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opérer ce travail par quelques journées de prestations. D'autres communes ont opéré, sans trop de frais, par la voie directe, des semis qui ont déjà acquis une certaine importance.

Qu'on ne recule pas devant une dépense qui, peu considérable, peut préparer de véritables richesses pour l'avenir. Le proverbe dit : Qui ne fait ou ne hasarde rien, n'a rien.

-A diverses reprises, la Société d'encouragement s'est préoccupée des moyens à l'aide desquels on pourrait prolonger la durée des bois employés dans nos constructions civiles et navales, dans le matériel de l'artillerie, de nos fabriques et des exploitations rurales.

Parmi les moyens proposés pour résoudre cette grande question et actuellement soumis au contrôle de l'expérience en grand, on a remarqué les ingénieux appareils à l'aide desquels M. Bréant parvient à forcer l'infiltration de diverses substances liquides ou seulement fluidifiées dans les tissus ligneux.

L'invention consiste, soit dans une pression énergique exercée sur les solutions qui baignent les pièces de bois en vases clos, soit dans une diminution de la pression atmosphérique à laquelle succède, dans les mêmes vases, une forte pression.

Dans le premier cas, les gaz renfermés dans les cellules et fibres végétales diminuent de volume et font place au liquide preservateur; par le second mode d'opérer, on extrait d'abord en partie les gaz qui sortent au travers du liquide et sont remplacés par celui-ci sous l'influence du poids de l'atmosphère et dont la proportion augmente par le second effet d'une pression spéciale.

L'effet de la pénétration des liquides, par ces procédés, dans l'épaisseur des bois tendres et durs ne laissait plus, depuis longtemps, d'incertitude; il a paru plus complet et plus assuré que par tous les moyens essayés jusqu'à ce jour; mais il était important de s'assurer que les bois imprégnés de substances antiseptiques par ce moyen résisteraient aux influences atmosphériques dans des conditions où les mêmes bois à l'état normal s'altèrent profondément.

Tel fut le but que se proposa le conseil d'administration de la Société d'encouragement en chargeant son comité des arts chimiques de vérifier l'état des madriers en sapin imprégnés d'huile de lin siccative et posés, en 1834, sur les traverses d'un des trottoirs du pont Louis-Philippe.

Les commissaires de la Société d'encouragement, réunis le 16 avril dernier sur le pont Louis-Philippe, ont soigneusement examiné les bois imprégnés et ont reconnu qu'ils n'avaient subi aucune altération appréciable; un des madriers fut entaillé jusqu'au milieu de son épaisseur et s'y montra tout aussi sain que vers la superficie. L'altération des planches voisines, placées dans les mêmes conditions, mais non imprégnées, était telle qu'il fallut les remplacer.

De tels résultats, en confirmant tout ce que l'on avait espéré de cette application, offrent aujourd'hui un véritable intérêt public, car M. Bréant et M. Taschereau ont déclaré, par écrit, qu'ils renoncent à leurs droits au brevet d'invention, désirant surtout que ce procédé puisse être exploité sans entrave au profit de tous.

Trois années d'existence ont consolidé le premier succès des Annales et éclairé la route dans laquelle elles s'avancent.

Si des obstacles inhérents à toute entreprise un peu considérable, ont ralenti ou gêné leur marche, le temps, qui est l'auxiliaire assuré de toutes les idées justes et utiles, leur apporte chaque jour plus de moyens de les surmonter. Nous mesurons donc volontiers et le chemin que nous venons de parcourir, et celui qui s'ouvre devant nous, afin d'y trouver soit des encouragements pour ce qui nous reste à faire, soit des enseignements sur ce qui manque encore à notre recueil; car nous ne nous dissimulons pas ce que les Annales laissent à désirer pour répondre à l'attente qu'elles ont fait naître et satisfaire complètement les intérêts dont elles se sont déclarées et dont elles resteront l'organe. Le but qui leur est marqué est trop important pour qu'elles aient pu l'atteindre du premier bond ou pour qu'elles cessent d'y attacher leur regard et de le poursuivre. Nous continuerons donc d'avancer vers ce but avec persévérance, mais avec prudence, nous rappelant et rappelant aussi à l'impatience de quelques-uns de nos lecteurs que le gland ne devient pas chène en un jour, et qu'il a besoin du temps pour acquerir la force de résister aux orages.

Chaque année a été marquée jusqu'ici pour nous par un progrès. Celle qui va s'ouvrir apportera sa part; nous espérons qu'elle ne sera pas la moins abondante.

