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Un jour elle pensa entendre une voix qui lui disait: Jeanne, va trouver le roi de France; demande-lui une armée, et tu délivreras Orléans. Jeanne était timide et douce, mais, persuadée qu'elle était l'instrument de la Providence, elle se décida à partir.

Charles, après beaucoup d'hésitation, donna à la jeune fille le commandement d'une armée. Jeanne marcha sur Orléans et eut la satisfaction de pénétrer dans la ville et d'obliger les Anglais à lever le siège.

Après Orléans, Jeanne se dirigea vers Reims, où elle voulait faire sacrer le roi. D'Orléans à Reims la route était longue, couverte d'ennemis. Jeanne les battit à chaque rencontre, et son armée victorieuse entra à Reims, où le roi fut sacré dans la grande cathédrale. Jeanne déclara alors que sa mission était finie et qu'elle devait retourner à la maison de son père. Mais le roi n'y voulut pas consentir et la retint en lui laissant le commandement de l'armée.

Bientôt Jeanne fut blessée à Compiègne, prise par trahison et vendue aux Anglais, qui l'achetèrent dix mille livres. Puis les Anglais la conduisirent à Rouen, où ils l'emprisonnèrent. Après un long procès, après des tourments et des outrages de toute sorte, elle fut condamnée à être brûlée vive sur la place de Rouen.

Quand Jeanne apprit qu'elle devait être brûlée, elle se mit à pleurer; mais jusqu'au dernier soupir elle déclara qu'elle avait obéi à Dieu, qui lui avait commandé de combattre pour la France.

Une foule immense assistait à son supplice; les Anglais étaient joyeux, et les Français murmuraient contre une si injuste sentence; mais sa douceur et sa piété touchèrent tout le monde.

On la fit monter sur un bûcher élevé. Sur sa tête on avait placé une mitre où on lisait ces mots: "hérétique, relapse, apostate, idolâtre." Son confesseur était monté sur le bûcher

avec elle. Elle le fit descendre quand le bourreau alluma le feu: "Tenez-vous en bas, lui dit-elle; levez la croix devant moi, que je la voie en mourant, et dites-moi de pieuses paroles jusqu'à la fin.”

L'évêque de Beauvais s'approcha, espérant sans doute que la frayeur lui ferait prononcer quelques paroles dont on tirerait parti contre sa mémoire. Elle se contenta de lui dire: "Évêque, je meurs par vous." "O Rouen, Rouen, ajouta-t-elle, j'ai grand'peur que tu ne souffres à cause de ma mort!" On l'entendit encore prier au travers de la flamme; le dernier mot qu'on put distinguer fut "Jésus!" On raconta qu'on avait vu son âme s'envoler vers le ciel sous la forme d'une colombe. Tous les Français furent persuadés qu'on avait brûlé une sainte, et les Anglais eux-mêmes n'étaient pas éloignés de le croire. Ce crime, par lequel leurs chefs espéraient ranimer leur confiance, les rendit plus odieux encore, sans raffermir leur domination.

Questions.

1. Dans quelle province Jeanne d'Arc est-elle née ?

2. En quelle année ?

3. Dans quelle situation se trouvait alors la France ?

4. Depuis combien d'années la guerre et la famine désolaient-elles la France ?

5. Au pouvoir de qui se trouvait presque tout le pays?

6. Jusqu'où s'étaient avancés les ennemis?

7. Comment les paysans étaient-ils traités par les envahisseurs ?

8. Au pouvoir de qui les maisons abandonnées et les campagnes désertes étaient-elles ?

9. Qui était alors roi de France ?

10. Quel était son caractère ?

11. Quels sentiments Jeanne éprouvait-elle lorsqu'elle pensait à ces tristes choses?

12. Qui Jeanne priait-elle alors ?

13. Que pensa-t-elle entendre un jour ?

14. Jeanne était-elle hardie ?

15. De quoi était-elle persuadée ?

16. A quoi se décida-t-elle ?

17. Que fit le roi après beaucoup d'hésitation ?

18. Sur quelle ville Jeanne marcha-t-elle ?

19. Pourquoi Jeanne marcha-t-elle sur cette ville plutôt que sur toute autre ville de France ?

20. Quel fut le résultat de cette expédition ?

21. Vers quelle ville la jeune héroïne se dirigea-t-elle alors?

22. Quel était son but en se dirigeant vers cette ville?

23. Y avait-il une grande distance d'Orléans à Reims ?

24. La route entre les deux villes était-elle libre ?

25. Jeanne réussit-elle à entrer à Reims ?

26. Que fit-elle quand elle y fut arrivée ?
27. Qu'est-ce que c'est qu'une cathédrale ?
28. Que déclara alors la courageuse jeune fille ?

