, un obusier de montagne arrivait sur le terrain, et ses coups habilement dirigés

par le lieutenant Gorgoni, aide de camp du ministre de la guerre, permettaient au second bataillon des chasseurs de ligne et à la moitié d'un bataillon du troisième régiment de la garde de se déployer devant l'ennemi,

Pendant que plusieurs officiers napolitains, entre autres les lieutenants Muzzitelli et Gorgoni, tombaient mortellement frappés dans cette première attaque, le roi, des hauteurs du palais du délégué, suivait attentivement les mouvements de l'armée ennemie. Il comprit par la marche de l'avant-garde romaine et par les mouvements de son centre, que son intention était de prolonger sa gauche pour dominer la route de Cisterne et couper les lignes des troupes napolitaines. Il avait à ses côtés outre son état-major, le comte d'Aquila, le comte de Trapani et l'infant d'Espagne don Sébastien; il descendit rapidement avec eux la montagne et il se rendit sur le terrain de l'attaque à la Porte-Romaine. Il y fut accueilli par les cris de; vive le roi! Alors tandis que par ses ordres la cavalerie et quelques pièces de canon défilent vers la plaine afin d'arrêter l'ennemi qui cherchait à tourner ses positions, il place en batterie à la Porte-Romaine deux obusiers de montagne, à sa droite trois pièces de 6, et sur l'esplanade un obusier de campagne. La montée des Capucins et toutes les hauteurs voisines sont couronnées par une artillerie formidable et protégées

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