SCENE IV. SGANARELLE, seul. Oh! que les voilà bien tous formés l'un pour l'autre ! Isabelle pourroit perdre dans ces hantises Les semences d'honneur qu'avec nous elle a prises; Et, pour l'en empêcher, dans peu nous prétendons Lui faire aller revoir nos choux et nos dindons. SCENE V. VALERE, SGANARELLE, ERGASTE. SGANARELLE, se croyant seul. N'est-ce pas quelque chose enfin de surprenant VALERE. Je voudrois l'accoster, s'il est en ma puissance, SGANARELLE, se croyant seul. Au lieu de voir régner cette sévérité Qui composoit si bien l'ancienne honnêteté, (Valere salue Sganarelle de loin.) VALERE. Il ne voit pas que c'est lui qu'on salue. ERGASTE. Son mauvais œil peut-être est de ce côté-ci. SGANARELLE, se croyant seul, Le séjour de la ville en moi ne peut produire VALERE, en s'approchant peu-à-peu. (se croyant seul.) Aux champs, graces aux cieux, Les sottises du temps ne blessent point mes yeux. ERGASTE, à Valere. Abordez-le. SGANARELLE, entendant encore du bruit. Plaît-il ? ( n'entendant plus rien, ) Les oreilles me cornent. (se croyant seul.) Là, tous les passe-temps de nos filles se bornent... (Il apperçoit Valere qui le salue.) Est-ce à nous ? ERGASTE, à Valere. SGANARELLE, sans prendre garde à Valere. Là, nul godelureau Valere le salue encore.) Ne vient... Que diable...? (Il se retourne, et voit Ergaste qui le salue de l'autre côté.) Encor! que de coups de chapeau! VALERE. Monsieur, un tel abord vous interrompt peut-être ? Cela se peut. SGANARELLE. VALERE. Mais quoi! l'honneur de vous connoître M'est un si grand bonheur, m'est un si doux plaisir, Que de vous saluer j'avois un grand desir. SGANARELLE. Soit. VALERE. Et de vous venir, mais sans nul artifice, Assurer que je suis tout à votre service. Je le orois. SGANARELLE. VALERE. J'ai le bien d'être de vos voisins, C'est bien fait. SGANARELLE. VALERE. Mais, monsieur, savez-vous les nouvelle Que l'on dit à la cour, et qu'on tient pour fideles ? SGANARELLE. Que m'importe? VALERE. Il est vrai; mais pour On peut avoir par fois des curiosités. les nouveautés Vous irez voir, monsieur, cette magnificence Si je veux. SGANARELLE. VALERE. Avouons que Paris nous fait part De cent plaisirs charmants qu'on n'a point autre part. Les provinces, auprès, sont des lieux solitaires. A quoi donc passez-vous le temps? SGANARELLE. VALERE. A mes affaires. pår fcis L'esprit veut du relâche. et succombe Par trop d'attachement aux sérieux emplois. Ce qui me plaît. SGANARELLE. VALERE. Sans doute: on ne peut pas mieux dire; Cette réponse est juste, et le bon sens paroît A ne vouloir jamais faire que ce qui plaît. Si je ne vous croyois l'ame trop occupée, J'irois par fois chez vous passer l'après-soupée. Serviteur. SGANARELLE. SCENE V I. VALERE, ERGASTE. VALERE. Que dis-tu de ce bizarre fou? ERGASTE. Il a le repart brusque, et l'accueil loup-garou. Ah! j'enrage! VALERE. ERGASTE. Et de quoi? VALERE. De quoi? C'est que j'enrage De voir celle que j'aime au pouvoir d'un sauvage, ERGASTE. C'est ce qui fait pour vous; et sur ces conséquences Votre amour doit fouder de grandes espérances. Apprenez, pour avoir votre esprit affermi, Qu'une femme qu'on garde est gagnée à demi, que les noirs chagrins des maris ou des peres Ont toujours du galant avancé les affaires. coquette fort peu, Et Je c'est mon moindre talent, V ACTE SECOND. SCENE I. ISABELLE, SGANARELLE. SGANARELLE. ▲, je sais la maison, et connois la personne Aux marques seulement que ta bouche me donne. ISARELLE, à part. O ciel, sois-moi propice, et seconde en ce jour SGANARELLE. Dis-tu pas qu'on t'a dit qu'il s'appelle Valere? ISABELLE. Oui. SGANARELLE. Va, sois en repos, rentre, et me laisse faire; SCENE IJ. SGANARELLE, seul. (Il frappe à sa porte, croyant que c'est celle de Valere.) Ne perdons point de temps : c'est ici. Qui va là? |