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de l'Oder! Le mois de mai a suffi pour arrêter l'irruption des soldats du Nord, pour en délivrer la Saxe et conquérir la moitié de la Silésie. Les espérances de la nation ne pouvaient se réaliser avec plus de promptitude 1. Au moment où l'armée, tenant l'ennemi acculé au fond de la Silésie, se dispose à franchir l'Oder, et voit les routes de Custrin, de Dantzick et de Varsovie s'ouvrir sans obstacles devant elle, des ordres arrivent qui suspendent les hostilités.

En revenant de Russie, Napoléon avait dit à son passage par Varsovie : « Je vais chercher trois cent mille >> hommes. Le succès rendra les Russes audacieux. Je leur >> livrerai deux batailles entre l'Elbe et l'Oder, et dans six >> mois je serai encore sur le Niémen. »

Le 2 mai il était à Lutzen, le 21 mai à Wurtchen, le 1er juin son avant-garde entrait à Breslau, sur l'Oder.

Avec des conscrits et sans cavalerie, c'est tenir sa parole! (M.l'abbé de Pradt; pag. 114, tom. 11 de l'ouvrage sur 1821.)

CHAPITRE IX.

CONCLUSION DE L'ARMISTICE.

Le 29, au matin, les commissaires chargés par l'ennemi de négocier l'armistice s'étaient présentés aux avant-postes du général Reynier, du. côté de Jaüer: c'étaient le général russe Schouvaloff et le général prussien Kleist; mais, par un malentendu, ils n'avaient pu passer. Le duc de Vicence les attendait à Neudorf. On ne s'était réuni que le lendemain 30. Cette première entrevue avait eu lieu au couvent de Valhstadt, entre Liegnitz et Jauër. Elle avait duré dix-huit heures. M. de Vicence était revenu auprès de l'empereur dans la nuit du 30 au 31.

Le 31, notre avant-garde ayant continué de s'avancer, les commissaires n'avaient pu se retrouver que le soir du côté de Strigau, au village de Goebersdorf. Dans cette seconde conférence, qui s'était prolongée jusqu'au 1o. juin, on avait fini par signer une suspension d'armes de trente-six heures. En stipulant cette suspen

sion, les alliés voulaient mettre un terme aux progrès de nos armes, et leur secret espoir était sans doute de sauver Breslau; mais cette capitale tombait en notre pouvoir au moment où l'on convenait d'arrêter les hostilités.

Les conférences continuent à Goebersdorf.

En même temps, des conférences d'une autre nature s'ouvrent à Liegnitz. On se rappelle que M. de Bubna, pressé de s'expliquer sur les changemens que l'Autriche entend faire au traité d'alliance, est allé chercher des instructions à Vienne. Parti de Dresde le 18, il est de retour le 30. L'empereur a besoin plus que jamais de savoir à quoi s'en tenir sur l'alliance autrichienne: M. de Bubna va-t-il enfin s'expliquer à cet égard? M. de Bassano est chargé de s'en éclaircir, et c'est l'objet de la conférence de Liegnitz.

M. de Bubna s'empresse d'assurer que sa cour est disposée à passer un acte qui, en établissant la validité du traité de Paris, renfermerait des réserves sur les stipulations qui se trouveraient n'étre pas applicables aux circonstances. «Eh bien,

réplique-t-on à l'envoyé autrichien, rédigeons >> cet acte. Vous avez sans doute des pouvoirs?» M. de Bubna n'a pas de pouvoirs; mais il va se remettre en route pour en aller chercher.

Laissons-le remonter dans sa chaise de poste infatigable, et revenons à l'armistice.

Ici les plénipotentiaires délibèrent entre deux camps les deux armées restent en présence; elles attendent sous les armes, et la mèche continue de brûler sur les canons. Une négociation de cette nature ne comporté pas de longs délais, et les commissaires, après trois longues conférences, doivent être au moment de terminer ou de rompre.

M. le duc de Vicence a commencé par déclarer aux commissaires russe et prussien que l'empereur Napoléon était prêt à traiter de la paix sur des bases honorables pour toutes les parties.

Les commissaires alliés ont répondu à la franchise de ce début en assurant que l'armistice aurait pour but d'entendre les propositions de la puissance médiatrice.

La question de la paix ainsi ménagée, les commissaires n'ont donc plus à s'occuper que de la question militaire.

L'armistice sera utile à nos ennemis,

1o. Parce qu'il leur permet de se rallier et de rectifier la mauvaise position où ils se sont jetés; 2o. Parce qu'il doit arrêter l'élan de notre marche victorieuse;

3o. Parce qu'il doit aggraver le sort de nos garnisons bloquées, que nous étions au moment de secourir;

4°. Enfin parce qu'il donne aux Russes et aux

Prussiens le temps d'appeler à eux de nombreux renforts et de nouveaux alliés; entr'autres Benigsen qui réorganise des réserves sur les frontières de la Pologne russe, et Bernadottè qui a débarqué le 18 mai à Stralsund 1.

Quoique l'armistice soit contraire à la France par toutes les raisons que nous venons de dire, il n'en est pas moins désiré par Napoléon, comme acheminement à la paix.

Au pis aller, cette trêve ne sera pas pour nous sans avantages; la cavalerie pourra rejoindre; l'organisation de notre jeune armée, ébranlée par deux grandes batailles et de longues marches, aura le temps de se raffermir; enfin nos lignes de communication, découvertes par suite d'un prolongement trop rapide, pourront être fortifiées et dégagées de tous les dangers qui menacent leur sûreté.

Ainsi des deux côtés on est d'accord pour un armistice. Mais sur quelle ligne de démarcation les deux armées s'arrêteront-elles? Hambourg et Breslau sont les deux points qu'on se dispute avec le plus de vivacité.

La ligne de l'Elbe est trop importante à la sûre

Sa première opération a été de mettre la main sur les dotations appartenant en Pomeranie à ses anciens frères d'armes Soult, Marmont, Gudin, Boudet, Morand, Andréossi, etc., etc.

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