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Sire, c'est le capitaine Roc. - Eh bien, dites au capitaine Roc que, s'il lui arrive encore de laisser échapper ses dindons, je le casserai à la tête de sa compagnie.

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Le Convive et l'Écolier.

Un jeune écolier qui avait avalé trop goulement un morceau de frangipane, se brûla au point d'en pleurer.

Un particulier qui était à côté de lui à table, demanda ce qu'il avait à verser des larmes. « C'est, dit le jeune homme, que je viens de me rappeler que j'ai perdu ma grand'mère précisément à la même date, il y a douze ans. » L'autre, là-dessus, crut pouvoir imiter le petit gourmand, et mangea sans précaution de cette même tourte, et se brûla comme lui. L'écolier lui demanda alors à son tour, pourquoi il faisait la grimace. Que le diable t'emporte ! lui répondit-il : je voudrais que tu eusses été pendule jour que ta grand'mère est morte. »

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Le baron de bœuf.

Suivant une coutume antique religieusement observée par la cour d'Angleterre, on sert sur la table de la reine, le jour de Noël, un immense morceau de bœuf appelé baron de bœuf. Ce morceau comprend tout le bas du dos et une partie des deux cuisses de l'animal; il est servi froid, orné de branches de houx et de gui. Le plat qui contient ce rôti gigantesque est aussi grand qu'une table ronde ordinaire.

L'ivrogue de Bruges.

Philippe le Bon, duc de Bourgogne, se promenant un soir à Bruges, trouva sur la place publique un homme étendu par terre, où il dormait profondément. Il le fit enlever et porter dans son palais, où, après qu'on l'eut dépouillé de ses haillons, on lui mit une chemise fine, un bonnet de coton, et on le coucha dans un lit du prince. Cet ivrogne fut bien surpris, à sou réveil, de se voir dans une superbe alcôve, environné d'officiers plus richement habillés les uns que les autres. On lui demanda quel habit son Altesse voulait mettre ce jour-là. Cette demande acheva de le confondre; mais après mille protestations qu'il leur fit qu'il n'était qu'un pauvre savetier, et nullement prince, il prit le parti de se laisser rendre tous les honneurs dont on l'accablait. Il se laissa habiller, parut en public, ouït la messe dans la chapelle ducale, y baisa le missel; enfin, on lui fit faire toutes les cérémonies accoutumées. Il passa à une table somptueuse, puis au jeu, à la promenade, et aux autres divertissements. Après le souper on lui donna le bal. Le bon homme, ne s'étant jamais trouvé à telle fête, prit libéralement le vin qu'on lui présenta, et si largement qu'il s'enivra de la bonne manière. Ce fut alors que la comédie se dénoua. Pendant qu'il cuvait son vin, le duc le fit revêtir de ses guenilles, et le fit reporter au même lieu d'où on l'avait enlevé. Après avoir passé là toute la nuit, bien endormi, il s'éveilla et s'en retourna chez lui, raconter à sa femme, comme étant un songe qu'il avait dû faire, tout ce qui lui était effectivement arrivé.

Kean.

Kean, le célèbre acteur anglais, aimait tout à la fois les plaisirs et la bonne chère. Ayant, un jour, commandé à souper dans une taverne, il pria le maître de la maison de lui tenir compagnie à

table. Le traiteur, pour lui faire sa cour, commença à trouver à redire à la manière dont la nappe était mise, et se mit à jeter les fourchettes et les couteaux en bas de l'escalier, sous prétexte qu'ils n'étaient pas assez bien nettoyés. Kean, ne voulant pas contrarier l'humeur de son hôte, l'imita, en jetant les plats et les assiettes. Le traiteur, surpris de ce procédé, lui demanda quelle en était la cause. « Je croyais, lui dit Kean, que votre intention était de nous faire souper en bas.

La diète de Ratisbonne.

