Poésies complètes de Sainte-Beuve

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Charpentier, 1840 - 403 pages
 

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Page 70 - Pour trois ans seulement , oh ! que je puisse avoir Sur ma table un lait pur, dans mon lit un œil noir, Tout le jour du loisir ; rêver avec des larmes ; Vers midi , me coucher à l'ombre des grands charmes ; Voir la vigne courir sur mon toit ardoisé , Et mon vallon riant sous le coteau boisé; Chaque soir m'endormir en ma douce folie , Comme l'heureux ruisseau qui dans mon pré s'oublie; Ne rien vouloir de plus, ne pas me souvenir, Vivre à me sentir vivre!... Et la mort peut venir. PROMENADE....
Page 124 - Ont épuisé ce corps fatigué de douleurs. La voix me reste. Ainsi la cigale innocente, Sur un arbuste assise, et se console et chante. Commençons par les Dieux : Souverain Jupiter, Soleil qui vois, entends, connais tout, et toi, mer, Fleuves, terre, et noirs dieux des vengeances trop lentes, Salut ! Venez à moi de l'Olympe habitantes, Muses; vous savez tout, vous déesses; et nous, Mortels, ne savons rien qui ne vienne de vous.
Page 71 - Moi , j'aime à cheminer et je reste plus bas. Quoi ? des rocs , des forêts , des fleuves ?. . . oh ! non pas , Mais bien moins; mais un champ, un peu d'eau qui murmure, Un vent frais agitant une grêle ramure; L'étang sous la bruyère avec le jonc qui dort ; Voir couler en un pré la rivière à plein bord; Quelque jeune arbre au loin , dans un air immobile , Découpant sur l'azur son feuillage débile...
Page 171 - L'amitié qu'elle implore, et en qui elle veut établir sa demeure , ne saurait être trop pure et trop pieuse, trop empreinte d'immortalité, trop mêlée à l'invisible et à ce qui ne change pas; vestibule transparent, incorruptible, au seuil du Sanctuaire éternel ; degré vivant, qui marche et monte avec nous, et nous élève au pied du saint Trône.
Page 141 - Je ne sais quoi, l'artiste, comme s'il était doué d'un sens à part, s'occupe paisiblement à sentir sous ce monde apparent l'autre monde tout intérieur qu'ignorent la plupart, et dont les philosophes se bornent à constater l'existence; il assiste au jeu invisible des forces, et sympathise avec elles comme avec des âmes; il a reçu en naissant la clef des symboles et l'intelligence des figures...
Page 62 - Non que j'espère encore au trône radieux D'où jadis tu régnais replacer ta mémoire; Tu ne peux de si bas remonter à la gloire : Vulcain impunément ne tomba point des cieux ! Mais qu'un peu de pitié console enfin tes mânes! Que. déchiré longtemps par des rires profanes. Ton nom, d'abord fameux, recouvre un peu d'honneur ! Qu'on dise : II osa trop, mais l'audace était belle.
Page 230 - Car c'est assez pour moi de mon âme à porter, Et, faible, j'ai besoin de ne pas m'écarter. Vous me trouverez donc, en larmes, en prière, Adorant du dehors l'éclat du sanctuaire, Et, pour tâcher de voir, épiant le moment Où chaque hôte divin remonte au firmament. Et si, vers ce temps-là, mon heure est révolue, Si le signe certain marque ma face élue, Devant moi roulera la porte aux gonds dorés, Vous me prendrez la main, et vous m'introduirez.
Page 229 - Afin de mieux remplir le message divin. Vous avez dépouillé l'aile du Séraphin, Et, laissant pour un temps le paradis des âmes. Vous abordez la vie et le monde et les drames. C'est bien ; là sont des maux, mille dégoûts obscurs, Mille embûches sans nom en des antres impurs ; Là, des plaisirs trompeurs et mortels au génie; Là, le combat douteux et longue l'agonie.
Page 330 - II planait sans effort. Hugo, dur partisan (Comme chez Dante on voit, Florentin ou Pisan Un baron féodal), combattit sous l'armure, Et tint haut sa bannière au milieu du murmure : II la maintient encore ; et Vigny, plus secret, Comme en sa tour d'ivoire, avant midi, rentrait (1).
Page 206 - C'est un beau soir, un soir paisible et solennel ; A la fin du saint jour , la Nature en prière Se tait , comme Marie à genoux sur la pierre , Qui tremblante et muette écoutait Gabriel : La mer dort; le soleil descend en paix du ciel ; Mais dans ce grand silence, au-dessus et derrière, On entend l'hymne heureux du triple sanctuaire , Et l'orgue immense où gronde un tonnerre éternel.

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