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CHAPITRE VII.

SUITE DES ÉVÉNEMENS DU NORD. L'ARMÉE FRANÇAISE SE RETIRE SUR L'ODER, ET ENSUITE SUr L'ELBE.

Hâtons-nous de reprendre la suite des grands événemens qui doivent seuls avoir de l'importance dans l'histoire de cette année.

Pendant le séjour de Fontainebleau, les dépêches de l'armée n'ont présenté qu'une succession de fautes et de malheurs.

Le roi de Naples, laissé à lui-même, n'a pensé qu'à précipiter sa retraite. Courant de Koenisberg jusqu'à Posen, il a jeté

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4,000 Bavarois et 2,000 Français sous les ordres du général de génie Poitevin.

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1,000 Français, 1,000 Saxons et 6,000 Polonais sous les ordres du général hollandais Daendels.

3 4,000 Polonais sous les ordres du général Hauke.

6,000 Prussiens dans Grandentz,

et 30,000 Français dans Dantzick '.

Total... 54,000 hommes.

Enfin, à peine arrivé le 16 de sa personne à Posen, il a résigné le commandement, a pris la poste, et s'en est allé vers Naples 2.

C'est le général Rapp, brave et intrépide soldat, qui est chargé de la défense de Dantzick. Le général Lepin commande sous lui l'artillerie; les généraux Campredon et Richemond y commandent le génie ; la cavalerie est sous les ordres du général Cavaignac; les marins sont commandés par le contre-amiral Dumanoir. Les généraux Grandjean, Bachelut, Heudelet et Franceschi sont à la tête de l'infanterie composée de deux divisions françaises et de divers bataillons napolitains, westphaliens, francfortois, bavarois, et polonais. Un bataillon d'élite est formé de tous les hommes de la garde qu'on a pu réunir.

2 Lettre du prince de Neufchâtel,

Sire,

A l'empereur Napoléon.

Posen, le 16 janvier 1813.

Un aide de camp du roi m'a apporté à midi une lettre de S. M. le roi de Naples, dont la copie est ci-jointe. J'ai engagé le roi à conserver le commandement de l'armée. Il m'a répondu qu'il était invariablement décidé. Je lui ai observé qu'il ne pouvait pas partir que le vice-roi ne fût arrivé, puisqu'il devait être ici dans la soirée.

Malgré les instances du vice-roi, sa majesté a persisté

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Cependant, le 18, les Russes ont franchi la Vistule; Wittgenstein, laissant un corps d'observation devant Dantzick, s'avance par la route

à quitter le commandement. Le vice-roi ne voulait pas l'ac'cepter; mais enfin, les voitures du roi étant prêtes, j'ai décidé le vice-roi à prendre provisoirement le commandement. Je l'ai assuré de mon zèle, malgré l'état souffrant dans lequel je suis; votre majesté sentira combienil est important qu'elle organise sa grande armée, qu'elle nomme par décret son lieutenant général. Je ne me permets aucune réflexion sur la conduite du roi. Je me mets sous les ordres du vice-roi.

Je présente à votre majesté l'hommage de mon profond respect.

Le prince de Neufchâtel, major général.

Signe, ALEXANDRE.

Extrait d'une lettre de l'empereur,

A sa soeur Caroline, reine de Naples.

Fontainebleau, le 24 janvier 1813.

Le roi a quitté l'armée le 16!... Votre mari est un fort brave homme sur le champ de bataille; mais il est plus faible qu'une femme ou qu'un moine quand il ne voit pas l'ennemi. Il n'a aucun courage moral.

Extrait d'une lettre de l'empereur,

Au roi de Naples (Murat).

Fontainebleau, le 26 janvier 1813.

Je ne vous parle pas de mon mécontentement de la con

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de Stettin, Tchitchagoff par celle de Posen, et Wintzingerode par celle de Kalitch, tandis que notre armée, que tant de garnisons ont achevé d'épuiser, accélère sa retraite vers l'Oder. Déjà la file des bagages a paru dans Berlin.

Telles sont les nouvelles du Nord. A nos embarras militaires il faut ajouter les vives inquiétudes que nous donne la Prusse.

C'est le 5 janvier que le roi a montré tant d'indignation de la conduite de son général Yorck; et le prince de Hatzfeldt, qu'on paraissait si empressé d'envoyer porter des explications à Paris, n'est parti que le 11 pour sa destination. C'est le 5 janvier que l'ordre d'arrêter le général Yorck a

duite que vous avez tenue depuis mon départ de l'armée ; cela provient de la faiblesse de votre caractère. Vous êtes un bon soldat sur le champ de bataille; mais, hors de là, vous n'avez ni vigueur ni caractère. Je suppose que vous n'êtes pas de ceux qui pensent que le lion est mort. Si vous faisiez ce calcul, il serait faux!.....

Nota. Ces lettres confidentielles, que nous rapportons ici à leur vraie date, ont depuis fourni le texte des copies falsifiées qui, sous la date supposée de février et de mars 1814, ont aidé à compromettre le roi Murat avec les alliés et servi de prétexte aux récriminations de lord Castlereagh contre ce malheureux prince. (Voyez les éclaircissemens qui se trouvent à cet égard dans le Moniteur, no. 134, année 1815.)

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été donné, dit-on, et ce n'est que le 19 que la Gazette officielle de Berlin a parlé de l'événement.

Enfin, trois jours après cette publication, le 22 janvier, le roi de Prusse a quitté brusquement Postdam; la route qu'il a prise le conduit au devant de l'empereur Alexandre : c'est à Breslau qu'il est allé.

Cependant notre ambassadeur, M. de SaintMarsan, a été invité à suivre le cabinet. Le maréchal Augereau continue de commander sans opposition à Berlin; il garde jusqu'à la fin des ménagemens dont il aurait pu dès lors s'affranchir, et nos relations avec les autorités prussiennes conservent l'allure de l'alliance à travers les graves soupçons qui nous occupent, et l'impatience ennemie que les habitans ne peuvent plus cacher.

Une telle situation est trop contrainte pour rester long-temps indécise. Les événemens qui se pressent vont bientôt la fixer.

C'est à son retour de Fontainebleau que Napoléon apprend que le roi de Prusse a quitté Postdam; mais le vice-roi a saisi d'une main ferme le commandement de l'armée, et le dévouement de ce jeune prince rassure déjà Napoléon sur ce qui peut se passer du côté de l'Oder 1.

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« Le roi de Naples, étant indisposé, a quitté le com

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