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bonne, sous les murs du Kremlin, par Lutzen, Bautzen, Dresde, Leipzik et Montmirail, avant d'arriver, en qualité de colonel de cavalerie, aux jours de la Restauration. Alors, fidèle à la maison de Bourbon, et toujours esclave de ses devoirs, il continua dignement à servir la France.

En 1824, le colonel Oudinot quitta le commandement du 1er régiment de grenadiers à cheval de la Garde, et prit, en qualité de maréchal de camp, celui d'une brigade de cavalerie, au camp de Lunéville.

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Bientôt après, le gouvernement lui confia la mission de reconstituer à Saumur, sur une vaste échelle, l'école de cavalerie; qui se trouvait licenciée par suite de considérations politiques. Sa supériorité incontestée était un gage assuré du succès. La direction éclairée qu'il sut imprimer, dès le principe, à cet établissement le rendit en peu de temps une école modèle, où l'Europe entière vient puiser des enseignements.

Sur ces entrefaites, la révolution de 1830 vint arrêter momentanément la carrière d'un officiergénéral, résolu à ne servir qu'en des conditions uniquement militaires, le pouvoir qui se substituait à un principe.

En 1835, la mort d'un frère, tombé glorieusement à la tête de son régiment, le 2e chasseurs'

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d'Afrique, lui procura l'occasion de rendre de

nouveaux services. Le général Oudinot commandait en Afrique la brigade d'avant-garde du corps expéditionnaire, aux ordres du maréchal Clausel, lorsqu'à la suite du combat de l'Habra il fut élevé au grade de lieutenant-général.

Il joint à un caractère droit et franc l'élévation de sentiments, l'esprit de conciliation, l'énergie dans les principes, qui rendent éminemment propres aux fonctions diplomatiques, et qui constituent les qualités de l'homme d'État.

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Ce fut dans la matinée du 20 avril que, nommé commandant en chef de l'armée expéditionnaire, il rejoignit les troupes à Marseille. L'armée se trouvait ainsi composée :

ÉTAT-MAJOR GÉNÉRAL :

Général en chef, le général de division Oudinot, duc de Reggio; chef d'état-major, le lieutenantcolonel d'état-major de Vaudrimey-Davoust; souschef d'état-major, le chef d'escadron d'état-major de Montesquieu-Feezensac; capitaines attachés à l'état-major général : Osmont, Zglinicki, Castelnau, Poulle; aide de camp du général en chef, le chef d'escadron d'Espivent de Villeboisnet; officier d'ordonnance du général en chef, le capitaine d'infanterie Charles Oudinot; commandant les troupes de terre, le général de division Regnault de Saint-Jean-d'Angely; officier d'ordonnance, le sous-lieutenant de dragons Duvillier,

PREMIÈRE BRIGADE :

Général de brigade, Mollière; un bataillon de chasseurs à pied ; 20me régiment de ligne et 33me régiment de ligne.

DEUXIÈME BRIGADE :

Général de brigade, Levaillant Charles; 36me régiment de ligne et 66me régiment de ligne. TROISIÈME BRIGADE :

Le général de brigade Chaydeson; 22° régiment léger; 68 régiment de ligne; trois batteries d'artillerie, deux compagnies du génie, deux escadrons du er régiment de chasseurs à cheval.

Ces troupes étaient généralement animées d'un excellent esprit. Le général en chef leur adressa l'ordre du jour suivant:

<< Soldats!

« Le Président de la république vient de me confier le commandement en chef du corps expéditionnaire de la Méditerranée.

« Cet honneur impose de grands devoirs, votre patriotisme m'aidera à les remplir.

<< Le gouvernement, résolu à maintenir partout notre ancienne et légitime influence, n'a pas voulu que les destinées du peuple italien pussent être à la merci d'une puissance étrangère ou d'un parti en minorité. Il nous confie le drapeau de la France, pour le planter sur le territoire romain, comme un éclatant témoignage de nos sympathies.

« Soldats de terre ou de mer, enfants de la inême famille, vous mettrez en commun votre dévouement et vos efforts: cette confraternité vous fera supporter avec joie les dangers, les privations et les fatigues.

« Sur le sol où vous allez descendre, vous rencontrerez à chaque pas des monuments et des souvenirs qui stimuleront puissamment vos instincts de gloire. L'honneur militaire commande à la discipline autant qu'à la bravoure; ne l'oubliez jamais. Vos pères ont eu le rare privilége de faire chérir le nom français partout où ils ont combattu. Comme eux, vous respecterez les propriétés et les moeurs des populations amies dans sa sollicitude pour elles, le gouvernement a prescrit que toutes les dépenses de l'armée leur fussent immédiatement payées en argent, vous prendrez en toute occasion, pour règle de conduite, ce principe de haute moralité.

«Par vos armes, par vos exemples, vous ferez respecter la dignité des peuples; elle ne souffre pas moins de la licence que du despotisme.

« L'Italie vous devra ainsi ce que la France a su conquérir pour elle-même, l'ordre dans la liberté. »

L'expédition se composait de six frégates à vapeur: le Panama, l'Orénoque, l'Albatros, le Labrador, le Christophe-Colomb et le Sané; de deux

corvettes à vapeur : l'Infernal et le Véloce; enfin de deux bateaux à vapeur : le Ténare et le Tonnerre. Dans la soirée du 21 l'embarquement du premier convoi de troupes et du matériel était terminé. Le lendemain à six heures du matin tous les bâtiments reçurent l'ordre de chauffer. Le Panama et l'Infernal prirent la mer à huit heures. Le Labrador, sur lequel l'amiral avait arboré son pavillon, ayant reçu à son bord le général en chef, quitta son mouillage à dix heures et fut suivi de près par le Véloce, le Ténare et l' Albatros. A onze heures la flotte entière volait à toute vapeur sur les flots de la Méditerranée. Les soldats, réunis sur le pont, donnèrent en signe d'adieu un dernier regard aux rivages de la patrie. Leur front était serein comme le ciel, leur coeur était calme comme la mer, ils étaient fiers, ils étaient heureux, ils allaient combattre pour la plus juste, pour la plus sainte des causes, ils allaient à Rome terrasser l'hydre de l'anarchie; sans penser au sacrifice ils songeaient à la gloire.

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