Études sur la condition de la classe agricole et l'état de l'agriculture en Normandie au moyen-âge

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H. Champion, 1903 - 758 pages
 

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Fréquemment cités

Page xxxvi - A part quelques faits isolés, nous avons vainement cherché dans la Normandie les traces de cet antagonisme, qui, suivant des auteurs modernes, régnait entre les différentes classes de la société du moyen âge. Les rapports des seigneurs avec leurs hommes n'y sont point entachés de ce caractère de violence et d'arbitraire avec lequel on se plaît trop souvent à les décrire. De bonne heure, les paysans sont rendus à la liberté; dès le...
Page xxxviii - N'oublions pas que ce régime a fait goûter à nos pères de longues années de calme et de prospérité : malgré l'accroissement du bien-être matériel, nos laboureurs et nos artisans sont-ils réellement plus heureux que les laboureurs et les artisans du siècle de saint Louis? Les institutions ecclésiastiques ne méritent pas moins que les institutions féodales d'attirer l'attention de l'historien de l'agriculture. Aujourd'hui on reconnaît assez...
Page 186 - ... impuissante. Le mariage ne conserve plus la moindre dignité : nos malheureux paysans n'y voient guère qu'un marché, peu différent de ceux qu'ils concluent journellement entre eux. Rien n'est plus ordinaire que de trouver les futurs époux plaidant l'un contre l'autre à la cour de l'official, qui tantôt renvoie les parties libres de contracter ou non le mariage, et tantôt, par une sentence appuyée des anathèmes de...
Page xxxvii - En un mot, la féodalité du moyen âge (que nous distinguons bien de la féodalité des temps modernes) n'a point, au moins en Normandie , produit sur les paysans les effets désastreux qui lui sont imputés avec plus de passion que de justice. Nous avouons que de graves abus s'introduisirent; nous convenons aussi que nos campagnes furent, pendant des siècles, le théâtre de guerres dévastatrices.
Page 153 - Plus loin nous indiquerons les variétés de ces mêmes droits, et la manière de les exercer. Ici nous n'avons qu'à en découvrir l'origine et le caractère. On ne doit sans doute pas oublier que les populations voisines des forêts n'ont jamais été bien scrupuleuses de s'en approprier une portion des produits. Mais de ce coupable penchant il ne faut pas conclure en général, que les droits réclamés par les usagers ne sont fondés que sur d'injustes usurpations. Beaucoup de ces usages sont...
Page 519 - Imnnutrs ou moutiers, ne pouvaient se dispenser d'aller moudre leur grain au moulin banal. En cas d'infraction, le blé, la farine, le pain et quelquefois le cheval et la voiture étaient confisqués, sans préjudice d'une amende plus ou moins rigoureuse. Suivant les lieux, le produit de ces forfaitures et de ces amendes se partageait, dans des proportions différentes, entre le propriétaire du moulin elle seigneur de l'homme coupable; quelquefois aussi une part était réservée au sergent qui...
Page 151 - ... et peut-être au xme siècle. Ce fut probablement dans le diocèse d'Evreux qu'elle prit le plus de développement; encore aujourd'hui les charités n'ont pas cessé d'exister dans cette contrée. Ce sont des espèces de confréries , dont les membres se soumettent à des règlements particuliers, et s'obligent à rendre les derniers devoirs aux habitants de leur paroisse. Dans l'exercice de leurs fonctions, les associés sont revêtus d'un costume qui n'a guère dû varier pendant plusieurs...
Page 135 - Mais encore bien que nos paroisses rurales ne fussent pas, au moyen âge, organisées en communes, c'est-à-dire qu'elles n'eussent point de magistrats municipaux, les habitants n'en avaient pas moins des intérêts communs à sauvegarder. A certains égards, entre les hommes d'une paroisse, d'un fief, d'un hameau, il s'était formé une véritable communauté reconnue non-seulement par chacun des intéressés, mais encore par les étrangers. Ordinairement, on désignait par l'expression de le commun...
Page xxxvii - ... quelques services personnels ; mais le plus grand nombre est attaché à la jouissance de la terre. Dans tous les cas, les obligations, tant réelles que personnelles , sont nettement définies par les chartes et les coutumes. Le paysan les acquitte sans répugnance : il sait qu'elles sont le prix de la terre qui nourrit sa famille; il sait aussi qu'il peut compter sur l'aide et la protection de son seigneur. Sans doute son travail est dur, ses fatigues incessantes, sa nourriture grossière....
Page 377 - Cependant il n'est pas rare d'y rencontrer des garennes jurées, servitudes qui pesaient sur les terres comme sur les eaux, sur les bois comme sur les champs cultivés et les herbages. Elles avaient été créées pour assurer la conservation du gibier. Nous ne parlerons pas des droits de chasse inféodés par le souverain à différents seigneurs ou officiers, dans le cours du xne et du xme siècle.

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