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LEMBOV

CHEMENT DE NOSTRE sainct pere le Pape, Lempereur, et le Roy, faict à Nice, Avec les ar ticles de la trefue, et lettres du Roya monsicur le gouuerneur dé Lyon.

M. D. XXXVIII.

On les vend à Paris, en la bouticque de Arnould et Charles les Angeliers freres, deuant la chapelle de messieurs les Presidens, au Palays.

AVERTISSEMENT.

Le pape Paul III s'étant rendu Parbitre des différends entre le Loi et l'empereur, leur proposa une entrevue qu'ils acceptèrent. Il vint à Nice; le roi se rendit de son côté à un quart de lieue de cette ville, où il arriva à la fin de mai, et l'empereur se trouva à Villefranche. Le pape eut diverses conférences avec l'un et l'autre de ces deux princes, et il les fit convenir, le 18 de juin, sans qu'ils se vissent, d'une trève de dix ans. Ils promirent d'envoyer leurs plénipotentiaires à Rome pour y conclure une paix définitive par l'entremise du pape. Le connétable de Montmorency et l'évêque de Lavaur furent les principaux ministres du roi qui négocièrent en son nom avec Paul III.

Après la conclusion du traité, l'empereur s'embarqua, et le roi se dirigea vers Marseille, où il arriva le dimanche 1 er de juilet; il partit trois jours après pour Avignon, et, étant dans cette dernière ville, l'empereur, que les vents contraires avaient obligé de relâcher à l'île de Sainte-Marguerite, lui envoya un courrier pour lui proposer une entrevue à Aigues-Mortes. François Ier accepta cette proposition, et se rendit à Aigues-Mortes avec la reine Eléonore, le roi de Navarre et plusieurs grands seigneurs de la cour.

La pièce suivante contient la relation de ce qui se passa à Nice, et une lettre de François Ier au sujet de l'entrevue d'Aigues-Mortes. Nous y avons ajouté une relation de cette même entrevue, rapportée par dom Vaissette, histoire du Languedoc, t. V, preuves, p. 93. Les auteurs de la Bibliotheque historique de la France n'ont pas fait mention de la pièce que nous réimprimons et qui est d'une excessive rareté.

DE NOSTRE SAINCT-PÈRE LE PAPE, l'empereur et le Roy, FAICTE A NICE, AVEC LES ARTICLES DE LA TREFVE, ET LETTRES DU ROY A MONSIEUR LE GOUverneur de lyon.

Pour la paix et union de toute la chrestienté, après plusieurs ambassades, legatz et messaiges faictz, tant d'une partie que d'autre, nostre Sainct-Père (1) partit de Romme le vingt-troisiesme jours de mars, feist Pasques à Plaisance, et arriva à Nice le seiziesme jour de may, accompaigné d'un grand nombre de cardinaulx, et logea hors la ville, au convent des frères mineurs et avoit cinq cents hommes de pied et deux cens chevaulx légiers, pour sa garde, sans comprendre. ses, stafiers et lansquenetz de la garde de son corps, logez autour dudict convent des frères mineurs. Messieurs les révérendissimes cardinaulx, qui l'accompaignèrent, logèrent dans la ville de Nice; puis successivement arrivèrent messieurs les cardinaulx de France. Ung peu paravant estoit arrivé l'Empereur à VilleFranche de Nice, avec vingt-huit galères et trois naufz, et sept enseignes de gens de pied, tous vieulx souldars, sans les lansquenetz et Espagnolz de sa garde ordinaire; et parlamenta avec le Pape avant que le Roy fust arrivé en une maison qui est dans les vignes sur la marine, derrière le chasteau de Nice. Le deuxiesme jour de juing, après disner, le Roy vint faire l'obédience à nostre Sainct

(1) Nostre Sainct-Père, Alexandre Farnèse, pape sous le nom de Paul III, élu le 13 octobre 1534, mort le 20 novembre 1549, âgé de quatre-vingt-qua» : tre ans.

Père, en une maison qu'il avoit faict bastir et couvrir de fleurs à l'antique, et de tapisserie belle et riche. Deulx heures avant qu'il arrivast, vindrent les chevaulx légiers, et s'assirent près du lieu où estoient ceulx du Pape. Puis mar choient en ordonnance les six mille lansquenetz du comte Guillaume, et se rangèrent en bataille derrière ladicte maison. Sur la montaigne estoient mille légionaires Provenceaulx; puis marchoient en trouppe les deux cens gentilz hommes de la maison du Roy; puis les princes et seigneurs, dúcz, contes et barons, et finablement le Roy avec la garde de son corps. Messeigneurs les cardinaulx qui estoient en la susdicte maison avec le Pape, advertiz que le Roy s'approchoit, vindrent au-devant de luy, montez sur leurs mules, et encappez. Lesquelz tous le Roy embrassa, et deux de messieurs les révérendissimes, c'est assavoir Cibo et Césarin, le conduirent dans ladicte maison, où il fist l'obédience au Pape, lequel ne permist qu'il luy baisast les piedz, mais l'accolla bonorificquement. Et après les cérémonies, présenta messeigneurs ses enfans au Pape, et le Pape pareillement luy fist présenter ses deux nepveux. petitz cardinaulx. Cependant l'on beuvoit fraiz, tant aux dépens du Pape que des cardinaulx de France, qui tenoient maison ouverte à tous venantz,

Les jours suivantz l'on ne voyoit que ambassade aller vers le Pape, maintenant vers l'Empereur, puis au Roy; galères troter, artillerie sonner, se accoller, festoyer. caresser l'ung l'autre, l'Espaignol, le Français, l'Italien, L'Empereur parlementa de rechef avec le Pape; aussi fist le Roy, en une maison qui estoit plus près de Sainct-Laurens que la susdite. Les habitantz de la ville de Nice faisoient gros guet, tant par la ville que aux portes et sur les murailles, et n'y avoit que deux portes ouvertes, l'une pour entrer, l'autre pour sortir,

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