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ter aux prescriptions qu'il contenait, dès qu'elles étaient applicables aux époques éloignées.

Ce sont toutes ces circonstances réunies qui ont fait organiser l'opération de l'aménagement en Saxe telle qu'elle est aujourd'hui.

Je crois devoir faire observer expressément ici que cette opération est combinée principalement pour des forêts résineuses, et qu'il faut la considérer comme étant spécialement applicable au pays sur les conditions forestières et industrielles duquel elle a été basée, après un quart de siècle d'observations détaillées et consciencieuses. Ce qui est très-bon en Saxe peut, en d'autres pays, être nuisible ou ne pas mériter que l'on s'y arrête.

Les idées directrices, les principes fondamentaux, tels qu'ils subsistent en ce moment, peuvent se résumer ainsi qu'il suit :

10 Dans toute opération d'aménagement la partie géodésique et gra phique doit être exécutée avec la plus grande précision jusque dans les moindres détails.

2o La division des différentes parties de forêt et leur distribution dans les affectations périodiques ont lieu par contenance et en tenant compte de la fertilité; cette dernière est évaluéc ou jugée par des estimateurs exercés. Ce procédé imprime à toute l'opération une marche sûre jointe à une grande simplicité; de plus, il rend la vérification plus simple et plus précise que la méthode qui s'appuie principalement pour la formation des affectations, sur le calcul et la distribution du volume. Sous le rapport administratif, cette dernière circonstance est considérée comme déterminante et de la plus haute importance.

3o On estime qu'il est indispensable d'inventorier de nouveau, à certaines époques de la révolution, en Saxe de dix en dix ans, le matériel des forêts; de comparer ce matériel, au commencement et à la fin de la dêcennie, avec les produits obtenus, et de soumettre le plan d'exploitation, dans son ensemble, à un nouvel examen. Des vérifications intermédiaires, de cinq en cinq années, ont lieu dans le but d'arrêter ou de prévenir les irrégularités ou les abus qui pourraient s'introduire dans les différentes branches de la gestion.

4o Les opérations d'économie (culture et exploitation) proprement dites ne sont plus prescrites pour cent ans et plus, mais seulement pour la première décennie, à l'égard de laquelle toutes les circonstances peuvent être embrassées et appréciées avec certitude. Mais ce qui dans le projet appartient à l'aménagement doit être complet pour toute la révolution, afin que les idées et les principes qui ont servi de base à ce travail, soient bien connus des générations futures, et leur donnent le moyen de juger, par la suite, en quoi et comment il pourrait y avoir lieu de les modifier ou de les abandonner.

5 Ces opérations d'économie n'étant prescrites que pour des époques

de courte durée, pendant lesquelles les conditions forestières varient généralement peu, il devient possible d'abréger et de simplifier beaucoup les écritures concernant l'aménagement; cette circonstance procure de grandes facilités dans l'exécution et permet en même temps de vérifier sans difficulté et avec une exactitude suffisante tant les opérations d'aménagement que celles qui s'y rattachent et appartiennent au service actif. Une méthode aussi simple permet, de plus, d'entreprendre en tout temps les modifications, quelque profondes qu'elles soient, que le système d'exploitation pourrait réclamer, sans pour cela exposer l'édifice de l'aménagement à un bouleversement total, ni occasionner des pertes considérables au trésor par suite de frais qui auraient été faits inutilement. Des plans exacts sont, en effet, toujours utiles à l'exacte détermination des contenances, tant celle de la masse que celle de chaque division en particulier, ainsi que l'évaluation de la fertilité de ces dernières, seront toujours indispensables pour apprécier avec certitude les ressources d'une forêt. Quant aux autres opérations, elles ne sont pas de grande impor

tance.

6° Après avoir, dans ce qui précède, rendu compte des précautions prises pour faciliter les changements que pourraient nécessiter les événements; après avoir prouvé, par conséquent, quel grand poids nous accordons au principe du perfectionnement graduel, nous devons faire mention d'une opération à laquelle on doit souhaiter la plus grande stabilité et qui ne peut jamais subir de modifications sans qu'il en résulte de sérieux inconvénients.

Je veux parler de la distribution des forêts en parcelles ou en divisions. Je suis disposé à accorder à cette opération la plus haute importance, surtout dans les pays de montagnes, précisément parce que de fréquents changements y sont très-nuisibles; et je suis d'avis que le talent, l'expérience et l'aptitude particulière du forestier aménagiste se manifestent principalement dans un tel travail. L'étendue, la forme, le genre des limites des divisions qui, dans une série d'exploitation, composent ordinairement une affectation périodique, ont différents degrés d'importance. Des explications détaillées à cet égard nous conduiraient trop loin, quoique, selon moi, le sujet soit digne d'intérêt et très-important. Nous rappellerons seulement qu'en général, la formation des divisions doit dépendre de la configuration du terrain et des différents modes de traite

ment.

