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verain Pontife qui aura retrouvé ses peuples, pour la France qui aura accompli une noble et sainte mission. >>>

De Rome, le général Rostolan partit pour Naples, après avoir reçu le titre de citoyen romain et après avoir vu son nom inscrit au Capitole comme celui du général Oudinot.

Les premiers actes du nouveau général furent justes et sévères. Plusieurs de nos soldats ayant été assassinés, il publia le décret suivant :

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« Le général en chef, voulant mettre un terme aux lâches assassinats qui compromettent la vie des officiers et des soldats de son armée,

« Arrête :

«Le port de couteaux, poignards, stylets ou de tout instrument pouvant servir à la perpétration d'un crime, est interdit dans la ville de Rome et dans les environs. Tout individu trouvé porteur d'une pareille arme sera immédiatement fusillé. »

« Les Français n'oseront pas! » avaient dit les révolutionnaires; l'occasion de prouver qu'ils oseraient ne se présenta que trop tôt : deux assassins, arrêtés en flagrant délit, furent condamnés à mort et fusillés immédiatement. L'un d'eux se nommait Cacaspera. Au moment de son exécution, un jeune prêtre perçant la foule, se précipite au-devant du colonel de Lignière, chargé de cette triste mission. « Arrêtez, s'écria-t-il; l'homme que vous allez

tuer est un martyr; s'il vous faut du sang, prenez le mien et laissez-moi mourir à sa place. C'est fort bien, lui répondit l'officier supérieur; votre dévouement serait beau, s'il n'était l'inspiration d'un fanatisme coupable; mais votre prière dépasse mes pouvoirs, je ne dois faire fusiller qu'un

seul homme.

--- « Je veux mourir! répéta vivement l'ecclésiastique.

--« Eh bien! répliqua à son tour le colonel de Lignière, puisque vous désirez si fortement le martyre, il y a moyen de s'entendre; attendez un instant, nous allons faire l'affaire de ce gredin; la vôtre viendra ensuite, et de cette manière nous ferons deux martyrs au lieu d'un. » Le fanatique ne jugea pas à propos d'attendre l'effet d'une offre qui se traduisit cependant par son arrestation.

On se rappelle les accusations que, pendant et après le siége de Rome, les révolutionnaires avaient formulées contre nos soldats et leur général en chef. Il n'est sorte d'imputations odieuses dont notre armée expéditionnaire n'ait été l'objet. D'après les assertions de ses insulteurs, elle avait causé plus de ravages à la capitale des Césars que les barbares n'en avaient laissé derrière eux après avoir violé la métropole des papes.

l'Eu

Il importait à l'honneur de la France que rope sût avec quelle généreuse sollicitude, avec

quelle habileté les travaux du siége avaient été conduits pour assurer à la fois le triomphe de nos armes et la conservation des monuments artistiques de la ville éternelle. Il importait à la gloire du duc de Reggio de montrer en contraste le cynisme avec lequel les bandes de Garibaldi et les condottieri aux gages des triumvirs avaient traité les chefs-d'œuvre des grands maîtres, violé les tombeaux, profané les églises, incendié et dévasté les monuments que l'armée française avait si généreusement respectés. A cet effet, à peine notre drapeau flottait-il sur le capitole, que le général Oudinot avait confié à M. Charles Baudin la mission de rechercher et de constater l'exacte étendue des dommages que les opérations du siége avaient pu causer aux monuments anciens et modernes. Cette vérification, faite au nom de la France par un Français, ne lui suffisant pas, il avait constitué une commission spéciale composée en grande partie des archéologues étrangers qui se trouvaient à Rome. Le secrétaire chargé de la rédaction du rapport de la commission le remit au général Barraguay-d'Hilliers, qui s'empressa de l'adresser au ministre des affaires étrangères. Il résultait, des consciencieuses observations faites par les délégués du général Oudinot, que, pendant le cours du siége, l'armée française, s'inspirant de la pensée de son chef, n'avait fait éprouver à la ville assiégée

que des dommages insignifiants. Rien n'avait été atteint qui ne pût être facilement réparé,

On se rappelle également que le souverain Pontife avait décrété qu'une médaille commémorative frappée en l'honneur des armées catholiques serait distribuée indistinctement à tous les hommes qui avaient fait partie de l'intervention. En outre, il avait décidé que ceux qui s'étaient le plus glorieusement distingués, recevraient des titres honorifiques ou des décorations appartenant aux ordres de chevalerie des États pontificaux.

Le 22 février, la commission gouvernementale nomma deux officiers de la secrétairie d'État pour porter au nom du Saint Père, autant qu'au sien propre, au général Baraguay-d'Hilliers, les médailles et les décorations destinées aux officiers, sous-officiers et soldats. Le général en chef les reçut avec courtoisie, les priant d'agréer avec ses remerciements sincères ceux de tous les destinataires. «Ils seront fiers, dit-il, de se parer d'un témoignage non douteux de la satisfaction de Sa Sainteté pour l'utile service que, concurremment avec les autres nations, ils ont rendu à la souveraineté pontificale par leur courage, leur admirable discipline et leur amour pour l'ordre public. »

Les médailles réservées aux soldats étaient frappées en bronze. Elles représentaient, d'un côté, le

symbole du siége apostolique romain, et de l'autre, cette courte épigraphe :

PIUS IX PONT MAX.

ROME RESTITUTUS ARMIS COLLATIS ANNO MDCCCXLIX.

C'est ainsi que les bases d'une harmonie parfaite se raffermissaient chaque jour entre le gouvernement pontifical et la diplomatie de la France. Les esprits, dégagés de prévention, revenaient chaque jour à des idées plus justes malgré les calomnies et les semences de discorde que la démagogie répandait à pleines mains pour étouffer le travail d'une entente qui devait achever sa ruine. La partie de la population accoutumée à ne voir que des maîtres dans les soldats français reconnaissait en eux des frères et des libérateurs.

Enfin, la vérité perçait à travers les ténèbres du mensonge et de l'erreur. Mazzini, averti des progrès vers le bien de l'opinion qu'il avait si longtemps pervertie, tenta un suprême effort. Il publia en ce temps une brochure contenant un manifeste aux prêtres italiens. De la même plume qui naguère avait écrit ces lignes : « Que l'opprimé renverse s'il le peut l'oppresseur, que le victorieux foule aux pieds le vaincu et qu'il l'extermine,» il traçait de brûlantes pages dont voici quelques

extraits:

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