L'établissement des conférences forestières dont nous faisons connaître aujourd'hui même les premiers travaux vient nous préter un utile concours, et ajouter de nouvelles ressources à notre rédaction.

L'extension croissante de nos relations nous met à même de suivre avec régularité le mouvement commercial des bois dans les divers bassins, et de donner dorénavant à nos mercuriales et à nos revues industrielles le degré d'exactitude et d'étendue auquel elles se sont élevées déjà dans nos dernières livraisons.

Si la nécessité de publier divers articles dont l'ajournement eût coupé mal à propos un même travail en mettant chaque partie dans un volume séparé, nous a fait différer de publier quelques travaux annoncés, tels que la revue des cours publics dans les matières qui touchent à la science forestière; cette revue composée déjà depuis quelque temps trouvera enfin place dans la livraison prochaine, et nos mesures sont prises pour qu'un pareil retard ne se reproduise pas dans l'année où nous entrons.

La même exactitude présidera à l'insertion des réponses aux questions adressées par les abonnés aux comités de jurisprudence et de sylviculture. Ces réponses paraîtront au plus tard dans le mois qui suivra la reception des lettres où elles sont demandées. Une autre amélioration dont nous avons déjà pris l'initiative, sera donnée au Bulletin. Bien que nous ne soyons engagés à n'en publier qu'une feuille par mois, nous doublerons DÉCEMBRE 1844. I. - 39

T. III.

cette feuille toutes les fois que l'abondance des arrêts et des jugements, dont la connaissance importe aux forestiers, le rendra nécessaire.

Les nombreuses mutations opérées depuis un an dans le personnel forestier rendent utile un nouveau tableau de ce personnel. Nous sommes occupés à le préparer. Il paraîtra donc avec la livraison de février ou de mars, et présentera à côté du nom de chaque agent la date de sa nomination au grade qu'il occupe.

Quelques améliorations dans la composition typographique du recueil, rendront plus rares les fautes auxquelles les exigences de la périodicité nous exposent, et feront valoir par la netteté et l'élégance de l'impression, la clarté et l'ordre des matières.

L'attention donnée à ces détails ne nous fera pas perdre de vue le but principal de notre recueil, celui dont la poursuite doit être l'objet de tous nos efforts.

Nous nous rappellerons donc que la sympathie et la confiance des agents forestiers nous imposent le devoir de veiller avec fermeté à la défense de leurs intérêts et de leurs droits.

Nous nous rappellerons que l'importance des intérêts forestiers, dont nous nous sommes constitués les organes, nous impose envers la propriété, comme envers la science forestière, des devoirs non moins graves.

La propriété forestière entre pour plus d'un huitième dans la fortune territoriale de la France. Il est au pouvoir de la sylviculture de féconder cette branche de la richesse nationale et d'en augmenter les produits; Mais la sylviculture est restée depuis bien des années en arrière des progrès de toutes les autres parties de l'agriculture. D'un autre côté, la propriété forestière, trop souvent placée entre des mains insouciantes, n'a pas su obtenir de l'Etat la protection, disons mieux, la justice à laquelle son utilité et son importance lui donnaient droit. Ces deux causes ont contribué également à amener l'état de souffrance et de crise dont les mesures réclamées contre les défrichements constatent la réalité.

Provoquer à la fois le progrès de la sylviculture et l'amélioration du régime actuel de la propriété forestière, telle est la tâche que les Annales ont entreprise, et que les succès déjà obtenus les encouragent à poursuivre. En effet, les questions forestières si longtemps tentes à l'écart commencent à appeler l'attention, et à prendre dans l'économie rurale et politique le rang qui leur appartient. Déjà les études et les travaux sylvicoles sont en faveur. C'est l'honneur des Annales d'avoir provoqué ce mouvement; leur mérite et leur but doit être de l'entretenir, de l'aider, de le diriger dans les voies du progrès. Pour cela elles ont besoin de continuer à compter sur les sympathies et le concours de tous les amis de la science forestière, de tous les défenseurs des intérêts forestiers. Elles espèrent que ce concours et ces sympathies ne leur manqueront pas.

AMÉNAGEMENTS ET ESTIMATIONS. (Suite.)

J'ai exposé dans la précédente livraison sous quel point de vue il m'avait paru intéressant de faire connaître aux forestiers français l'article que j'ai cité de M. Sintzel; je passe donc, sans autre commentaire, au travail de M. le baron de Berlepsch.

Discours sur les principes et la méthode dont il est fait application dans les travaux d'aménagement du royaume de Saxe, prononcé au viie congrès des agronomes et des forestiers à Altenbourg, le 7 septembre 1843.

