Quoi! c'étoit...? LÉLIE. MASCARILLE. Oui, bourreau, c'étoit pour la captive Que j'attrapois l'argent dont votre soin nous prive. LÉLIE. S'il est ainsi, j'ai tort. Mais qui l'eùt deviné? MASCARILLE. Il falloit en effet être bien raffiné ! LÉLIE. Tu me devois par signe avertir de l'affaire. MASCARILLE. Oui, je devois au dos avoir mon luminaire. LÉLIE. Non, je te le promets MASCARILLE. Allez donc : votre vue excite ma colere. LÉLIE. Mais sur-tout hâte-toi, de peur qu'en ce dessein... MASCARILLE. Allez, encore un coup ; j'y vais mettre la main. Menons bien ce projet : la fourbe sera fine, PANDOLFE. A parler franchement, Je suis mal satisfait de mon fils. MASCARILLE. De mon maître! Vous n'êtes pas le seul qui se plaigne de l'être : Sa mauvaise conduite, insupportable en tout, Met à chaque moment ma patience à bout. PANDOLFE. Je vous croyois pourtant assez d'intelligence MASCARILLE. Moi? Monsieur, perdez cette croyance : Toujours de son devoir je tâche à l'avertir, Et l'on nous voit sans cesse avoir maille à partir. A l'heure même encor nous avons eu querelle Sur l'hymen d'Hippolyte, où je le vois rebelle, Où, par l'indignité d'un refus criminel, Je le vois offenser le respect paternel. Querelle? PANDOLFE. MASCARILLE. Oui, querelle, et bien avant poussée. PANDOLFE. Je me trompois donc bien, car j'avois la pensée MASCARILLE. Moi? Voyez ce que c'est que du monde aujourd'hui, Et comme l'innocence est toujours opprimée. Si mon intégrité vous étoit confirmée, Je suis auprès de lui gagé pour serviteur, PANDOLFE. C'est parler comme il faut. Et que peut-il répondre ? MASCARILLE. Répondre? des chansons dont il me vient confondre. Vous le verriez dans peu soumis sans nul effort. Parle. PANDOLFE. MASCARILLE. C'est un secret qui m'importeroit fort S'il étoit découvert : mais à votre prudence Je puis le confier avec toute assurance. Tu dis bien. PANDOLFE. MASCARILLE. Sachez donc que vos vœux sont trahis Par l'amour qu'une esclave imprime à votre fils. PANDOLFE. On m'en avoit parlé ; mais l'action me touche MASCARILLE. Vous voyez si je suis le secret confident.... PANDOLFE. Vraiment je suis ravi de cela. MASCARILLE. Cependant A son devoir, sans bruit, desirez-vous le rendre ? Il faut... J'ai toujours peur qu'on nous vienne surprendre ; Ce seroit fait de moi, s'il savoit ce discours. Il faut, dis-je, pour rompre à toute chose cours Et la faire passer en une autre contrée. Et, malgré votre fils, de la faire écarter. Car enfin, si l'on veut qu'à l'hymen il se range, PANDOLFE. C'est très bien raisonner, ce conseil me plaît fort... Bon allons avertir mon maître de ceci. : Vive la fourberie et les fourbes aussi ! SCENE X. HIPPOLYTE, MASCARILLE. HIPPOLYTE. Oui, traître, c'est ainsi que tu me rends service? MASCARILLE. Ah! que vous êtes prompte! La mouche tout d'un coup à la tête vous monte, Et, sans considérer s'il a raison ou non, Votre esprit contre moi fait le petit démon. J'ai tort, et je devrois, sans finir mon ouvrage, Vous faire dire vrai, puisqu'ainsi l'on m'outrage. HIPPOLYTE. Par quelle illusion penses-tu m'éblouir? MASCARILLE. Non. Mais il faut savoir que tout cet artifice |