Et paya pour un autre avec beaucoup d'usure. Qu'il me verroit alors la même indifférence FROSINE. Ho, ho! les grands talents que votre esprit possede! Car, je veux que la chose ait d'abord réussi, ASCAGNE. Quand l'amour est bien fort, rien ne peut l'arrêter: Mais enfin aujourd'hui je me découvre à vous, SCENE II. VALERE, ASCAGNE, FROSINE. VALERE. Si vous êtes tous deux en quelque conférence ASCAGNE. Non, non; vous pouvez bien, Puisque vous le faisiez, rompre notre entretien. Auroit, si j'étois fille, un peu trop su me plaire; VALERE. Ces protestations ne coûtent pas grand'chose, ASCAGNE. Point du tout: je vous dis que, régnant dans votre ame, Je voudrois de bon cœur couronner votre flamme. VALERE. Et si c'étoit quelqu'une où par votre secours Vous pussiez être utile au bonheur de mes jours? ASCAGNE. Je pourrois assez mal répondre à votre attente. VALERE. Cette confession n'est pas fort obligeante. ASCAGNE. Hé quoi! vous voudriez, Valere, injustement Qu'étant fille, et mon cœur vous aimant tendrement, Je m'allasse engager avec une promesse De servir vos ardeurs pour quelque autre maîtresse? Un si pénible effort pour moi m'est interdit. Mais cela n'étant pas ? VALERE. ASCAGNE. Ce que je vous ai dit, VALERE. Ainsi donc il ne faut rien prétendre, Ascagne, à des bontés que vous auriez pour nous, A moins que le ciel fasse un grand miracle en vous; Bref, si vous n'êtes fille, adieu votre tendresse, Il ne vous reste rien qui pour nous s'intéresse. ASCAGNE. J'ai l'esprit délicat plus qu'on ne peut penser, VALERE. Je n'avois jamais vu ce scrupule jaloux; Et je vous fais ici tout l'aveu qu'il exige. ASCAGNE. Mais sans fard? VALERE. Oui, sans fard. ASCAGNE. S'il est vrai, désormais Vos intérêts seront les miens, je vous promets. VALERE. J'ai bientôt à vous dire un important mystere, ASCAGNE. Et j'ai quelque secret de même à vous ouvrir, VALERE. Hé! de quelle façon cela pourroit-il être ? ASCAGNE. C'est que j'ai de l'amour qui n'oseroit paroître, VALERE. Expliquez-vous, Ascagne, et croyez par avance ASCAGNE. Vous promettez ici plus que vous ne croyez. VALERE. Non, non: dites l'objet pour qui vous m'employez. ASCAGNE. Il n'est pas encor temps; mais c'est une personne VALERE. Et pourquoi? ASCAGNE. Pour raison: Vous saurez mon secret quand je saurai le vôtre. VALERE. J'ai besoin pour cela de l'aveu de quelque autre. ASCAGNE. Ayez-le donc; et lors, nous expliquant nos vœux, Nous verrons qui tiendra mieux parole des deux. VALERE. Adieu, j'en suis content. ASCAGNE. Et moi content, Valere. (Valere sort. ) FROSINE. Il croit trouver en vous l'assistance d'un frere. SCENE III. LUCILE, ASCAGNE, FROSINE, MARINETTE. LUCILE, à Marinette les trois premiers vers. C'est toute la douceur que mon cœur s'y propose. ASCAGNE. Que dites-vous, ma sœur? Comment! courir au change! Cette inégalité me semble trop étrange. LUCILE. La vôtre me surprend avec plus de sujet. |