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Transtévère, est moins étendue, mais l'enceinte bastionnée, construite en 1643 sous Urbain VIII, la rend plus importante au point de vue militaire. Cette fortification embrasse, sur les trois cinquièmes de son étendue totale, la crête du mont Janicule, à trois cent vingt-deux pieds au-dessus du niveau de la mer, et cent quarante-neuf au-dessus de celui du Capitole. Le développement général de l'enceinte mesure seize milles italiens. A l'est, Romé n'est dominée extérieurement par aucune élévation; mais à l'ouest, un système de collines enchaînées les unes aux autres serpente dans un rayon de quinze milles environ sur la rive droite du Tibre. Ce sont les coteaux de Santa-Passera, le Vatican, le Janicule, le Monte-Verde et le MonteMario. Cette dernière colline domine, à la partie nord-ouest, le fort Saint-Ange, le Ponte-Molle et les deux routes qui, sur la rive droite et sur la rive gauche du fleuve, conduisent l'une à la porte Angelica, l'autre à la porte du Peuple. En dehors de l'enceinte d'Urbain VIII, en regard de la porte SaintPancrace, et à une distance de quatre cent quatrevingt-dix mètres, s'élève sur un plateau la villa Corsini, connue sous le nom de Casino des quatre vents. Le général Oudinot jeta les yeux sur la position importante qu'elle occupe, pour en faire le pivot de ses opérations.

L'art militaire enseigne qu'une place doit être

attaquée par le front le plus saillant : cette partie étant moins bien flanquée que les autres, présente à l'action des assiégeants une moindre concentration de feux. C'est en raison de ce principe que le général Oudinot, d'accord avec les généraux Vaillant et Thiry, résolut de se rendre maître du Janicule, afin de pouvoir diriger les batteries de brêche sur le front le plus saillant des remparts. L'armée française occupait les hauteurs qui, sur la rive droite du Tibre, dominent la partie ouest de Rome. Elle s'étendait du nord au sud jusqu'à la plaine située sur la rive gauche de ce fleuve, du Monte-Mario à la basilique de Saint-Paul. Dans cet ordre demicirculaire, ayant son front d'opérations opposé au point objectif et ses lignes d'attaque dirigées concentriquement, elle se trouvait disposée de la manière suivante: le centre, la réserve et les accessoires à Monte-Verde; la droite à Saint-Paul, et la gauche à Monte-Mario. Le grand parc d'artillerie campait à Santa-Passera, celui du génie à la villa Santucci d'abord, et ensuite à Merluzetta. Le gros de l'armée, les ambulances, les dépôts et les fours occupaient la villa Santucci. La position élevée de ce point choisi pour recevoir le quartier général, permettait au commandant en chef de communiquer rapidement avec les deux ailes de l'armée, et de diriger ses opérations. Les troupes françaises formaient alors un effectif d'environ vingt-trois mille

hommes. Les troupes romaines, supérieurement pourvues de munitions et d'une nombreuse artillerie, pouvaient mettre en ligne environ vingthuit mille combattants résolus et parfaitement armés. L'on doit joindre à ce nombre cinq ou six mille gardes civiques sur le concours desquels la défense d'ailleurs ne pouvait guère compter. Cette armée occupait l'intérieur de la ville que les républicains avaient munie de parapets, de barricas des, de batteries et de divers travaux de tranchées, surtout sur les points qui se prêtaient le plus à l'attaque, tels que les portes du Peuple et de Saint

Pancrace.

Dans la soirée du 2 juin le général Oudinot donne ses derniers ordres pour reprendre les hostilités, et quoique les autorités romaines n'aient point accordé à nos nationaux la possibilité de quitter la ville, il prend les mesures nécessaires pour que la place proprement dite soit à l'abri de toute atteinte. Le 3 juin à la pointe du jour deux colonnes, commandées l'une par le général dé brigade Mollière, l'autre par le général de brigade Levaillant (Jean), se portent par des points différents sur la villa Pamfili. Ces deux brigades sont commandées par le général Regnault Saint-Jeand'Angely. Le 33° de ligne est envoyé en reconnaissance avec deux compagnies de chasseurs à pied et une compagnie du génie. Ces troupes arrivent

sous les murs de la villa où les Romains s'étaient retranchés d'uue manière formidable. Quelques coups de fusil se font entendre, et bientôt après une vive fusillade, appuyée par des feux d'artillerie, s'engagea sur cette première ligne extérieure. Les tirailleurs lombards dn colonel Melara s'élancent avec intrépidité sur nos soldats; ceux-ci les attendent de sang-froid à la baïonnette. La lutte est acharnée; de part et d'autre elle offre un caractère sanglant et majestueux. Malgré la résistance imprévue qu'il rencontre le général Levaillant continué son mouvement avec les 16o et 25° légers, appuyés par le 66o de ligne; il parvient à forcer une des principales entrées, et se porte vivement à l'attaque de la villa. Les Romains reculent; deux cent treize prisonniers dont dix-neuf officiers, trois drapeaux et vingt mille cartouches tombent au pouvoir de nos soldats. De son côté la colonne Mollière s'ouvre un passage en faisant sauter à la mine un pan de mur d'enceinte, elle arrive à son tour pour avoir bientôt sa part de combat et de

victoire.

Maîtres de la villa Pamfili, les Français se jettent résolument sur le casino des Quatre-Vents, situé à cheval sur cette ligne et vis-à-vis de la porte SaintPancrace; l'ennemi y était retranché d'une manière formidable; Garibaldi lui-même, à la tête de quatre mille combattants, en défendait les abords. Malgré

une résistance acharnée, le casino est enlevé de vive force. L'occupation de ce point important rendait inévitable celle de l'église de Saint-Pancrace. Nos troupes reçoivent l'ordre de l'enlever, elles s'en rendent maîtresses après deux heures de combat. La Villa Valentini et une grande ferme qui l'avoisine, toutes deux énergiquement défendues, tombent également au pouvoir de nos armes; cependant l'on combat toujours, le canon gronde sans interruption; les Lombards, bien commandés et dignes par leur courage de se trouver face à face avec les Français, disputent pied à pied le terrain arrosé de sang qu'on lui enlève à la baïonnette; repoussés sur un point, ils reculent, se rallient sur un autre, et reviennent à la charge pour échouer de nouveau devant l'énergie de nos bataillons.

Il est sept heures du soir, et depuis le matin les colonnes romaines, soutenues par le feu nourri des remparts, font de prodigieux efforts pour reprendre et conserver des positions dont elles comprennent l'importance. Les murs des Quatre-Vents pris et repris jusqu'à trois fois sont percés à jour. Enfin, la victoire, si longtemps disputée, se range définitivement sous le drapeau de la France.

D'un autre côté, la brigade Sauvan, établie depuis quelques jours à Monte-Mario, avait reçu l'ordre de s'emparer du Ponte-Molle dont une ar

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