On demandait un jour au fameux gastronome Montmaur où étaient les princes les plus malheureux de la terre. « A Ratisbonne, dit-il, parce qu'ils sont à la diète. » Il disait aussi que le mot festin venait de festinare, qui marquait qu'on ne saurait trop se presser de s'y rendre ; et que, chez les Romains, les sénateurs étaient les gens les plus respectables.

Un ivrogne.

Un ivrogne qui avait bien bu se leva la nuit d'auprès de sa femme, et ouvrit la fenêtre pour se débarrasser « du superflu de la boisson, » comme dit Molière. Comme il pleuvait, il entendait l'eau d'une gouttière qui tombait, et, croyant que c'était de lui que provenait ce bruit, il restait toujours dans la même posture. A la fin, sa femme, impatientée de ne le voir pas venir, lui cria : « Eh bien, quand donc auras-tu fini?... Hélas! repartit l'ivrogne, je finirai quand il plaira à Dieu ! »

L'abbé Lattaignant.

Un soir d'hiver, l'abbé Lattaignant avait soupé en ville, et avait bu assez copieusement. Il sortit pour s'en retourner à pied; il faisait beaucoup de verglas. Il en résulta qu'il tomba à plusieurs reprises. Voyant qu'il ne pouvait marcher, il s'arrêta et s'assit. Il y avait déjà quelque temps qu'il était à plate terre, lorsqu'il passa un carrosse; il fut reconnu de Madame de... on arrêta. Mais, l'abbé, que faites-vous donc là, à une telle heure? » lui dit-on. Madame, répondit Lattaignant, je ne puis marcher sans tomber, j'attends le dégel. » On ne doute pas qu'on ne le prit pas au mot: il fut ramené chez lui.

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Châteaubrun.

Châteaubrun, auteur de plusieurs pièces de théâtre, était maître d'hôtel du duc d'Orléans. Après un repos de quarante ans, il reparut sur la scène en donnant sa tragédie des Troyennes, dans laquelle un Troyen vient se jeter aux genoux du vainqueur, pour lui exposer la misère de sa patrie, et lui demander du pain. J'aurais été bien surpris, dit alors un plaisant du parterre,

si l'on n'avait pas parlé de manger dans une pièce faite par un 'maître d'hôtel. »

Repas excentrique.

Un intendant des finances de Léon X, nommé Augustin Chigi, donna un jour au pape et aux cardinaux un repas d'une magnificence extraordinaire. Ce qui peut donner mieux qu'aucune description une idée de la manière dont les convives furent traités,

mieux que les « langues de perroquet » apprêtées de cent manières différentes qu'on servit, c'est la manière expéditive et d'un goût réellement italien dont' on desservait : la vaisselle était d'argent; à chaque service on la lançait avec ce qui restait dans le Tibre... où un filet recevait le tout.

Coutume anglaise.

Le maire de Londres, le jour de son entrée, le 29 octobre, donne dans l'Hôtel de ville un repas magnifique où les rois sont toujours invités, et ils se trouvent quelquefois avec les principaux seigneurs et les principales dames de la cour.

En 1356, le maire, nommé Picard, avait quatre rois à sa table, savoir : Édouard III, roi d'Angleterre, Jean, roi de France, David Ier, roi d'Écosse, et Hugues de Lusignan, roi de Chypre. Les rois de France et d'Écosse étaient alors prisonniers en Angleterre.

Jules César chez Cicéron.

Cicéron nous apprend que César pratiquait souvent cette repoussante coutume particulière aux Romains, de prendre des vomitifs avant et durant les repas. Il écrit à Atticus que ce vainqueur des Gaules étant venu le voir pendant les Saturnales, il lui avait donné un grand repas à sa maison de campagne. Après qu'il se fut fait frotter et parfumer, ajoute Cicéron, César prit dans la matinée un vomitif, se promena l'après-midi, se mit le soir à table, but, mangea librement et montra beaucoup de gaîté durant le souper. César, en prenant un vomitif chez Cicéron, prouvait qu'il avait dessein de faire le plus grand honneur à sa table.

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