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par trois escadrons rangés en bataille au bas de la montagne. Le feu s'engage sur toute la ligne; les bandes garibaldiennes, quoique foudroyées dans les vignes qu'elles occupent, soutiennent bravement les décharges qui les déciment; le roi, confiant aufministre de la guerre, le prince d'Ischitella, la défense de la Porte-Romaine, se porte rapide ment à la maison Lancellotti, il y place en batterie deux obusiers de montagne pour répondre au feu des pièces ennemies. Les carabiniers et le 8° bataillon des chasseurs de ligne protégent cette posi tion, Ferdinand II suivi des princes ses augustes frères est partout, il anime par sa présence les troupes fidèles et dévouées qui continuent à combattre vaillamment.

Ce combat, acharné de part et d'autre, durait depuis huit heures; le feu des Romains commençait à s'éteindre, leurs cris de: Vive la république ! écrasés par ceux de: Vive le roi! s'en allaient s'affaiblissant, lorsque, vers le soir, une nouvelle colonne composée de quatre mille hommes accourut au secours de Garibaldi; elle fut accueillie et repoussée par la mitraille des pièces qui battaient la route de Gensano.

L'honneur de cette journée, revendiquée par les deux armées, appartient tout entier à celle du roi de Naples. Le bulletin (1) que le général romain

(1) Voyez les documents historiques. N. 7.

adressa, du champ de bataille même, à la constituante romaine le prouverait, malgré l'habileté de sa rédaction, si les faits ne venaient à l'appui de notre appréciation. L'attaque a été non-seulement repoussée, mais les troupes romaines n'ont pu, au prix de grandes pertes en morts et en blessés, entraver un seul instant le mouvement de retraite des troupes napolitaines. Leur entrée, opérée le lendemain dans une ville non défendue, prouve uniquement l'impuissance à poursuivre leur premier projet, celui d'empêcher le roi des Deux-Siciles de repasser la frontière de ses États. La retraite des Napolitains ressemblait si peu à une défaite que, la nuit même du combat que nous venons de décrire, le roi Ferdinand II passa la revue de ses troupes, et prit la route de Terraeine, enseignes déployées et musique en tête. Ainsi que les jours précédents, il marchait à l'arrière-garde, et ses dispositions étaient prises pour repousser vigoureusement l'ennemi s'il osait se présenter.

Les chefs de la république romaine se vengèrent des fâcheux résultats de leur expédition contre Velletri, en ordonnant, quelques jours après, par un décret officiel, le séquestre des propriétés que le roi des Deux-Siciles possédait à Rome. En attendant, le ministre de la guerre, Avezzana, lança une emphatique proclamation, pour ap

prendre en ces termes aux Romains, le prétendu triomphe de leurs armes :

<< Citoyens,

<< Soit que vous veillez du haut des tours à la défense de la ville, soit que vous alliez sur les champs de bataille, vous êtes invincibles. Vous avez avec vous Dieu et votre droit.

<< La république romaine sera bientôt italienne. C'est la cause de l'Italie qui se défend à Rome; ici, versent leur sang, des hommes venus de tous les points de l'Italie. La religion de l'unité italienne, de la république italienne, reçoit la consécration du sang, dans les plaines témoins de vos victoires. etc., etc. >>

Les révolutionnaires de Rome signalèrent leur courage par un exploit plus facile. A la voix de Ciceruacchio et de quelques meneurs, ils se ruent dans les églises, ils enlèvent les confessionnaux et les transportent sur la Place du Peuple; là, plusieurs d'entre eux, parodiant le sacrement de la pénitence, posent en confesseurs derrière les grilles des pieux tribunaux, et convient la multitude à déposer dans leur sein l'aveu des fautes que, seuls, les ministres de Dieu ont le droit d'entendre et d'absoudre. Cette scène impie se prolonge fort avant dans la soirée, malgré le dégoût général qu'elle inspire.

Quelques jours auparavant, les mêmes hommes

avaient incendié, sur la même place, les voitures armoriées des cardinaux.

Hâtons-nous de le dire, pour rendre justice à qui le mérite, les volontaires lombards protestèrent hautement, et les premiers, contre ces saturnales, en flagrante opposition avec les sentiments religieux qui semblaient présider à tous les actes des chefs républicains.

Pendant que les invincibles brûlaient des voitures et des confessionnaux, le duc de Parme, Charles III de Bourbon, rentrait dans sa capitale, au milieu des plus vives acclamations de joie, et Bologne tombait au pouvoir des Autrichiens, après avoir déployé toutes les ressources du courage et du désep oir.

Ce nouveau coup porté à la révolution italienne fournit aux triumvirs romains un nouveau sujet de fanfaronnade.

« Peuples de la république, s'écrient-ils dans une virulente proclamation, l'Autrichien s'avance. ologne est tombée en son pouvoir après huit sublimes journées de combat et de sacrifice, tombée comme d'autres triomphent; que son dernier cri soit pour nous un cri de guerre et de vengeance.

« Vous avez, par votre adhésion à notre programme envoyé au commencement des jours de péril, donné à l'Europe un beau et solennel témoignage d'union et de vertu.

Aujourd'hui nous réclamons de vous un autre témoignage; celui des faits.

Vive Dieu! aucune puissance humaine ne pourra nous frustrer de la victoire. Trois millions d'hommes sont tout-puissants quand ils disent: Nous voulons.

Italiens, fils de Rome, nous touchons à une heure solennelle, préparée depuis de siècles, à l'un de ces moments historiques qui décident de la vie ou de la mort d'un peuple

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Soyez grands!.... Décrétez la victoire

Il faut que les préfets et les commissions extraordinaires organisent l'insurrection; qu'ils forment une ligue entre provinces et provinces, qu'ils prennent leurs inspirations de Rome. Il faut aux périls extrêmes des pouvoirs exceptionnels, des remèdes extrêmes.... Que le chef qui cède, qui se retire, avant d'avoir combattu, qui capitule, qui temporise soit déclaré coupable. Que le pays qui accueillerait l'ennemi sans lui opposer de résistance, soit politiquement effacé du nombre des pays composant la république. Qui ne combat pas d'une manière ou d'une autre l'envahisseur étranger, soit couvert d'infamie. Qui, ne fût-ce que pour un seul instant, trahira son parti, perde à tout jamais son titre de citoyen et la vie. Qu'il soit punicelui qui abandonnerait aux ennemis un matériel de guerre; puni celui qui ne s'applique pas à leur arracher et vivres,

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