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Toutes nos observations ont été classées en série, d'après la forme sous laquelle nous avons employé la digitale :

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1.o En poudre; 2.° en extrait aqueux; 3. en extrait alcoholique'; 4. en extrait éthéré; 5.° en infusion.

Le résumé de chaque observation comme corollaire à la fin de chacune d'elles, les conclusions tirées de toutes ensemble, nous amèneront certainement au résultat désiré.

I.re Série. - Digitale administrée en poudre.

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Obs. I.Hypertrophie du cœur avec dilatation de ses cavités. Poudre de digitale pourprée; 36 grains en deux jours. Une marchande des quatre-saisons, âgée de Go ans, entre à l'hôpital de la Pitié le 23 mars 1833. Comme antécédens nous recueillons : qu'à l'âge de 16 ans elle a eté réglée ; à 40 elle a cessé de l'être. Depuis sa jeunesse, elle est sujette à des étourdissemens et à des maux d'estomac presque continuels. Pour combattre ces accidens on lui a fait de fréquentes saignées. Enfin, il y a un an elle a éprouvé un resserrement de poitrine qui l'empêchait de respirer facilement, et trois mois après, à la suite d'une émotion morale vive, elle a ressenti des battemens du cœur qui ont continué jusqu'à ce jour. OEdème considérable des extrémités inférieures depuis quatre mois.

La céphalalgie persiste; forts bourdonnemens dans les oreilles ; trouble et quelquefois pic otemens dans les yeux. Les jambes sont toujours dématiées, la face jaune et bouffie. Elle accuse une douleur dans les reins.

La langue est naturelle, l'appétit conservé, la soif nulle; mais il existe une douleur à l'épigastre qui augmente par la pression; le reste du ventre est indolent, les selles ordinaires. 68 puls. et 14 respirations par minute. Impulsion forte des battemens du cœur à la région précordiale; les battemens sont faibles sous la clavicule droite. La malade ne peut se moucher ni cracher sans ressentir des battemeus

du cœur qui lui font perdre connaissance; alors les extrémités inférieures deviennent froides et s'engourdissent; la respiration est pure; pas de toux. (4 grains de digitale en ́ poudre.)

La céphalalgie diminue, les palpitations sont toujours fortes, la langue est naturelle et l'appétit bon. 92 pulsations, 38 respirations. (8 grains de digitale en poudre. )

On continue cette dose depuis le 26 jusqu'au 30 mars, et rien d'appréciable ne se montre ni dans la circulation ni dans les voies digestives.

On cesse l'emploi de la digitale, et pendant quelques jours la malade reste aux boissons délayantes et à un régime doux.

Le 4 avril, elle éprouve des défaillances continuelles, grande anxiété; la langue est blanche et pâle; pas de nausées. L'appétit a disparu, la soif est vive, endolorissement général dans tous les membres. 96 pulsations et 36 respirations. Les palpitations sont plus fortes que jamais, et la céphalalgie persiste. On a recours au traitement antiphlogistique qui n'amène pas de soulagement.

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Dans ce cas, aucune fonction n'a ressenti l'influence de la digitale la sécrétion urinaire est restée la même ; les battemens du cœur n'ont été ni plus accélérés ni plus forts que de coutume; les fonctions digestives n'ont pas été troublées. Cette observation nous prouve que chez certains individus, dans telle ou telle condition, comme nous le verrons dans les autres séries, la digitale administrée en poudre n'apporte quelquefois après elle aucune modification dans l'économie animale.

Obs. II.

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Hypertrophie du cœur ayant commencé par unc névrose de cet organe. Poudre de digitale 60 grains en six jours. Un cordonnier, âgé de 59 ans, avait eu, il y a sept ans, à la suite d'un refroidissement subit, un accès de fièvre qui dura 24 heures. Deux jours

Les crachats muqueux sont assez abondans, ils sont mêlés à quelques filets de sang. On fait une saignée du bras, le caillot est sans couenne. La dyspnée est moindre, le pouls un peu irrégulier marque 68 pulsations; le nombre des inspirations est le même.

L'auscultation nous donne les mêmes renseignemens. (Un grain de digitale en poudre en une pilule,) — Rien aux voies digestives, 60 pulsations, 16 respirations, (2 grains de digitale le jour suivant). Le lendemain le pouls est encore diminué de fréquence, il ne marque que 52 pulsations à la minute; le malade a eu deux selles. (4 grains de poudre de digitale. (Le pouls est irrégulier, 60 pulsations, la bouche pâteuse, la langue naturelle, pas de soif, pas de selles. (12 grains de poudre de digitale). Bouche toujours amère, la toux diminue, la respiration est plus libre, elle est pure en arrière. Le pouls redescend à46 pulsations. (16 grains de digitale). Même état des voies digestives, 41 pulsations 16 respirations; (20 grains de digitale). Le malade a eu quelques nausées qui se sont dissipées en un instant; la bouche est toujours mauvaise; trois selles liquides sans coliques; 40 pulsations, (20 grains de digitale).

