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fort étendues dont cette essence compose la presque totalité du peuplement. Les Kabailes, qui habitent ces montagnes, apportent fréquemment à Sétif des morceaux de cèdre grossièrement équarris, que le génie militaire achète pour faire débiter en planches. Il deviendra facile de concevoir les avantages tachés à l'exploitation de ces masses boisées, quand on saura qu'une he de sapin achetée à Philippeville, et transportée à dos de mulet ou de qu'à Sétif, revient sur ce dernier point à plus de 15 fr.

planci. chan 'eau jus

Les montagnes

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de l'Ouarensénis, situées à environ quarante lieues au sud

du cap Ténès, dans la province d'Oran, renferment également des forêts de plusieur lieues carrées de superficie. C'est surtout au

A

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de développement

s des premiers travaux d'installation

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cèdres qui occupent › Téniat-el-Hau que ces forêts déploient une richesse près du nouveau camp de de végétation qui permet de s › former une idée du degi. que les cèdres peuvent atteindre. Lo.. camp établi sur cette position élevée, le nie militaire fit ouvrir une route à l'aide de laquelle les cedres de la forêt voisine purent fournir les principaux matériaux de construction. Parmi les arbres qui fo, ent abattus, il s'en trouva dont le diamètre était tel, qu'il fallut ajouter et longueur deux lames de scies de 2 mètres chacuné pour parvenir à les débiter. Avec une seule rondelle ou tranche sciée à l'une des extrémités d'un tronçon d'arbre, on a pu fabriquer une table d'un seul morceau, autour de laquelle neuf personnes pouvaient facilement prendre place.

Ces dernières forêts n'ont pu encore être étudiées en détail par les agents du service forestier, dont le faible personnel ne peut faire face à toutes les exigences à la fois. Mais lorsqu'elles auront été explorées avec toute l'attention que mérite leur haut degré d'importance, nous tiendrons les Annales au courant des observations qui y auront été recueillies, et nous espérons que bientôt il nous sera possible de constater avec l'assurance d'une conviction acquise, que ces cèdres historiques, auquel le mont Liban a donné son nom, et dont les dimensions colossales ont été tant de fois citées, doivent céder la palme à ceux qui enrichissent les possessions françaises de l'Algérie.

VICTOR RENOU,

Inspecteur des forêts de l'Algérie.

SUR

LES PLANTATIONS D'ARBRES RÉSINEUX

EN AUTOMNE ET EN HIVER.

C'est une opinion généralement répandue que le printemps est la saison la plus favorable, la seule convenable à la plantation des arbres résineux. De vieux planteurs, des pépiniéristes, des hommes de pratique s'y confor

ment aveuglément et croiraient compromettre la reprise des jeunes pins et sapins qu'ils confient à la terre, s'ils les plantaient en automne ou pendant l'hiver. Les erreurs les plus grandes sont quelquefois celles qui se propagent et s'enracinent le plus facilement dans les habitudes de l'homme, pour peu qu'elles aient acquis la sanction de quelques auteurs estimables, Sou ent entraînés, dans les questions de culture surtout, à fonder des règles genérales sur des faits isolés, insuffisamment étudiés. Si des hom", éclairés par l'expérience, reconnaissent l'erreur, ils l'abandonnent; mais les nes pratiques, hommes pratiques sont rarement ceux qui écrivent; les enseignements qu'ils ont puisés dans leurs travaux restent ignorés de la fou' les fausses théories se maintiennent. Depuis que de nombreux journaux agrie, et c'est ainsi que coles ont pu recue r et publier les faits et les r esultats qui intéressent l'agriCure, cette science, abandonnant l'une après l'autre les vieilles routines qui entravaient son essor, est entrée rapidement dans la voie des perfectionnements : les méthodes simples 2. économiques, les notions d'une expérience incessamment à l'œuvre et dont les travaux sont tous les jours publiés, ont pris la place des pratiques erronées.

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Les Annales forestières doivent à la silviculture les services et les secoursque l'agriculture, a trouvés dans les organes qui lui sont consacrés. Elles recueilleront, pour peu qu'ils paraissent utiles, les faits pratiques qui leur seront communiqués, et dont la connaissance porterait avec elle la rectification d'une erreur ou le germe d'une amélioration.

M. Marsaux a déjà cité des faits à l'appui de son opinion que les arbres verts peuvent être plantés en hiver. Nous publions aujourd'hui deux notes. qui aboutissent à la même conclusion: l'une de M. Adrien Sénéclauze, pépiniériste distingué; l'autre de M. Victor Paquet, rédacteur du Journal d'hor- · ticulture pratique. Espérons que ces communications ne seront pas les seules et que nous aurons pu bientôt justifier cette vérité si généralement méconnue que les arbres résineux, comme les bois feuillus, peuvent être plantés à la fois en automne et au printemps, et que le choix de ces deux saisons doit dépendre des circonstances seules d'exposition, de climat et de terrain.

