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Au lieu de peupler vos cités de couples heureux pour qui brille le soleil des printemps et dont le nid joyeux se révèle par des fenêtres fleuries et des berceaux garnis, n'allez-vous nous imposer la rencontre que de charmes prématurément fanés, de corps desséchés, de caractères revêches et de teints terreux, blafards et jaunâtres ?

Chez les Indiens, la virginité était une honte après l'âge de la puberté. Zarathustra envoyait en enfer toute fille qui mourait vierge.

Mais il paraît que ce sont les Indiens qui étaient alors des Barbares !...

J'ai souvent cité Marestan au cours de cette méditation : c'est à lui que j'emprunterai la dernière phrase que je donnerai à méditer à mes lecteurs à propos de ce chapitre :

« C'est pour sauvegarder leur honneur que quantité de jeunes filles, qui n'ont pu se marier, rongées de chlorose, dévorées d'ardeurs inassouvies, se contraignent à une existence sans joie. C'est au nom de la morale outragée que des employeurs jettent journellement à la rue, sans ressources, les filles en état de grossesse avancée, et que de tendres parents, par crainte du « qu'en dira-t-on ? », achèvent de pousser vers l'extrême misère, la noyade ou la prostitution, en leur refusant le suprême asile du toit paternel, celles qui ont commis l'imprudence de se donner sans l'estampille de la mairie. »>

Mais, me direz-vous peut-être, en admettant qu'en effet nous n'ayons pas la faculté de sevrer tant de femmes du bonheur auquel elles ont incontestablement droit, votre solution : « plusieurs femmes

pour le même homme » serait-elle aussi avantageuse :

a) pour les hommes ;

b) pour les femmes qui sont actuellement leurs épouses monogamiques ?

Patience nous allons y arriver; mais pour cela, il nous faut au préalable étudier précisément cette monogamie, forme actuelle du mariage, dire quelques mots de cette institution, du caractère de la femme et de la jalousie. Aussi comme, d'une part, nous avons encore un long chemin à parcourir ensemble, et comme d'autre part, nous avons déjà déblayé du terrain, je vous propose, comme délassement d'étape entre deux méditations, le divertissement d'une brève lecture.

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AVIS ET OPINIONS DE NAPOLÉON, DE MONTESQUIEU, DU PAPE GREGOIRE II, DE VOLTAIRE ET DE RESTIF DE LA BRETONNE, TOUS FAVORABLES A LA POLYGYNIE (OU POLYGAMIE POUR LES HOMMES).

Ier

L'Opinion de Napoléon I"

Donnons celle-ci en premier lieu, parce que ce fut lui qui institua nos Codes, dont l'un punit le crime de bigamie !

« Nous n'entendons rien aux femmes, nous autres peuples de l'Occident: nous les avons portées, à grand tort, presque à l'égal de nous. Les peuples de l'Orient ont bien plus d'esprit et de justesse : ils les ont déclarées la véritable propriété de l'homme. Et, en effel, la nature les a faites nos esclaves; il faut que les femmes tricotent. Ce n'est que par nos travers d'esprit qu'elles osent prétendre à être nos souveraines; elles abusent de quelques avantages pour nous séduire et nous gouverner. Pour

une qui nous inspire quelque chose de bien, il en est cent qui nous font faire des sottises. La femme est donnée à l'homme pour qu'elle fasse des enfants. Or une femme unique ne pourrait suffire à l'homme pour cet objet : elle ne peut être sa femme quand elle nourrit ; elle ne peut être sa femme quand elle est malade; elle cesse d'être sa femme quand elle ne peut plus lui donner d'enfants. L'homme, que la nature n'arrête ni par l'âge ni par aucun de ces inconvénients DOIT DONC AVOIR PLUSIEURS FEMMES. >>

L'Avis de Montesquieu

« C'est une grande question parmi les hommes de savoir s'il est plus avantageux d'ôter aux femmes la liberté que de la leur laisser. Il me semble qu'il y a bien des raisons pour et contre. Și les Européens disent qu'il n'y a pas de générosité à rendre malheureuses les personnes que l'on aime, nos Asiatiques répondent qu'il y a de la bassesse aux hommes de renoncer à l'empire que la nature leur a donné sur la femme. Si on leur dit que le grand nombre des femmes enfermées est embarrassant, ils répondent que dix femmes qui obéissent embarrassent moins qu'une qui n'obéit pas. Que s'ils objectent, à leur tour, que les Européens ne sauraient être heureux avec des femmes qui ne leur sont pas fidèles, on leur répond que cette fidélité, qu'ils vantent tant, n'empêche point le dégoût qui suit toujours les passions satisfaites... Peut-être qu'un homme plus sage que moi serait embarrassé de décider, car si les Asiatiques font fort bien de chercher des

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