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amenant, dans la paix et la sécurité du labeur de la terre, leur pain du lendemain.

Et, poursuivant mon chemin, je songeais au petit calvaire qui plus loin, à la descente de la dune, marque l'endroit de la côte où, quelques années auparavant, en une nuit de tempête, vinrent se briser deux goélettes françaises. Le souvenir en est resté pieusement gravé dans la mémoire des habitants, et depuis lors le petit calvaire devint un lieu de pèlerinage. Les femmes de marins, celles qui pleurent ou celles qui peuvent espérer encore, vont là se prosterner.

Et brusquement il m'apparut, le petit calvaire, avec son toit flamand que les embruns commencent à ronger, mais je n'arrêtai discrètement: à genoux priait une affligée.

C'était une jeune femme: elle priait, faisait aussi prier son enfant, dont elle tenait les deux mains jointes et qui semblait s'unir de ferveur avec elle. A son costume, je ne la reconnaissais pas pour une femme de la côte; elle n'avait pas non plus la mine campagnarde, et paraissait plutôt une ouvrière des villes. Quelle invocation l'amenait à cette place, où ne s'agenouillent d'ordinaire que les épouses, les filles ou les fiancées des matelots?

Le bruit de mon approche ne l'avait pas distraite; elle s'absorbait dans sa supplication sainte, et je la contemplais, elle et son bébé, profilant leurs physionomies graves sur l'immensité bleue du ciel et de la mer.

Le flot calme, l'azur limpide semblaient propices. C'est par un de ces jours clairs qu'il est parti, le mari, le père; il est parti dans la lumière, mais, comme tant d'autres, sans doute pour aller se perdre en des fonds ténébreux. Au lieu des richesses attendues, la femme, l'enfant ne gagnent à son départ que la misère et l'abandon.

Et je m'attardais, retenu, sollicité par une vague pitié pour ces deux êtres, que je devinais victimes de quelque entreprise chimérique.

Questions.

1. Où est située la ville de Dunkerque ?

2. Qu'est-ce que c'est que des dunes ?

3. Quelles traces de leur passage les paquebots laissent-ils ? 4. Les voiliers vont-ils aussi vite que les paquebots ?

5. Le métier de matelot est-il un métier dangereux ?

6. Quels dangers le matelot a-t-il à craindre sur l'océan ?

7. Quel est l'océan le plus dangereux, l'océan atlantique ou l'océan pacifique ?

8. Pourquoi l'océan pacifique a-t-il été appelé ainsi ?

9. Qu'est-ce que c'est qu'un naufrage?

10. Laquelle des deux existences vous semble préférable: celle du marin ou celle du cultivateur?

11. En souvenir de quel accident un calvaire avait-il été élevé sur la dune ?

12. Qu'est devenu le calvaire depuis cet accident?

13. Les marins sont-ils généralement pieux ?

14. Qui va se prosterner devant ce petit calvaire ?

15. Quel pays les Flamands habitent-ils ?

16. Qui priait devant le petit calvaire ?

17. La personne qui priait devant le calvaire était-elle seule ?

18. Cette femme portait-elle le costume d'une femme de la côte ?

19. Ressemblait-elle à une campagnarde ?

20. La femme priait-elle avec ferveur ?

21. Pour qui priait-elle ?

22. Les femmes de matelots vivent-elles dans l'inquiétude ?

23. Pourquoi ne conseillent-elles pas à leur mari de changer de métier ? 24. Les matelots aiment-ils la mer?

quel fol intérêt entraîne tous ces audacieux: nous avons vu dans la vingt-troisième leçon que beau et nouveau font au masculin bel et nouvel devant les mots commençant par une voyelle ou un h muet; il faut observer que les adjectifs mou, fou et vieux sont dans le même cas et qu'ils font mol, fol et vieil quand le mot qui les suit commence par une voyelle ou un h muet.

Remarque.

Certains auteurs écrivent cependant un vieux homme.

Quarante-septième Leçon.

Sur la Dune (suite).

La jeune femme avait achevé sa prière; je m'étais approché lorsqu'elle se releva; pourtant elle ne parut pas m'apercevoir; elle serra son enfant contre sa poitrine et vivement remonta la pente de la dune. Elle allait disparaître; par un mouvement instinctif je courus vers elle, désireux d'obtenir la confidence de sa détresse et très-impatient d'offrir un secours.

A mon appel elle s'arrêta, non pas confuse, mais effarée comme au sortir d'un rêve; elle eut peine à chasser la vision qui l'obsédait, et c'est lentement, par un retour successif de ses idées, qu'elle parvint à me raconter son histoire.