29. Le roi voulut-il consentir à sa requête ?

30. Au siège de quelle ville Jeanne fut-elle blessée ?

31. Comment tomba-t-elle entre les mains des Anglais ?

32. Quelle somme les Anglais payèrent-ils pour l'avoir ?

33. Où les Anglais la conduisirent-elle ?

34. Comment fut-elle traitée par les ennemis de la France? 35. A quoi la pauvre fille fut-elle condamnée ?

36. Où son exécution devait-elle avoir lieu ?

37. Que fit Jeanne quand elle apprit sa condamnation ?

38. Que déclara-t-elle avant de mourir ?

39. Qui assistait à son supplice?

40. Quels étaient les sentiments des Anglais ?

41. Que pensaient les Français de la condamnation de Jeanne ?

42. Par quoi tout le monde fut-il touché?

43. Où la fit-on monter?

44. Que plaça-t-on sur sa tête ?

45. Qui était monté avec elle sur le bûcher?

46. Quand fit-elle descendre cet homme courageux ?

47. Que dit-elle à son confesseur ?

48. Qui s'approcha alors du bûcher?

49. Pourquoi cet homme s'approcha-t-il du bûcher?

50. Quelles paroles Jeanne lui adressa-t-elle ?

51. Que dit-elle en parlant de la ville de Rouen ?

52. Que faisait-elle tandis que la flamme l'entourait ?
53. Quel fut le dernier mot qu'on l'entendit prononcer?
54. Que raconta-t-on après sa mort?

55. Que pensaient les Français de Jeanne d'Arc ?

56. Les Anglais avaient-ils la même opinion?

57. Qu'espéraient obtenir les généraux anglais par l'exécution de Jeanne

d'Arc ?

58. Les espérances des chefs anglais se réalisèrent-elles ?

59. Dites ce que vous pensez de l'héroïne de Domrémy.

60. Dites ce que vous pensez de son exécution.

lorsque Jeanne pensait à ces tristes choses.

Remarque. Il ne faut pas oublier qu'après le verbe penser on se sert en Français de la préposition à, tandis qu'on emploie en anglais la préposition of.

la route était longue.

Nota. — Les deux adjectifs long et oblong forment leur féminin par l'addition de ue au masculin.

mais le roi n'y voulut pas consentir: le mot y, qui s'emploie comme adverbe, s'emploie aussi comme pronom comme dans l'exemple ci-dessus : le roi n'y voulut pas consentir. Dans cette phrase y équivaut à à cela.

une foule immense assistait à son supplice.

Observation. Il faut remarquer que le verbe assister à la forme transitive a la signification de aider, tandis qu'à la forme intransitive il veut dire être présent.

Forme transitive. — Il faut assister les malheureux.

Forme intransitive. — Une foule immense assistait à son supplice.

Trente-septième Leçon.

Trois Héroïnes françaises.

Jeanne Hachette.

Toutes les nations ont eu des héros; la France seule a eu des héroïnes. Jeanne d'Arc, dont nous venons de lire la vie et la mort si touchantes, Jeanne d'Arc, dont la noble et sainte

figure est restée sans parallèle dans les annales de l'histoire, n'a pas été la seule femme héroïque de France. Elle a eu des successeurs. Jeanne Hachette, elle aussi, a conquis dans le cœur de son pays une place à laquelle bien peu peuvent prétendre.

Dans les temps troublés du règne de Louis XI (1461–1483), alors que ce perfide mais patriotique monarque s'efforçait de fortifier son royaume si ébranlé par la guerre de cent ans, les différents seigneurs, qui voyaient leur pouvoir s'effondrer par l'unité du pays, formèrent contre le roi des ligues nombreuses et formidables.

Parmi ces nobles se trouvait le Duc de Bourgogne, Charles le Téméraire. Pendant la troisième ligue ce prince vint mettre le siège devant Beauvais, espérant y entrer sans difficulté. La ville, en effet, ne contenait qu'une très-faible garnison. Mais les bourgeois s'armèrent en toute hâte et occupèrent le rempart, d'où ils firent, avec leurs arquebuses, beaucoup de mal à l'ennemi. Les femmes allèrent bravement leur porter des munitions et des vivres.

Plusieurs combattirent, faisant rouler des pierres dans le fossé, ou bien versant de l'eau bouillante sur les assaillants. Parmi elles se distingua une jeune fille appelée Jeanne Laîné. Une des premières elle vola à la défense de la ville où elle était née, et sur les remparts elle combattit bravement, attaquant avec une hache les soldats bourguignons qui donnaient l'assaut à Beauvais.

Elle fut si héroïque, et se montra si vaillante, qu'elle fut surnommée Jeanne Hachette à cause de l'arme dont elle se servit contre les ennemis.

Pour garder le souvenir de cette belle défense, le roi ordonna qu'il serait fait tous les ans, au jour anniversaire de la délivrance de Beauvais, une procession, où une place d'honneur serait réservée aux dames de la ville.

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