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catégorie de personnes. A mesure qu'on s'élève, mon cher général, il faut s'attendre aux rivalités et aux jalousies; on n'a du mérite qu'à cette condition. C'est ce sentiment de noble indignation qu'exprimait si bien le général Bonaparte lorsqu'en nous quittant en Égypte, il écrivait dans ses instructions à son successeur, le général Kléber, cette phrase que j'ai eu occasion quelquefois de rappeler : « Accoutumé à ne voir que dans l'opinion de la postérité la récompense des peines et des travaux de la vie, je quitte l'Égypte à regret, etc., etc. ».

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Nous n'ajouterons rien à des documents historiques qui feront l'éternel honneur de celui qui les a reçus.

CHAPITRE XXIX.

Le général Rostolan prend le commandement de l'armée. — Le gouvernement français le prie de retirer sa démission.- Le pape à Portici. -Belle conduite des troupes françaises.—Faits divers.-Motu proprio du 19 septembre. -Question romaine. Orages parlementaires. Triomphe de l'éloquence.- Effet produit à Portici par le vote du 13 octobre. - Le général Baraguay-d'Hilliers commandant en chef de l'armée expéditionnaire.-Départ du général Rostolan.- Premiers actes du nouveau général en chef.-Exécutions militaires. -La vérité sur les dégâts du siége. Récompenses.

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Immédiatement après le départ du duc de Reggio, le général Rostolan prit le commandement en chef de l'armée française. Il lui revenait par son ancienneté et par ses éminents services. Son premier acte fut d'adresser aux Romains la proclamation suivante :

<< Habitants de Rome,

<< Il y a deux mois, votre cité languissait sous la double oppression de la terreur et de l'anarchie. « Les troupes françaises sont entrées dans Rome; elles n'ont vu en vous que des amis; l'ordre et la

tranquillité ont été rétablis et bientôt le drapeau du souverain Pontife a flotté sur les murs de la capitale, salué par vos cris d'enthousiasme, gages d'un meilleur avenir.

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Depuis ce temps, l'armée de la France n'a pas cessé de donner l'exemple de la modération, de la justice et de la générosité.

« Cette conduite de nos soldats sera pour vous l'expression la moins équivoque des sentiments et des sympathies de la France pour le souverain Pontife et pour le peuple des États romains.

Appelé aujourd'hui au commandement en chef de l'armée, je me glorifie d'avoir à continuer la noble tâche si bien commencée par elle.

« Pendant la durée de mes fonctions comme gouverneur de Rome, j'ai pu apprécier l'amour que vous portez à votre souverain, le respect que vous avez pour ses vertus; j'ai pu connaître vos désirs, vos espérances. Mes efforts tendront sans cesse à la réalisation de vos vœux. Mon plus beau titre de gloire sera d'avoir été choisi pour poursuivre l'œuvre de bienveillance que le gouvernement français a entreprise pour votre bonheur et votre prospérité. »

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Quelques jours après le général reçut une lettre du président du conseil par laquelle M. OdilonBarrot refusait d'accepter sa démission et l'engageait en même temps à publier la lettre du prési

dent apportée par M. Edgar Ney. Le commandant en chef répondit aussitôt au ministre que les motifs qui l'avaient obligé de se démettre du commandement existant toujours, il persistait à démander son rappel. Puis abordant loyalement, en soldat qui n'a jamais transigé avec l'accomplissement d'un devoir, la question politique, il déclara qu'il ne s'associerait jamais à un acte qui, outre l'inconvénient d'être injuste, aurait le danger de mettre le feu aux quatre coins de l'Europe. A son point de vue, la guerre générale se trouvait dans la publication officielle de la lettre du 18 août, et la guerre générale ne pouvant qu'être fatale aux idées d'ordre qui commençaient à reprendre leur empire, il aimait trop son pays pour le jeter dans une voie aventureuse.

Le commandant en chef avait raison. Du jour où le programme du président de la république française, perdant son caractère privé, aurait voulu dominer la question romaine, il se serait traduit inévitablement par une guerre terrible. Le départ de Rome de la commission gouvernementale en eût été la conséquence immédiate; la noble et courageuse persistance du général Rostolan donnant à de meilleures réflexions le temps de prévaloir a préservé la France et l'Europe d'événements dont la portée est incalculable: l'histoire lui en tiendra compte.

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Des officiers de l'armée expéditionnaire informés de la résolution définitive de leur commandant en chef se rendirent en grand nombre auprès de lui pour le prier de ne point donner sa démission. Le général, touché de leur démarche, répondit qu'il n'avait jamais fait de concessión à un sentiment d'honneur et il considérait son honneur comme engagé dans cette question. « Je n'ai qu'une conscience, messieurs, leur dit-il, je la garde. Si j'en avais deux nous verrions. Il faut que cette conscience parle bien impérieusement pour que je me décide à quitter une armée sĩ belle et des officiers si braves que vous! En demandant mon rappel, j'ai fait le plus grand sacrifice qu'un soldat pût faire. »

Sur ces entrefaites, le souverain Pontife se disposait à se rendré au château royal de Portici où le roi des Deux-Siciles, continuant son œuvre admirable d'hospitalité, avait fait préparer des appartements somptueux. Pie IX quitta Gaëte le 4 décembre, à huit heures et demie du matin, après y avoir séjourné neuf mois, neuf jours et neuf heures. Accompagné des cardinaux Antonelli, Riario Sforza camerlingue, Asquini, Piccolomini, Riario Sforza, archevêque de Naples, et de monseigneur Garibaldi, son nonce à Naples, Sa Sainteté monta dans une chaloupe avec le roi Ferdinand II et S. A. R. le comte de Trapani. Les autres mem

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