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POUR ARRÊTER LES DÉFRICHEMENTS

ET FAVORISER LE REBOISEMENT DANS LEURS COMMUNES.

Pendant que le Gouvernement et les chambres, ajournant leurs promesses de l'année passée, laissent en oubli les mesures reconnues si urgentes pour le reboisement des montagnes, ces importantes questions continuent à être l'objet de la plus vive sollicitude parmi les hommes que leur position ou leurs études appellent à s'en occuper et qui ont à cœur les vrais intérêts du pays. Nous avons reçu à ce sujet des communications précieuses, et dont nous réservons l'emploi jusqu'à l'époque où l'administration jugeant enfin à propos de provoquer à ce sujet des mesures législatives, la publication en deviendra alors plus opportune et plus fructueuse qu'elle ne le serait aujourd'hui. Ce temps venu, nous appellerons l'attention sur plusieurs excellents mémoires relatifs au défrichement et au reboisement, et entre autres sur celui où M. Philippe Kérarmel, trésorier de l'association bretonne, a présenté, à propos du déboisement de la Bretagne et des moyens d'y mettre un terme, les recherches les plus intéressantes, les faits les plus instructifs et les vues les plus sages. Toutefois, nous jugeons convenable de reproduire, dès ce moment, une instruction administrative adressée par un honorable préfet aux maires de son département, et qui présente, sur les défrichements et les reboisements, une série de prescriptions pleines de sagesse et d'utilité. La convocation prochaine des conseils généraux prête, en effet, de l'àpropos à cette instruction qui pourra suggérer à MM. les membres de ces conseils d'utiles pensées, et donner lieu à des mesures non moins utiles.

A MM. les Sous-Préfets et Maires.

La session des conseils municipaux, qui va s'ouvrir, me présente l'occasion d'appeler votre attention sur une grave question, qui intéresse à la fois l'économie politique, l'agriculture, l'industrie et les besoins de la population je veux parler du sol forestier et du reboisement.

Le dépérissement des forêts et les défrichements ont depuis longtemps éveillé la sollicitude du Gouvernement; je citerai, comme témoignage des mesures que dans des temps éloignés on avait ordonnées pour empêcher la dévastation des forêts, une ordonnance du 2 juin 1319, qui prohibe la faculté de laisser aller les bêtes aux taillis qui ne sont pas encore défensables.

Les hommes d'État, qui, dans leur passage aux affaires, se sont le plus occupés des grands intérêts de la France, Sully, Colbert, Turgot, ont fait rendre des ordonnances sur le régime et la conservation des bois.

Si, à ces époques reculées que je viens de rappeler, le mal apparais

sait déjà menaçant et compromettant pour l'avenir, nous sommes tous forcés de reconnaître qu'aujourd'hui il a fait de tels progrès qu'il est urgent de le conjurer.

Réunissons nos efforts pour améliorer le sol forestier, pour créer les ressources qui, bientôt, manqueront à la consommation, et pour préserver le pays des désastres que le déboisement amène après lui.

Des inondations fréquentes, des éboulements considérables viennent porter la désolation dans les plaines et dans les vallées, détruisent les récoltes, couvrent les champs de sables et de graviers, et les rendent improductifs pour plusieurs années.

On est forcé de reconnaître que la cause première de ces malheurs est le déboisement: le sol supérieur n'étant plus contenu par les plantations, par les racines des arbres, a cédé à l'action des eaux; les rochers dénudés ne retiennent plus les eaux pluviales et celles provenant de la fonte des neiges, elles se précipitent comme des avalanches, et produisent ces inondations si brusques, si considérables qui se sont renouvelées depuis quelques années et ont causé d'irréparables malheurs.

Exposés à l'action de l'eau et de l'air, les rochers eux-mêmes s'altèrent et se détachent, et s'abattant sur les pentes et dans les vallées, brisant tout sur leur passage, ils font perdre à l'agriculture ses meilleurs terrains.

Notre pays n'offre que trop d'exemples de ces ravages. Si l'on parcourt les montagnes de Quérigut, d'Ax de Merens et de l'Hospitalet, on a sous les yeux le spectacle le plus affligeant; plus de trace de végétation. Aux lieux où régnaient jadis de belles forêts, des remparts de granit on succédé aux plantations, des blocs de rochers, détachés des sommets, sont entassés les uns sur les autres et ne montrent plus que l'aspect du chaos et de la destruction.

Ces maux sont irréparables, mais nous pouvons empêcher qu'ils ne s'étendent davantage.

Il faut faire comprendre aux populations leurs véritables intérêts, exciter le zèle et appeler le concours de tous; l'incurie, la fausse appréciation de ce qui est vraiment utile ont eu de si malheureux effets, que je ne puis croire qu'il existe un seul administrateur dans les communes, qui ne soit disposé à user de toute son influence pour faire triompher les améliorations que je signale.

Dans les communes où il existe des bois communaux, il faut: 1o que leur aménagement soit réglé de manière à assurer les revenus de la com mune, que les vacants soient repiqués ou resemés, que le recépage, là où il est nécessaire, soit autorisé;

2o Qu'on évite surtout de laisser pénétrer les bestiaux dans les bois non défensables;

3o Que l'on établisse, partout où cela sera possible, des pépinières formées des essences qui conviennent le mieux au pays;

40 Que les terrains autrefois plantés et qui ont été envahis par la vaine pâture, soient, autant que possible, rendus au sol forestier;

5o Que cette opération du reboisement s'exécute d'abord sur les terrains en pente.