Parmi les questions proposées au congrès forestier d'Altenbourg pour 1843, se trouve, sous le no 99, la suivante :

Quelles sont les méthodes d'estimation et d'aménagement dont la valeur s'est le mieux vérifiée par la pratique?

Pour tenter la solution de cette question, telle qu'elle est posée ici, il faudrait connaître très-exactement toutes les circonstances intérieures des différents pays de l'Allemagne; car, autrement, il serait impossible de prononcer en connaissance de cause sur l'utilité des méthodes employées. Je ne possède pas une telle connaissance et je sais aussi combien il est difficile de l'acquérir. De plus, je crois que l'on peut admettre avec certitude qu'on trouverait difficilement deux pays, lors même qu'ils seraient d'une étendue bornée, dont les circonstances présentassent une conformité telle que l'on pût considérer comme utile et opportun d'appliquer dans l'un les procédés suivis dans l'autre, sans leur faire subir de modifications.

Je ne me propose donc pas de décider ici quelle méthode s'est le mieux vérifiée, je veux seulement faire connaître la marche que les travaux d'aménagement ont suivie dans le royaume de Saxe, ainsi que les principes régulateurs et les dispositions qui, sous ce rapport, y subsistent et ont été reconnus suffisants dans le cours de la pratique administrative, après avoir pris leur origne dans l'expérience et l'observation d'un grand nombre d'années.

Afin de me faire bien comprendre, je crois nécessaire de donner ici une esquisse succincte des circonstances forestières du pays.

Le royaume de Saxe a, comme on sait, une superficie de 271 milles carrés. Le quart de cette superficie est couvert de bois. Les forêts de l'État en occupent environ le tiers, c'est-à-dire, une contenance d'environ 150,000 hectares.

Conformément à la constitution du

pays,

l'État s'abstient d'intervenir

directement dans l'administration des forêts communales et particulières Les fonctionnaires de l'Etat n'exercent une surveillance générale sur les forêts des communes que pour y empêcher des abus patents et pour y instituer une gestion régulière. Les forêts particulières ne sont l'objet d'aucune surveillance.

La totalité des forêts de l'État est divisée en 15 maîtrises d'arrondissement. Les administrateurs de cantonnements, dont les circonscriptions ne dépassent qu'exceptionnellement une étendue de 1600 à 1800 hectares, exercent sous la direction des maîtres particuliers, l'administration proprement dite. Les forestiers supérieurs oɑ hauts forestiers sont également chargés d'un cantonnement; de plus, ils assistent les maîtres particuliers d'arrondissement en tant que cela est jugé nécessaire, et les remplacent en cas d'empêchement. Pour la police et la surveillance, et aussi pour prendre part à la gestion, quand l'utilité en est démontrée, existe des sous-forestiers et des garde-chasse.

Parallèlement au personnel administratif, est placé l'institut d'aménagement. Il se compose, outre la direction, de sept conducteurs forestiers et de dix à douze aides.

L'institut d'aménagement, ainsi que les maîtres particuliers parfaitement indépendants les uns des autres, sont sous les ordres directs du ministre des finances près duquel est placé un référendaire pour les affaires forestières et de flottage. Ce fonctionnaire correspond avec le ministre; il est le chef de l'administration, sa surveillance s'étend sur toute la partie technique et il procède aux révisions locales qui s'y rattachent.

Sur les 150.000 hectares de forêt, 123, 486 hectares sont peuplés d'essences résineuses. Le hètre n'occupe dans tout le pays qu'une surface de 5, 108 hectares qui sont répandus, par cantons détachés, dans les masses résineuses. Les massifs de hêtre les plus étendus, et d'un seul tenant, ne contiennent pas plus de 500 hectares environ. Le chène ne se rencontre presque pas en massifs purs. Le bouleau et l'aune, taillis simple et composé, ne comprennent qu'une étendue de 5,600 hectares. Les taillis simples et composés, selon la qualité du terrain, sont destinés à être convertis graduellement en futaies feuillues, ou en futaies résineuses. Les motifs de cette opération ne peuvent trouver place ici.

Parmi les essences résineuses, l'épicéa, plus ou moins mélangé de sapin, forme l'essence dominante. Dans l'Erzgebirge ', ils s'élèvent tous denx de 1000 à 1200 mètres au-dessus du niveau de la mer et descendent dans la plaine jusqu'à 150 on 200 mètres, tant qu'ils rencontrent un sol argileux et frais, ou bien aussi un sable fertile et convenablement humecté. Le pin sylvestre habite dans l'Erzgebirge les sols secs et trop peu

Chaine de montagnes vers les frontières de la Bohême.

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