Le lendemain et les trois jours suivans la dose de la digitale n'a été portée qu'à 16 grains chaque 24 heures. Des nausées ont eu lieu pendant tout ce temps, le premier jour il est survenu deux vomissemens aqueux; le malade a eu 2 selles chaque jour sans coliques, sans douleur épigastrique. La langue est toujours naturelle, les vomissemens ont continué le deuxième et le troisième jour; rien du côté du cerveau; les battemens artériels ont varié entre 39 et 40 pulsations. Le dernier jour, les vomissemens s'étant arrêtés, on augmente la dose de digitale, (20 grains).

La diarrhée continue, 2 selles dans les 24 heures, pas de vomissement, pas de nausées; 40 pulsations, 14 respirations; (30 grains de digitale).

Les vomissemens reparaissent le malade en a eu deux pendant la nuit. Encore un peu d'irrégularité dans le pouls qui bat 41 fois par minute. (36 grains de digitale).

Nausées toute la journée et de plus un peu de céphalalgie; les voies digestives sont en bon état, le pouls est descendu à 37 pulsations, il n'y a que 13 respirations; les crachats et la toux ont beaucoup diminué. (48 grains de digitale en poudre).

De nouveau, les vomissemens se montrent, ils sont constitués cette fois par une matière verte, porracée; le malade a eu 3 selles, le pouls, régulier dans son irrégularité, bat 42 fois par minute. On suspend la digitale, les nausées, les vo missemens et les selles continuent (4opulsations et 15 respirations); la langue conserve son humidité et sa couleur normales, il n'y a pas de douleur au creux de l'estomac. La toux n'existe plus; le malade a dormi une grande partie de la nuit; il est sorti parfaitement guéri le 5 avril, 18 jours après son entrée à l'hôpital.

Cette observation, que nous avons rapportée avec tous ses détails, nous offre, dans plusieurs points, un intérêt incontestable. D'abord, ce ralentissement du pouls, qui s'observe dès les premiers jours du traitement, lorsque le malade ne prenait encore que 2 grains de digitale; puis du côté des voies digestives survient un peu de dérangement; le malade a d'abord deux garderobes en 24 heures. On augmente chaque jour la dose du médicament; le dévoiement persiste sans augmeuter ni diminuer, les nausées et les vomissemens arrivent; le pouls, malgré ce trouble des fonctions digestives, descend à 37 pulsations par minute, et en même temps la toux diminue, les crachats sont moins abondans. On continue : les mêmes accidens se montrent, la circulation est toujours lente et le malade sort guéri au bout de quelques jours. Jamais la langue n'a changé d'aspect, elle a été naturelle; jamais non plus nous n'avons eu à noter une douleur épigastrique.

La sécrétion salivainre diminue au lieu d'augmenter, et les urines restent les mêmes. Un seul jour le malade s'est plaint de céphalalgie, elle n'existait plus le lendemain, et nous n'avons pas cessé l'administration de la digitale.

Obs. IV. Hypertr. du cœur. Poudre de digitale, 6 grains en trois jours.-Unimprimeur en taille-douce, âgé de 24 ans, natif de Paris, réunissait au plus haut degré tous les signes d'une hypertrophie du cœur. Il ne pouvait marcher ni monter un escalier sans ressentir une douleur poignante et très-forte à la région précordiale et en même temps un étouffement qui lui faisait quelquefois perdre connaissance. Il entra dans les salles de M. Andral, à l'hôpital de la Pitié, le 11 octobre 1831. Outre les symptômes que je viens d'énumérer, il se plaignait aussi de céphalalgie, d'étourdissement, etc. Son pouls ne donnait que 56 pulsations par minute; on lui fit une saignée et les symptômes cérébraux s'amendèrent, il prit ensuite de la poudre de digitale à la dose d'un grain, puis de deux et enfin de trois grains pendaut quatre jours. La circulation ne fut point ralentie et les diverses fonctions nullement modifiées. La digitale, à petite dose, il est vrai, n'a entraîné à sa suite aucun résultat. A côté de ce fait en voici un autre qui paraîtra extraordinaire, eu égard à la quantité minime de poudre digitale administrée et aux accidens qui s'ensuivirent.

Obs. V.—Affect, organ. du cœur. Poudre digit. 5 grains et demien 4 jours. —Une femme âgée de 59ans, marchande des quatre saisons, entre le 12 octobre dans le même hôpital et nous présente tous les signes d'une affection organique du cœur. La main, placée à la région précordiale, reconnait des impulsions très-fortes, l'auscultation donne un bruit de soufflet qui s'étend jusque sous les clavicules. Les battemens s'entendent faiblement en arrière et à gauche et pas du tout en arrière à droite; il y a de plus, un peu de râle sous-crépitant dans différens points de la poitrine. Après deux mois de séjour environ dans les salles de M. Andral,

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