Lorsque le terrain le permet, nous adoptons des divisions régulières. La forme en général est rectangulaire, les grands côtés doubles des autres; la contenance est fixée de façon à faciliter la régénération. (En Saxe elle ne dépasse guère 50 à 55 hectares; vers les côtes ou dans les plaines, elle peut être double ou triple; dans les hautes montagnes, au contraire, elle doit être beaucoup moindre.) Les limites des divisions sont

autant que possible, des lignes droites, marquées sur le terrain par des laies étroites.

7o L'estimation des produits matériels alieu au commencement de chaque décennie et pour cette décennie seulement; elle se fait par des évaluations moyennes et par des calculs sommaires. D'autres éléments peuvent être employés d'ailleurs comme moyens de vérification, et afin d'arriver à déterminer la possibilité aussi exactement que la pratique du service l'exige. Ainsi les contenances des divisions, les classes d'âge dont elles font partie, leur coefficient de fertilité, renseignements qui tous sont contenus dans l'état dit de classification; puis le rapprochement du produit moyen des dix ou vingt dernières années avec le rapport existant, par suite de ces exploitations, entre les surfaces occupées par les différentes classes d'âge et de fertilité; enfin certaines circonstances particulières dans lesquelles se trouve la forêt, et qui peuvent avoir exercé ou exercer encore une influence plus ou moins directe sur les contenances, sur la fertilité et sur l'âge des peuplements, ainsi que sur le chiffre de la consommation; telles sont les principales données qui, avec d'autres encore, permettront de proportionner le chiffre des exploitations annuelles aux véritables res sources de la forêt ou du cantonnement.

Une comptabilité simple et bien tenue, telle qu'elle subsiste en Saxe, faisant connaître et mettant en regard les produits des exploitations et le matériel existant, procurera nécessairement avec les années, une masse de faits et une expérience qui rendront la méthode sommaire dont il s'agit de plus en plus exacte et facile.

Quant au rapport soutenu dans les périodes suivantes, il est assuré par les surfaces inversement proportionnelles à la fertilité et à l'àge des peuplements et sur lesquelles on trouvera le matériel nécessaire, en qualité et en quantité, pour alimenter la consommation dans la mesure des ressources du cantonnement. Je demande la permission d'expliquer ma pensée par un exemple.

Supposons une forêt ou un cantonnement, dont les classes d'âge, c'est-à-dire les bois exploitables, ceux d'âge moyen, les perchis et les fourrés, occupent des surfaces exactement proportionnelles à la fertilité du sol et dont, de plus, les peuplements ne présentent pas de différences sensibles, si, après avoir exploité la possibilité calculée pendant une décennie, ce rapport normal des classes d'âge continue à subsister, nul ne contestera, je pense, que le contingent exploité jusqu'ici ne soit conforme aux ressources de la forêt. A quoi bon, en pareil cas, se livrer à des calculs incertains et difficilement intelligibles sur des produits particuliers supposés? On peut, en toute sécurité, conserver le chiffre de la possibilité tel qu'il est fixé, et il ne s'agit plus que de déterminer dans quelles parcelles ou divisions il y a lieu de porter les exploitations en se conformant aux principes d'une culture raisonnée. Que, si le rapport entre les clas

ses d'âge n'est point normal, il y aura lieu de rechercher d'où provient cet état de choses. On examinera d'abord, quel a été le chiffre des exploitations dans les dix ou vingt dernières années; ensuite, quelles sont les circonstances qui ont pu influer d'une manière décisive sur l'état de la forêt; ces points établis, on pèsera quelles sont les modifications à apporter au régime existant, afin de ramener l'état normal graduellement, mais cependant dans le plus court délai possible, eu égard aux circonstances culturales existantes.

Il se présentera peu de cas qui ne permettent pas d'atteindre un résul tat satisfaisant sans avoir recours aux calculs détaillés des produits pour toute la révolution, pourvu que l'on puisse se baser sur une description exacte des peuplements et des terrains et obtenir des renseignements suffisants concernant la quotité des anciennes exploitations et la marche progressive des opérations d'économie en général.

80 La possibilité de la forêt étant fixée, comme il a été dit plus haut, il reste à déterminer dans quelles parcelles ou divisions les exploitations seront assises pendant la première décennie.