Pour les bois soumis au régime forestier, l'autorité locale fera exécuter les travaux sous la direction des agents de l'administration forestière.

A l'égard des vacants ou des parties de bois qui ne sont pas soumises au régime forestier, une commission de trois membres, prise dans le sein du conseil municipal et nommée au scrutin, fera, de concert avec le maire, exécuter les travaux.

Le manque de ressources dans beaucoup de communes peut être un obstacle à ces améliorations; mais on pourrait y suppléer en faisant, sur la vente des coupes annuelles et sur les rôles d'affouage, un prélèvement qui ne pourrait être moindre que du vingtième; ce prélèvement serait fixé par le conseil municipal.

Ces ressources sont faibles; elles n'amèneront que lentement les améliorations que nous réclamons. Mais qu'on entre dans cette voie, qu'on la suive avec constance, et l'on reconnaîtra bientôt ce qu'on obtient avec une persévérance intelligente.

Les communes qui ont des ressources ou qui pourront en créer, en s'imposant quelques sacrifices dans un but si utile, me trouveront toujours disposé à les seconder et à encourager leurs efforts.

Je ne me dissimule pas les difficultés que l'on rencontrera sur plusieurs points, pour renfermer dans de sages limites l'usage des parcours, pour rendre au sol forestier des terrains envahis par la pâture; je sais que l'élève des bestiaux est une des branches les plus importantes du commerce et de l'industrie agricole; mais il m'est démontré que l'usage est dégénéré en abus; que cet usage mieux réglé permettra de concilier et les intérêts de l'agriculture et ceux de tout le pays qui est menacé par la ruine du sol forestier.

L'agriculture a tout à gagner en s'occupant de l'amélioration de ses méthodes, en donnant de l'extension à la culture des plantes fourragères : on compte sur les pâturages; on néglige les prairies artificielles et on reste sans approvisionnement pour l'hivernage.

Ces résultats peuvent être obtenus promptement; il n'en est pas de même pour les bois. Le temps, un travail soutenu peuvent seuls conjurer les calamités qui nous atteignent déjà et qui s'accroîtraient encore dans l'avenir.

Tous les besoins de ce département me préoccupent également; mais au point de vue où je suis placé comme administrateur, comme tuteur des communes, j'ai dû songer à l'avenir du pays.

Cet avenir serait compromis par la durée des abus que je signale. La principale industrie de l'Ariège est celle des fers; elle est déjà depuis

longtemps en souffrance, par suite de la rareté du combustible et du prix auquel il s'est élevé. Ce pays, éloigné de tous les bassins houilliers, ne peut employer le charbon de terre, les transports sont trop coûteux : son usage serait d'ailleurs très-restreint. La méthode employée pour traiter le fer, dans les forges à la catalane, exige le charbon de bois.

Quand de toute part l'industrie prend une extension, un développement qui amène une large concurrence, tous les efforts doivent tendre à apporter une plus grande économie dans la fabrication. Les fers de l'Ariège ont une supériorité reconnue, encore faut-il que leur prix ne soit pas hors de proportion avec celui des autres fers.

Comment espérer un abaissement dans le prix de revient, quand de jour en jour le charbon devient plus rare, qu'il augmente de valeur, et qu'il faut aller le chercher au loin, et cela à grands frais ?

L'industrie des fers doit être soutenue, doit être encouragée; c'est la richesse du pays, c'est elle qui donne du travail, qui fait vivre une population active, laborieuse, qui ne pourrait même pas trouver ailleurs à s'occuper. Les pays de forges sont en général peu fertiles, la terre cultivable manque toute perturbation dans les travaux métallurgiques apporterait la misère au milieu de gens qui ne demandent que du travail et du pain.

Pénétrons-nous bien, Messieurs, de cette situation; elle est grave, elle commande toute votre sollicitude, tout votre patriotisme.

Je me résume, Améliorons le régime de nos bois par des mesures conservatrices; préservons -les des effets déplorables du parcours;

Que les vacants soient récépés, replantés ou resemės;

Nous arrêterons par là les effets des défrichements;

Nous préserverons les versants des montagnes et les vallées des ravages des eaux torrentielles et des avalanches;

Nous accroîtrons l'aisance des communes qui ont des bois;

Nous procurerons à l'industrie des fers des moyens moins coûteux de production, et, par là, nous assurerons l'aisance des ouvriers si nombreux employés à ces travaux.

De pareils résultats, Messieurs, doivent être obtenus avec votre concours, je le réclame avec confiance. Réunissons nos efforts pour assurer l'avenir et la prospérité de ce pays.

Je compte sur vous, et ce ne sera pas en vain que je vous aurai tracé ce tableau des besoins du département. Je suis heureux de m'associer à vous pour leur donner satisfaction. Je n'ai d'autre ambition que d'être utile; je trouverai ma récompense dans le peu de bien que j'aurai été appelé à faire. C'est ainsi que je veux justifier la confiance que m'a donnée le gouvernement paternel du roi, en m'envoyant au milieu de vous.

R. LA RHOELLerie,

Préfet de l'Ariège, Officier de la Légion-d'Honneur.

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