Images de page
PDF
ePub

4° L'Infante Salicoque, ou les Héros de Roman, comédie en un acte, 1667, non imprimée.

5° L'Ombre de Molière, comédie en un acte et en prose; 1674. On la trouve dans les premières éditions des OEuvres de Molière; mais, comme elle est bien peu digne d'un pareil honneur, les derniers éditeurs se sont bien gardés d'imiter en cela leurs devanciers.

6° Timon, comédie en un acte et en vers; 1684.

Brécourt avait épousé N. Etienne des Urlis.

BRIZARD.

(Jean-Baptiste Britard, dit)

BRIZARD, dont le souvenir est encore cher à beaucoup d'amateurs du théâtre, naquit à Orléans, le 7 avril 1721, de parents honnêtes et assez fortunés. Il fut amené à Paris dans la famille de sa mère, pour y continuer ses études. Peu de temps après, le goût de la peinture s'étant déclaré chez ce jeune homme, destiné à devenir un artiste célèbre dans une carrière différente, il fut mis chez Carle Vanloo, premier peintre du roi, et ses progrès furent si rapides, qu'à

dix-huit ans son maître le trouva capable de concourir pour le grand prix. Il était bon dessinateur, et peignit à cette époque quelques tableaux qui annonçaient de véritables dispositions. Toutefois il ne donna point de suite à ces premières études. Invinciblement entraîné vers le théâtre, Brizard céda sans peine aux instances de Mlle Destouches, directrice des spectacles de Lyon, s'engagea avec elle et joua long-temps dans la province; peut-être ne fût-il jamais venu à Paris, sans Miles Dumesnil et Clairon, qui, ayant conçu l'idée la plus favorable de ses talents, cherchèrent à l'y attirer. Elles y réussirent heureusement pour la scène française menacée alors de la retraite de Sarrazin, et il débuta dans l'emploi des rois et des pères nobles, si bien rempli par ce grand acteur, le samedi 30 juillet 1757. Son premier rôle de début ( Alphonse dans Inès de Castro) n'était pas fort avantageux; cependant il y eut beaucoup de succès. On lui trouva un débi et un maintien nobles, un jeu fait, une figure théâtrale, et l'on jugea qu'aucun des acteurs, qui débutaient concurremment avec lui pour l'emploi de Sarrazin, ne méritait autant de l'obtenir; il fut encore plus applaudi dans les rôles de Brutus et de Mithridate, hien plus difficiles et bien plus brillants que celui d'Alphonse, et fut

reçu au nombre des comédiens français le 13 mars 1758.

Le théâtre de la nation n'avait pas encore possédé d'acteur qui eût autant que Brizard le physique de son emploi. Sa figure, où la dignité d'un roi et la tendresse d'un père se peignaient avec la même facilité, était ombragée par de beaux cheveux blancs qui contribuaient beaucoup à l'illusion parfaite qu'il produisait dans tous ses rôles. Un accident terrible, qui manqua de lui coûter la vie, avait subitement blanchi sa chevelure, longtemps avant l'âge où ce changement devient naturel. On assure que, traversant le Rhône dans une petite barque, Brizard la vit renversée par une mauvaise manoeuvre des mariniers; qu'il eut le bonheur de se prendre à un anneau de fer placé aux piles d'un pont sous lequel la barque était près de passer; qu'il y resta quelque temps suspendu entre la vie et la mort, et que cette affreuse situation l'avait tellement frappé de terreur, que ses cheveux -blanchirent sur-le-champ. Sa frayeur était légitime; s'il n'eût été secouru avec la plus grande promptitude, ses propres forces n'eussent pu le dérober longtemps à une mort infaillible.

Pendant vingt-neuf années que Brizard passa sur la scène française, il s'y montra l'égal des

grands acteurs qui l'avaient précédé dans son emploi, et il contribua au succès de la plûpart des tragédies nouvelles jouées depuis 1757 jusqu'à sa retraite.

Entr'autres rôles établis par cet acteur, nous citerons Argire dans Tancrède, Polidore dans Zelmire, Siffredi dans Blanche et Guiscard, l'Hierophante dans Olympie, Eustache de Saint-Pierre dans le Siége de Calais, le Grand Bramine dans la Veuve du Malabar, Avogare dans Gaston et Bayard, Cindonax dans les Druides, Duguesclin dans Pierre le Cruel, Montaigu dans Roméo et Juliette, Sésostris dens Orphanis, Soliman II dans Mustapha et Zéangir, OEdipe chez Admète, et le Roi Léar.

Nous n'oublierons point le Père de Famille, Dupuis dans Dupuis et Desronais, Vanderk père dans le Philosophe sans le savoir, et Henri IV dans la Partie de Chasse. Brizard semblait avoir reçu pour ce rôle une portion de l'âme d'un roi dont la mémoire sera toujours chère et respectable aux Français; ses vertus le rendaient digne de représenter le meilleur des monarques.

Brizard ne fut pas seulement un grand acteur: il fut encore le meilleur des hommes. Son éloge se trouve dans tous les écrits de son temps qui

ont rapport au théâtre; on l'a délayé dans une multitude de phrases qui toutes peuvent se réduire à celle que nous avons employée, et nous espérons qu'on ne nous accusera point d'avoir méconnu les droits que Brizard s'acquit à l'attachement de ses contemporains, à l'estime de la postérité.

:

Il est quelques acteurs plus occupés de ce qui se passe dans la salle que de ce qui doit les attacher sur le théâtre Brizard n'était pas de ce nombre. Personne ne porta plus loin que lui l'attention à la scène. Un jour le feu prit aux plumes de son casque, sans qu'il s'en apperçût; le public l'avertit du danger qu'il courait; sans se déconcerter, il ôta avec noblesse son casque enflammé, le remit tranquillement à son confident, et continua la scène avec le même sang-froid.

Jouant le rôle de Danaüs dans Hypermnestre, il fut blessé à la main par le comédien Dubois qui s'était servi d'un sabre tranchant; son sang coulait avec abondance; il n'y prenait pas garde; ce fut le public qui l'obligea de se retirer.

Il était plus scrupuleux que Sarrazin sur la vérité des costumes. Le jour de la première représentation d'OEdipe chez Admète, à Versailles, on lui apporta un habit de satin bleu céleste (c'était le roi qui faisait la dépense des

« PrécédentContinuer »