Ce travail se fait naturellement en se plaçant au point de vue du projet d'aménagement et en tenant compte d'ailleurs de toutes les circonstances qui, en général comme en particulier, peuvent contribuer à établir la succession de coupes la plus convenable et la plus rationnelle à tous égards. Ordinairement on a à rechercher à quel chiffre s'élève, moyennement et selon l'état de la forêt, la coupe des arbres épars, tels que bois morts, chablis, etc.; en second lieu, quels sont les éclaircies et les nettoiements à effectuer, et quel sera, sommairement évalué, leur produit. Retranchant ses différents produits de la possibilité admisc, le reste fait connaître le volume à exploiter en coupes de régénération régulièrement

assises.

Lorsque les massifs à régénérer prochainement sont arrêtés, ils sont portés sur l'état d'assiette au plan d'exploitation de la première décennie, puis estimés par l'agent aménagiste, à la participation de l'administrateur du cantonnement (garde général); cette estimation le plus souvent se fait à vue d'œil, ou bien en se basant sur des tables d'expérience, ou mieux encore, sur les données consignées dans les sommiers des exploitations. Aux résultats que fournit ce travail, on ajoute le volume des bois épars et des éclaircies. Je ferai observer encore que les coupes doivent se faire annuellement de telle façon que les parcelles produisant des bois de qualités et d'emplois divers les fournissent à la consommation dans la mesure de ses besoins.

9o Le dernier document à établir est l'état des améliorations (repeuplements artificiels, etc.) pour la première décennie.

Tous ces travaux terminés, on dresse, avec les résultats qu'ils fournissent, les états des produits en argent, par maîtrise et pour cinq ans.

La fin à la prochaine livraison.)

A. PARADE

DES EXPLOITATIONS PAR ÉCONOMIE

DANS LES FORÊTS SOUMISES AU RÉGIME FORESTIER.

Au seul titre, tous les forestiers ont deviné qu'il s'agit des éclaircies et des nettoiements. Il y a très-peu d'années que ces sortes de coupes sont pratiquées en France jusqu'alors, on laissait les bois croître comme ils voulaient, ou plutôt comme ils pouvaient, jusqu'au terme fixé pour leur exploitabilité. Les bois blancs et les mort bois écrasaient d'abord les bois durs; ceux-ci finissaient bien par prendre le dessus, à raison de leur longévité plus grande dans les massifs élevés en futaie, et même dans les taillis à une révolution assez prolongée, mais non sans avoir grandement souffert, mais non sans laisser des vides et des clairières. Ensuite la lutte continuait entre les bonnes essences, jusqu'à ce que les tiges les plus vigoureuses eussent étouffé, fait périr les plus faibles. Mais dans cette longue période de luttes et de combats, quelle perte de produits! Quelle diminution dans le taux de l'accroissement !

On fait aujourd'hui des nettoiements et des éclaircies, mais pas encore sur une assez grande échelle, surtout dans les taillis; ensuite, on n'a pas adopté pour les coupes le meilleur mode d'exploitation.

J'ai été à même de voir beaucoup de ces coupes dans différentes forêts traitées en futaie: généralement elles étaient trop claires, généralement on n'avait pas tiré le meilleur parti des bois durs, surtout des perches et des brins, pour former le massif futur. La faute en était principalement au mode d'exploitation, ces coupes ayant été marquées en réserve, et ensuite vendues. J'ai pu, sur ce point, me faire une conviction profonde, motivée, en comparant des coupes de même espèce placées à côté les unes des autres, mais exploitées les premières par les soins des agents forestiers, les autres par des adjudicataires, après martelage. La différence entre ces coupes était saillante pour les gens les moins forestiers, et elle était toute en faveur des premières.

Il est d'ailleurs très-facile de s'en rendre compte. Dans une opération de martelage où les gardes doivent marquer jusqu'à deux mille réserves par hectare; il ne leur est pas possible, si vigoureux et si zélés qu'on les suppose, de travailler longtemps avec l'attention nécessaire. Après quelques jours de travail (et ces opérations peuvent durer plusieurs semai nes, les fatigues du corps affaiblissent forcément l'énergie morale de l'homme; on est, sans s'en apercevoir, porté à faire plus vite, à se fatiguer moins, et on réserve trop peu. Les agents presque entièrement absorbés par la tenue de leur calepin, où il faut classer par essence et marquer, dans un ordre symétrique, les réserves qui leur sont criées par plusieurs gardes à la fois, ne peuvent pas donner à l'opération matérielle du martelage, et surtout à l'espacement des réserves, une attention suffisamment soutenue. Enfin, ni gardes, ni agents ne peuvent, dans cette ma

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