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« Prêtres italiens, mes paroles sont graves. Si le salut du monde et de vos croyances vous est cher, écoutez-nous. Nous pourrions, un des vôtres l'a dit, et que ce soit pour vous une preuve de l'esprit qui nous anime, nous pourrions vaincre sans vous, mais nous ne le voulons pas. » Puis il annonce que l'heure suprême va sonner, que les temps sont mûrs. « Malheur aux prêtres, malheur à leur troupeau s'ils s'obstinent à étayer un édifice en ruines. Il se prépare des temps de discorde et des œuvres de sang.

« Au nom de Dieu et pour l'amour de notre patrie, nous vous demandons : Êtes-vous chrétiens? Comprenez-vous l'Évangile, regardez-vous la parole de Jésus-Christ comme une lettre morte ou en adorez-vous l'esprit? Entre l'esprit de l'Évangile et la parole des papes, êtes-vous vraiment, décidément résolus à opter pour cette dernière, sans examen, sans appel à votre conscience? Êtesvous croyants ou êtes-vous idolâtres?

<< Si quelques actes isolés, dit-il, ont fait tache à la cause si pure de la démagogie socialiste, les auteurs de réactions cruelles et de résistances in

sensées doivent seuls en être responsables. Si quelques cris anarchiques, si quelques rêves d'utopie subversive éclatent aujourd'hui dans le sein des populations excitées, ce sont les cris d'hommes

désespérés, cent fois trompés et trahis, cent fois déboutés de leurs justes demandes par l'inexorable volonté d'une castè ou d'un roi. Tous ces nuages disparaîtraient à jamais, vous le savez bien, le jour où nous serions vainqueurs.

« Prêtres, la transformation de la religion et de l'Église, qui, vous aidant, s'accomplirait dans une évolution pacifique et solennelle, coûtera au monde des luttes terribles, et les larmes et le sang de milliers de martyrs. Dieu descendra sur les multitudes et sur vous, non comme la rosée sur la toison, mais comme un tourbillon et ceint de de la foudre comme dans les nues du Sinaï. »

En lisant ces lignes, ne croirait-on pas voir les ombres des Muntzer, des Blauwrok et des Jean de Leyde écrivant leur manifeste sous la terreur anabaptiste du xvI° siècle?

Le clergé italien répondit par le silence du mépris à ces arrogantes provocations.

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divers. - Restauration de Pie IX.- Félicitations diplomatiques et militaires. Bénédiction des armes françaises...

Les difficultés qui, jusqu'à ce jour, avaient tant de fois ajourné le retour à Rome du Saint Père, étaient en grande partie aplanies. Le mécontentement produit à la cour Pontificale par l'évasion d'un moine apostat, préparée peut-être sous d'occultes influences, était dissipé. Pie IX l'avait oubliée le soir même du jour où l'apprenant, il avait dit : « Je ne déplore point la fuite de ce malheureux, parce qu'il échappe à la justice humaine, mais parce qu'elle le soustrait à la miséricorde de mon amour paternel; j'aurais été si heureux de ramener au bercail cette brebis plus égarée peutêtre que perverse! » Enfin la solution d'un emprunt contracté avec la maison Rotschild, simplifiant la

question financière, la rentrée du pape dans ses États fut résolue.

Le cardinal Antonelli, dont le courage fut constamment au niveau d'une rare intelligence, l'annonça formellement en ces termes au corps diplomatique :«< Après que les armes catholiques eurent dompté la rébellion qui agita si vivement les sujets pontificaux pendant ces derniers événements, on vit aux applaudissements universels des gens de bien le gouvernement légitime se rétablir peu à peu dans les États de l'Église. Pour combler les voeux du monde catholique et des sujets dévoués à leur propre souverain, il ne restait que le retour du souverain Pontife à son siége.

« Diverses difficultés ont concouru jusqu'à présent à le retarder et spécialement le desir le plus vif du Saint Père de pouvoir subvenir aux besoins de l'État.

« Ce but étant maintenant atteint, il a résolu de rentrer dans ses domaines témporels dans les premiers jours du mois prochain d'avril.

« Le Saint Père a la confiance que le Seigneur, dont la main guida les puissances accourues avec leurs armées pour cette sainte entreprise, daignera bénir les soins qui ne cessent de l'occuper pour l'amélioration du sort de ses sujets, et il ne doute point que toutes les puissances avec lesquelles le Saint-Siége est en relation d'amitié, de' même

qu'elles ont concouru avec leur influence morale et matérielle chacune pour sa part à rétablir le souverain Pontife dans le plein et libre exercice de son autorité, ne soient animées d'un intérêt égal et constant pour le garantir dans sa liberté et son indépendance, indispensable au gouvernement universel de l'Église et à sa paix qui est celle même de l'Europe.

La nouvelle du prochain retour de Pie IX fut bientôt connue à Rome. Elle y produisit un effet immense. Dès lors la ville sainte se prépara à recevoir dignement l'auguste Pontife qui devait lui rapporter le bonheur et la vie morale dont elle était privée depuis si longtemps. En attendant, un grand nombre de personnages illustres se mit en devoir d'assister aux fêtes de la restauration pontificale. Toutes les routes qui conduisent à Rome étaient encombrées de chaises de poste; les hôtels de la ville se remplissaient: celui de la Minerve ne pouvait suffire à recevoir les voyageurs d'élite qui s'y présentaient de préférence, pour rendre hommage aux nobles sentiments que son propriétaire avait montrés pendant les épreuves de la révolution.

Le jour était donc venu où le digne successeur du prince des apôtres, le chef suprême de cette Église qui ne peut périr, allait quitter la terre que la piété du roi des Deux-Siciles lui avait rendue douce malgré les tristesses de l'exil! Le jour était

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