Les arbres résineux perdent prématurément leur séve ascendante, excepté les très-jeunes mélèzes; presque tous les semis d'un à cinq ans sont cornplétement aoûtés dès la fin de juillet à la fin de septembre le bois est mûr et les bourgeons d'hiver sont formés et apparents: c'est le moment le plus propice pour leur plantation à demeure.

Cependant il existe une prévention presque générale contre les plantations de ces végétaux en automn ́, ce qui résulte naturellement de l'époque choisie pour cette opération. En effet, on appelle planter en automne, depuis la fin

1. Annales forestières, tom. II, pag. 678 et 679.

d'octobre jusqu'au milieu de décembre; alors le temps est déjà froid et humide, et les racines ont de funestes chances à traverser jusqu'à l'époque de la végétation; elles restent dans une complète inertie jusqu'à la séve da printemps.

Nous avions souvent transplanté en automne, dans nos propres cultures, des arbres verts précieux dont l'état l'exigeait; la terre, moite encore, sollicitait l'émission immédiate de nouvelles radicules, lesquelles protégeaient le jeune plant contre les mauvaises influences de l'hiver, et assuraient sa reprise malgré la sécheresse du printemps. En plantant de bonne heure, et ea ne négligeant aucune des précautions requises, ces essais avaient toujours été couronnés d'un plein et entier succès. A la faveur de ces expériences, nous donnâmes le conseil à quelques planteurs d'en agir de même, et leur réussite, comme les nôtres, n'a rien laissé à désirer. Voici les nombreux avantages de cette méthode relativement à l'ancienne en l'employant, nous avons pu terminer en mai des plantations commencées en septembre, suspendues par le froid ou la neige sur les hautes montagnes, et qu'il eût été impossible de mener à bonne fin sans cette manière de procéder Que l'on n'oublie pas que nos automnes sont presque toujours fort beaux et se prolongent bien avant dans l'hiver, tandis que les intempéries fréquentes des dernières années ont fait dire à juste titre que nous n'avions plus de printemps. Souvent la neige couvre encore à la fin d'avril les sommets des montagnes qui doivent recevoir les plantations, lorsque déjà les jeunes plants que l'on doit y placer entrent en pleine végétation dans leurs semis et dans les pépinières, généralement situés sous une température plus douce. Nous devons ajouter que le hâle du printemps brûle promptement les feuilles des arbres résineux, arrachés ou transplantés nouvellement; que les racines sèchent sur-le-champ pour peu qu'elles soient exposées à l'air, et qu'alors, pendant le trajet de la pépinière au lieu de plantation, malgré tous les soins et les préservatifs employés, les arbres fermentent facilement dans leurs emballages par l'effet du mouvement et de l'humidité des séves.

Pour remédier à tous ces inconvénients, on s'occupera d'arracher et de transplanter les jeunes plants vers la fin de septembre, plus tôt ou plus tard selon l'état de la végétation, sur les lieux mêmes où ils doivent être plantés à demeure, après les avoir soigneusement emmoussés et tenus frais, pour éviter de voir dessécher leurs frêles racines. Là on choisira un endroit abrité et ombragé, ou exposé au nord, un terrain léger et sec, lequel sera défoncé et ameubli, pour y mettre en jauge les jeunes plants aussi clair que possible, mais cependant assez rapprochés pour se soutenir mutuellement et pouvoir être défendus par une légère couverture de fougères. Cette opération préliminaire terminée, la plantation commence immédiatement, et si l'on est surpris par le froid ou par la neige, on est assuré de retrouver les plants intacts au printemps, lorsque la plantation peut s'achever sans aucun obstacle.

ADRIEN SÉNÉCLAUZE,
Bourg-Argental (Haute-Loire).

