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dinal Altieri, ancien nonce apostolique à Vienne, avait eu une conférence grave avec le comte de Rayneval. Leurs Eminences et le diplomate avaient reconnu en principe, que le plus sûr moyen de succès se trouverait dans la bonne intelligence des rapports entre les autorités pontificales et le général en chef, représentant l'autorité militaire. Pour faciliter leurs rapports immédiats et journaliers avec le général Oudinot, les cardinaux avaient résolu de s'établir au Quirinal. Enfin, les premiers actes de cette nouvelle administration avaient été arrêtés sur les bases suivantes :

1° Mesures générales telles que le rappel des anciens employés pontificaux;

2° Abolition des lois républicaines;

3° Mesures financières telles que la suppression en partie des assignats républicains.

Par une lettre particulière, le comte de Rayneval déclarait au général en chef, que l'admi nistration des États romains appartenait toute entière au Saint Père ou à ses représentants, cependant il recommandait d'empêcher à tout prix les arrestations arbitraires pour les délits politiques; cette détermination était facile, puisque le cardinal della Genga avait dit : « Je suis bien décidé à ne pas regarder en arrière et à jeter autant que possible un voile sur le passé. » Ce diplomate reconnaissait également que l'état de

siége devait être maintenu dans sa rigueur primitive. Toutefois. et sauf des cas extraordinaires, les carabiniers romains devaient seuls être chargés de faire les arrestations criminelles.

C'est dans ces dispositions arrêtées d'un commun accord que les trois cardinaux arrivèrent à Rome le 31 juillet, à dix heures du soir. Ils établirent aussitôt leur résidence au Quirinal dans les appartements du cardinal secrétaire-d'État, et la proclamation suivante fut immédiatement affichée sur tous les murs de la ville.

« La Providence divine a soustrait à l'action déchaînée des plus aveugles et des plus noires passions, par le bras invincible et glorieux des armées catholiques, les peuples de tout l'État pontifical, et d'une manière spéciale le peuple de la cité de Rome, siége et centre de notre religion très-sainte. C'est pourquoi, fidèle à la promesse faite dans son vénéré motu proprio, donné à Gaëte le 17 du mois dernier, le Saint Père nous envoie maintenant parmi vous, avec pleins pouvoirs pour réparer, de la manière la plus convenable et aussi promptement que possible, les graves dommages occasionnés par l'anarchie et le despotisme d'un petit nombre d'hommes.

<< Notre première sollicitude sera d'imposer à tous le respect de la religion et de la morale, base et fondement de toute communauté sociale; d'assu

rer pour tous indistinctement le cours plein et régulier de la justice; de rétablir dans son assiette l'administration de la chose publique, et de réparer tous les ravages qu'ont exercés des révolutionnaires sans pudeur et sans nom.

<< Pour obtenir ces résultats si importants, nous nous aiderons des conseils de personnes distinguées par leur intelligence, par leur zèle non moins que par la confiance générale qu'elles inspirent et qui contribue si puissamment à la bonne issue des affaires.

« L'ordre régulier des choses exige qu'à la tête des divers ministères soient placés des hommes intègres et versés dans la partie à laquelle ils devront consacrer tous leurs soins et tous leurs efforts; c'est pourquoi nous nommerons au plus tôt ceux qui présideront aux affaires intérieures et de police, aux affaires de la justice, des finances et de la guerre, ainsi qu'aux travaux publics et au commerce. Les affaires extérieures demeurant aux mains de Son Éminentissime cardinal, pro-secrétaire d'État, qui durant son absence aura, à Rome, un substitut pour les affaires ordinaires.

« Puisse dans tous les rangs et dans toutes les conditions la confiance renaître selon nos désirs, pendant que le Saint Père, animé des sentiments de la plus véritable bonté, s'occupe de pourvoir à tout par des améliorations, par des institutions

qui soient compatibles avec sa dignité, avec le pouvoir si élevé de souverain pontife, avec la nature même de cet État, dont la conservation importe à tout le monde catholique, et avec les besoins réels de ses bien-aimés sujets.

« Rome, de notre résidence du palais du Quirinal, le 1er août 1849.

« G. cardinal DELLA-GENGA, Sarmattei.

-

L. cardinal VANNICELLI, Casoni.-L. cardinal ALTIERI. »

En même temps, le général Oudinot adressait une circulaire aux commissaires généraux de l'intérieur, des finances, de grâce et justice et des travaux publics. Après les avoir remerciés du concours efficace qu'ils lui avaient prêté dès les premiers jours de son entrée dans Rome, il leur annonçait que, par suite de l'arrivée d'une commission gouvernementale, il remettait aux trois cardinaux délégués par le souverain Pontife, les pouvoirs que les événements de la guerre avaient provisoirement concentrés dans ses mains.

Le lendemain même de leur arrivée, les trois cardinaux, munis des pleins pouvoirs du souverain Pontife, se mirent à l'œuvre. La situation était difficile, toutes les lois, toutes les institutions avaient disparu dans la tourmente révolutionnaire. L'interrègne républicain avait tout bouleversé, plus rien n'était debout, tout se trouvait

donc à refaire. Les délégués pontificaux abordèrent résolument la question et publièrent, dès le 2 août, plusieurs édits importants.

Afin de pourvoir momentanément au cours régulier de la justice civile, criminelle et administrative, ils annulaient toutes les lois et toutes les dispositions rendues depuis la fatale journée du 16 novembre 1848. En conséquence, ils brisaient les tribunaux de source républicaine et rétablissaient ceux qui existaient avant le départ de Pie IX. Ainsi, ils rappelaient dans l'exercice de leurs charges primitives tous les fonctionnaires renvoyés pour ne pas avoir adhéré au gouvernement illégitime. En outre, ils instituaient un conseil de censure pour faire une enquête sur la conduite et les qualités de tous les employés des États romains.

La nullité des lois et des actes du pouvoir républicain devait nécessairement emporter celle du papier-monnaie que ce pouvoir avait créé. Cependant, pour concilier les intérêts d'un grand nombre de familles que l'exécution de ce décret aurait ruinées, avec la situation critique du trésor, la commission arrêta les mesures suivantes :

« Art 1. Demeurent confirmés et par conséquent continueront à avoir cours forcé tous les bons du trésor, jusqu'à la série-lettre O inclusivement, dont Sa Sainteté avait autorisé l'émission.

«< Art. 2. Sont ensuite reconnus et garantis tous

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