HQ • A62 1723 « D'après les résultats du dernier recensement (SÉNATEUR HUGUES LE ROUX.) Pourquoi imposer une seule femme à l'homme, (Pétition envoyée à la Chambre des députés en « Nous voulons régénérer le mariage et dévelop- (LES MISSIONNAIRES MORMONS.) GEORGES-ANQUETIL La Maîtresse Légitime ESSAI SUR LE MARIAGE Dans sa troisième partie, ce livre contient, spécialement Rachilde Mesdames Aurel Colette (de Jouvenel) - Lucie Delarue-Mardrus - - et de MM. Brieux et Henri Lavedan, de l'Académie Française - Lucien LES EDITIONS GEORGES-ANQUETIL 5, Rue Boudreau, 5 PARIS (IX) Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays, Copyright 1922 by Georges-Anquetil. Jadis, toutes les femmes étant au pouvoir d'un mari polygame et l'adultère étant puni de mort, ces sauvages avaient les mœurs les plus pures. Les Missions évangéliques ont défendu la polygamie, ce qui a aussitôt institué la prostitution; elles ont aboli la peine terrestre de l'adultère, et immédiatement toutes les femmes sont devenues infidèles. Je ne blâme pas les missionnaires d'avoir libéré les Fidjiennes d'une autorité maritale excessive, mais je ris de ces médiocres psychologues qui ont cru moraliser et qui ont dépravé. Une conséquence plus grave de l'abolition de la polygamie, c'est que l'homme qui n'a plus qu'une femme, lui demande maintenant la besogne qui, jadis échéait à ses trois, quatre ou cinq femmes. Cela explique que ces malheureuses s'adonnent à l'amour libre et préfèrent vivre en prostituées plutôt qu'en esclaves. »> Préface de Victor MARGUERITTE Voici un très curieux et vivant livre, qui, présenté sous forme d'essai sociologique, est une importante contribution à cette perpétuelle tentative de réfection des codes, à laquelle s'acharnent les rêveurs, c'est-à-dire, au demeurant, les véritables réalisateurs, soucieux d'accorder le déséquilibre évident des lois et des mœurs. Celles-ci sur certains points avancent, sur d'autres points retardent. Celles-là sont toujours à des lieues en arrière ! D'où le plus fâcheux tiraillement, pour les imprudents qui se mêlent de réfléchir en vivant. La masse se résigne et souffre. Honneur à ceux qui se révoltent ! C'est à ceux-là que le progrès doit de n'être pas un mot vide de sens, une bulle crevée, un rien désespérant. Georges-Anquetil, directeur du Grand-Guignol, qui à sa courageuse manie de dire tout haut ce qu'il pense être juste dut l'honneur d'être, comme au grand siècle, embastillé, voire bastonné par des seigneurs mécontents, Georges-Anquetil, qu'on poursuivit sous le fallacieux prétexte d'outrage aux mœurs, pour avoir dit le triste état des Phynances de notre trosième Mère-Ubu, est un de ces révoltés nécessaires. Avocat et journaliste, il manie, avec force, une plume acérée. Il s'en est servi, cette fois, pour attirer l'attention des Parlements « sur l'ampleur du problème sexuel et sur les dix-huit millions d'Européennes que le surnombre des femmes, le massacre des mâles et l'égoïsme de la monogamie condamnent aux misères physiologiques et morales du célibat. >> Et se basant sur cette exacte remarque du sénateur Hugues Le Roux: « D'après les résultats du dernier recensement publiés à l'Officiel, nous comptons, en France, quatre demoiselles à marier pour un homme en âge de les épouser dans les conditions d'avant-guerre », pour conclure, il réclame l'abrogation de l'article 340 de notre Code pénal interdisant et punissant la bigamie et, a fortiori, la polygamie. Fort bien ! Et je n'y vois pour ma part nul inconvénient. Je souscris même, très volontiers, à la plupart des observations par quoi l'auteur, appuyé sur quantité de littérateurs, de médecins, de sociologues et de moralistes, dont il cite ingénieusement et abondamment les textes, vient aux fins de sa démonstration. Et je conviens que celle-ci, si elle s'en tenait à l'énoncé de la conclusion susdite, serait d'une irréfutable logique. La polygamie masculine, ou, pour préciser, la polygynie, qui est le fait d'aimer, marié ou non, ensemble ou successiyement, plusieurs femmes, est sans doute légalement interdite, puisque nos Catons estiment que le marié bigame est un véritable criminel passible des travaux forcés à temps. Ainsi, a fortiori, comme le constate Georges-Anquetil, après Molière: La polygamie est un cas, est un cas pendable. Mais seulement lorsque notre polygame ou gyne a commis l'imprudence de faire constater par M. le maire sa seconde nion !... La loi, ici, est inflexible. C'est que, je l'ai écrit cent fois, le mariage, aux yeux du législateur bourgeois, est une prison-forteresse. Triples murs bâtis autour de l'héritage! La famille, cellule sociale, repose toute sur le roc stérile du patrimoine. Le coffre-fort, voilà le Saint des Saints. Dans les mœurs, au contraire, licence totale. La polygynie foisonne, en plein et tranquille épanouissement. Il y a bien, de temps en temps, quelques brownings passionnels qui pétaradent! Réflexe du temps des cavernes, aux mains de la maîtresse trahie ou de l'épouse abandonnée. La femme qui tue n'a pas d'excuses. Aucun être humain n'a, sur un autre, droit de propriété. Il va de soi que le monsieur qui massacre m'apparaît plus répugnant encore. Une séculaire faiblesse peut donner parfois au meurtre commis par la femme un faux-semblant de circonstances atténuantes. L'antique usage de la domination et de la force rend le meurtre du jaloux le plus ignoble de tous les crimes. Vilà l'article du Code à abolir, tout de suite, vous permettez, Georges-Anquetil? L'article rouge, qui fait innocenter, par la sauvage sensiblerie des jurys, le mâle assassin. Au surplus, c'est là parenthèse. On tue de moins en moins, |