Je partage complétement l'opinion de M. Marsaux sur la plantation des arbres verts résineux. Dès 1839 j'ai publié, dans les journaux de la Normandie, un assez long article, dans lequel je prouvais, par de nombreuses expé riences et des essais répétés plusieurs fois, que les pins et les sapins ne reprennent pas, ou ne reprennent que difficilement dans nos terres de Normandie, parce qu'on les plante à une époque où l'air vif et desséchant pénètre dans l'intérieur de la terre avec une facilité d'autant plus grande que le sol vient d'être remué plus nouvellement. Il en résulte que les spongioles des racines d'un jeune arbre, dont la séve commençait à être en assez grande activité vers mars et avril, se dessèchent; l'arbre éprouve une secousse à laquelle il résiste rarement. Bientôt ses feuilles mollissent, jaunissent et tombent. Voilà des faits constamment observés par moi-même, alors que je dirigeais des plantations assez considérables dans l'arrondissement de Caen. Je m'avisai en 1836 et 1837 de planter à l'automne (novembre et décembre); les pluies de cette saison plombèrent le sol, mes arbres conservèrent une verdure sombre et sévère qui ne permettait pas de distinguer si l'arbre était ou n'était pas de plantation récente. Au printemps la végétation fit des progrès tels que la plupart de mes arbres avaient en août fait des pousses aussi longues que celles des arbres restés dans les pépinières d'Ussy et de Balleroy, d'où je tirais la plus grande partie de mes arbres. Ces résultats satisfaisants m'engagèrent à tenter de déplanter des arbres forts. Un pépiniériste avait des sapinettes (epicea) de 2 à 3 mètres de hauteur, bien garnies du bas et d'une fraîcheur à faire envie à l'homme qui est chargé de créer des massifs d'arbres verts autour d'une habitation dont le propriétaire veut jouir immédiatement. Je pris quelques centaines de ces sapinettes. Elles furent arrachées avec un soin extrême; les racines bien ménagées, la replantation immédiate, des tuteurs et des soutiens mis à toutes, je laissai venir le printemps en attendant les résultats, qui furent admirables. L'été qui suivit la plantation, je fis arroser fréquemment, et je puis assurer que personne n'aurait dit que c'était une plantation de l'année.

En 1839, plusieurs personnes m'engagèrent à publier les résultats que j'avais obtenus. Je l'ai fait dans l'Indicateur de Bayeux, où plusieurs autres journaux et recueils ont puisé l'article, qui a eu ainsi de la publicité.

C'est un défaut trop commun chez beaucoup de jardiniers de couper les racines fracturées d'un arbre résineux; on doit s'en abstenir à moins qu'elles ne soient tout à fait mutilées, et encore je puis affirmer que la rupture est préférable au tranchant d'un instrument. On ne doit jamais toucher ni prendre les arbres verts par la flèche, la main contrarie beaucoup ces végétaux. C'est une faute de tirer l'arbre lorsqu'il est planté trop profondément; ses racines très-cassantes se brisent, ou bien la couronne que leur réunion forme au collet ne permettant pas à la terre de descendre sous l'arbre, il s'y établit des vides et il reste alors mal assis, pour me servir de l'expression pratique. C'est là une des causes qui contribuent le plus à la non-réussite des plantations d'arbres verts résineux.

Voici un autre fait qui n'est pas sans quelque intérêt:

Un propriétaire avait planté deux vastes massifs de sapinettes à l'entréeTM d'une des grilles de son parc; elles étaient dans une terre qui tient le milieu entre la bonne et la médiocre; il y avait cinq ou six ans que les arbres plantés là ne poussaient pas chaque année de jets de plus de 8 à 10 centimètres, quelques-uns même ne poussaient pas du tout. Consulté sur la cause qui produi sait un effet si contrariant, malgré les bons soins du propriétaire qui faisait labourer et biner fréquemment ces arbres verts, j'en fis arracher deux ou trois (c'était à la fin d'avril ou de mai), sur lesquels je reconnus tout de suite que les racines ou plutôt les radicules souffraient presque constamment de la sé cheresse. Il était évident que les binages successifs dont cette plantation était l'objet, permettaient à l'air de pénétrer trop directement sur les racines qui se desséchaient ou languissaient. Je conseillai au propriétaire de faire semer du gazon partout, ce qu'il fit immédiatement. On l'arrêta régulièrement dès qu'il fut levé, on le coupa plusieurs fois dans l'année. Bientôt tout changea de face, les sapinettes poussèrent, verdirent, et quelques années après elles couvrirent entièrement le sol avec leurs branches du bas, et l'herbe futinsensiblement étouffée au fur et à mesure du développement des pousses latérales. On conçoit facilement que la fraîcheur du sol étant conservée par le gazon, les arbres profitèrent de ses influences heureuses sur la végétation, en été surtout: Je suis donc très-éloigné de conseiller les binages dans une nouvelle plantation d'arbres verts résineux, comme on le pratique encore trop souvent dans les contrées où la culturé forestière est dans l'enfance.

VICTOR PAQUET,

Jardinier, rédacteur du Journal d'horticulture pratique.

SEMIS ARTIFICIELS ET PLANTATIONS DE HÊTRE.

Le hêtre est une essence qui se reproduit difficilement par semis artificiel, surtout en terrain découvert et sans abri sa germination et son premier développement ont besoin d'ombre et de fraîcheur, sa jeunesse a besoin d'abri, et il est rare que les semis exécutés sans ces deux conditions de succès réussissent. Nous connaissons beaucoup d'essais tentés avec soin pour reproduire le hêtre par semis artificiel, et nous avons vu extrêmement peu de bons résultats. C'est donc rendre un véritable service à la silviculture que de recueillir, pour les propager, les expériences faites pour la reproduction par semis et par très-jeunes plants d'une essence précieuse par ses qualités, et dont les racines traçantes ne demandent au sol que peu de profondeur pour donner une belle végétation. A une époque surtout où le reboisement

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