De petite famille bourgeoise, elle avait en se mariant reçu quelque dot, dont le revenu, si faible qu'il fût, complétait le gain du mari. C'était la vie bien modeste, mais sûre, jusqu'au jour où surgirent les tentations de la fortune. Une colonie se fondait sur un rivage d'Océanie; les prospectus annonçaient un sol fertile, des terres immenses qui devaient rendre au centuple les frais de leur culture. Des mines d'argent abondaient, les fleuves roulaient des pépites. Une sorte d'île aux trésors.

Séduit par une pareille annonce, le mari, d'accord avec sa femme, avait réalisé la petite dot et placé son pécule sur l'avenir de la colonie. Puis, après avoir quitté son emploi, il s'était, avec trois cents dupes de son espèce, embarqué pour cette nouvelle terre promise. Or la terre promise n'était qu'un flot volcanique. Il n'est pas rare que des îles sortent brusquement du fond des eaux dans l'océan pacifique; mais, nées d'une poussée de feu sous-marin, elles se ressentent de leur origine, sont brûlées, arides, sans un arbre et sans un cours d'eau. Telle apparut la fameuse île aux trésors. Quand l'organisateur de l'expédition ent débarqué les trois cents colons sur cette côte déserte, il se hâta de disparaître en emportant

leur argent qu'il s'était fait donner; il les abandonnait à la mort probable: c'était la plus criminelle des duperies.

Cependant, tandis que la jeune femme me parlait de sa déplorable infortune, son visage prenait une expression singulière; à mesure qu'elle avançait dans son récit, elle me seablait plus confiante et moins triste. Soudain elle se pencha vers son enfant, lui sourit et, d'un ton d'exaltation, elle lui dit: "N'est-ce pas qu'il reviendra riche, papa?"

Je regardai la jeune femme. Deux ans entiers s'étaient passés depuis la malheureuse aventure, dont les journaux avaient fait connaître l'issue. Des trois cents colons, quelquesuns seulement étaient parvenus à se rapatrier; tous les autres, assurait-on, étaient morts de désespoir et de détresse! Aussi, devant les paroles de la jeune femme, je n'avais pu réprimer un geste incrédule; elle me fixa de son air résolu, qui prétendait me convaincre; il me parut qu'elle voulait dire:

"Ne doutez pas, monsieur; nous serons riches un jour."

Questions.

1. Que fit la jeune femme après avoir achevé sa prière ?

2. Où alla-t-elle alors ?

3. Que fit ensuite l'étranger?

4. Pourquoi l'étranger désirait-il parler à cette femme ?

5. La jeune femme s'arrêta-t-elle à l'appel de l'étranger ? 6. Avait-elle l'air confuse?

7. Que finit-elle par faire ?

8. De quelle sorte de famille descendait-elle ?

9. Avait-elle reçu quelque chose en se mariant ?

10. Qu'est-ce que c'est qu'une dot?

11. A quoi servait le revenu de cette dot?

12. Cet homme et cette femme avaient-ils assez pour vivre ?

13. Quelle fut la cause immédiate de l'ambition de l'homme ?

14. Qu'annonçaient les prospectus de la colonie?

15. Que fit alors le mari?

16. Etait-il d'accord avec sa femme quand il prit cette résolution? 17. Combien de personnes s'embarquèrent avec lui ?

18. Qu'était en realité cette terre promise?

19. Dans quel océan se trouvait cet îlot?

20. De quoi sont généralement nés ces îlots?

21. Que fit l'organisateur de l'expédition quand il eut débarqué les trois cents colons?

22. Quelle expression avait le visage de la jeune femme tandis qu'elle

racontait son histoire ?

23. Que dit-elle à son enfant en se penchant vers lui?

24. Depuis combien de temps le mari était-il parti ?

25. Certains des colons étaient-ils revenus?

26. Que disait-on des autres ?

27. Quel geste fit l'étranger en entendant les paroles de la jeune femme ? 28. La jeune épouse avait-elle encore foi dans le succès de son mari?

Ces îles nées d'une poussée de feu sous-marin: Nous avons donné, dans la trente et unième leçon, les règles pour la formation du pluriel des noms composés. Pour les adjectifs composés, la règle d'accord peut se formuler ainsi :

Règle. Les mots qui entrent dans la formation des adjectifs composés s'écrivent comme le sens et la nature des mots l'indiquent.

Voici quelques exemples:

1o. Un feu sous-marin.

Des feux sous-marins (sous préposition, invariable).

2o. Un enfant nouveau-né.

Des enfants nouveau-nés (nouveau employé adverbialement, invariable).

3o. Un enfant bien-aimé.

Des enfants bien-aimés (bien adverbe, invariable).

4. Un enfant premier-né.

Des enfants premiers-nés (premiers et nés, adjectifs, varient).

Quarante-huitième Leçon.

Sur la Dune (fin).

Cette obstination dans l'illusion, cette foi persistante malgré la certitude du désastre, n'étaient-elles pas un indice de dé

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