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CHAPITRE XXI.

Préparatifs de résistance à Rome.-État-major de l'armée romaine.— Arrivée de Garibaldi. —La garde civique sur la place des SaintsApôtres. Paradé révolutionnaire. - Revue des troupes de ligne.Proclamations guerrières. Commission d'orateurs. Arrivée de l'armée française devant Civita-Vecchia.- Débarquement.- Proclamation. Le général s'oppose au débarquement d'un bataillon lombard. Il envoie des officiers à Rome.-Départ de l'armée pour Rome. Journée du 30 avril.

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Tandis que les soldats de la France voguaient, pleins de confiance, en pleine mer, les chefs républicains de Rome, encouragés par les trompeuses espérances que leur donnaient les frères et amis de Paris, s'apprêtaient à une lutte acharnée. L'Assemblée, en conséquence des communications du triumvirat, les chargeait de sauver la république, et de repousser la force par la force.

A ce sujet, les triumvirs s'empressèrent d'annoncer cette résolution par une proclamation commençant ainsi :

<< Romains!

« L'Assemblée a décrété que Rome serait sauvée

et qu'elle opposerait la force à la force. Rendons grâces à Dieu qui lui a inspiré ce décret, etc., etc.>>

Ensuite, jaloux de répondre à la confiance de l'Assemblée qui, certaine du triomphe, venait de décréter ainsi le salut de la République, ils mettaient en réquisition tous les chevaux des citoyens romains et ceux de la Comarca; ils ordonnaient la démolition de la galerie couverte, qui reliait le palais du Vatican au château Saint-Ange; ils défendaient, sous des peines très-graves, la publication de nouvelles et de bulletins; ils publiaient un décret par lequel, en cas d'assaut et au premier coup de canon, toutes les cloches de la ville devraient sonner le tocsin. Les sacristains devenaient responsables de l'exécution de cet arrêté sous peine d'un emprisonnement d'une année.

Les marchands de comestibles et les pharmaciens recevant l'ordre de tenir leurs boutiques ouvertes, devenaient également passibles d'une amende de vingt écus pour la première contravention, et de quarante pour la récidive. Enfin, les triumvirs accordant aux troupes la solde de campagne, organisaient ainsi l'état-major de l'armée :

PREMIÈRE SECTION.

Chef de section: le colonel Pisacane.

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taines Mussolino, Vecchi, Camorri. Lieutenants: Bixio, Mameli, Sardi, Cattabeni (Vincent). Pas un de ces officiers n'était Romain.

SECONDE SECTION..

Chef de section: le colonel Hang. - Capitaines: Caldesi, (de Faenza); Laviron, Français; Podulak, Polonais. Lieutenants: Besson, Français; Fopfer, Suisse; Cattabeni, de Sinigaglia.

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TROISIÈME SECTION.

Chef de section : le lieutenant-colonel Cerroti, Romain. Capitaines : Roselli, Ravioli, Azzarelli, Romains. --Lieutenants: Pesapane, Napolitain; Lironi, Lombard; Gabet, Romain.

Parmi les autres chefs marquants se trouvaient, le colonel Mellara, de Bologne, Manara, de Milan; Medici, de Toscane; Berti-Pichat, de Bologne; le général Arcioni, de Naples; le général Avezanna, Génois; le colonel Mezzacapa, Napolitain; le général Joseph Galletti, Bolonais; le général Durando, Piémontais; le général Ferrari, Napolitain; Amadéi, chef de pontoniers, Napolitain. Les généraux Bartolucci, Roselli et Galletti l'épicier étaient Romains; le colonel Isensmid de Milbitz, réfugié étranger; le colonel d'artillerie Dionisius Maslowicki, Polonais; le capitaine Dobrowolesky, Polonais; le colonel Hang, l'un des principaux chefs de l'insurrection de la capitale de l'Autriche, avait commandé la légion académique de Vienne; le capitaine Podulak, ancien adjudant dugénéral Bem,

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avait servi dans la même légion en qualité de capitaine.

Comme on le voit, un très petit nombre de Romains figurent sur ces rôles. Les autres chefs, tous étrangers, prouvaient suffisamment par leur présence, que l'Europe révolutionnaire s'était cotisée pour rejeter sur Rome l'écume dissolvante de la démagogie. La défense acharnée à laquelle ils condamnaient la malheureuse ville, était donc moins nationale qu'ils le prétendaient.

Le 27 avril, un aventurier, doué d'un grand courage et d'une énergie peu commune; Génois de naissance, cosmopolite par goût, révolutionnaire par métier, soldat par instinct, le célèbre Garibaldi fit son entrée dans Rome à la tête de sa légion, formant un effectif de quinze cents hommes. Il avait à ses côtés un nègre, nommé Andréa; cet homme, d'un fanatisme sans exemple pour la personne de son maître et d'une force herculéenne, enveloppait ordinairement sa haute taille dans un vaste manteau bleu coupé en forme de chasuble. Ce renfort fut

reçu avec d'autant plus d'enthousiasme qu'un immense prestige était attaché au nom de Garibaldi et que les hommes qui suivaient aveuglément sa fortune, ayant depuis longtemps brûlé leurs vaisseaux, n'avaient plus en perspective qu'un salut, celui de n'en espérer aucun. Ils s'installèrent aussitôt dans le couvent de Saint-Sylvestre.

Le lendemain, la ville de la prière et du recueillement présentait l'image d'un vaste camp. Les rues et les places publiques étaient encombrées de troupes; on n'entendait partout que des bruits d'armes et des roulements de tambours. La garde civique avait été convoquée à neuf heures du matin sur la place des Saints-Apôtres; trois ou quatre mille hommes seulement s'y rendirent. Des bataillons entiers manquèrent à l'appel.

Sterbini, se plaçant devant le front des gardes rangées en bataille, s'écria d'une voix stridente: << Citoyens, voulez-vous encore le gouvernement de la papauté et son absurde absolutisme?

— « Non, s'écrièrent plusieurs centaines de gar des; à bas le gouvernement pontifical!

- « Voulez-vous encore le joug des prêtres et leurs injustes priviléges?

Non, répétèrent de nouveau les gardes

fanatisés.

-- « Voulez-vous, continua Sterbini, le gouvernement de tous par tous et pour tous?

Qui, répondirent les mêmes voix, comme si le gouvernement substitué à celui de Pie IX n'était pas la chose de quelques-uns à l'exclusion de presque tous.

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Êtes-vous contents de la république?

« Oui.

« Voulez-vous la conserver?

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