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DYCKMANS.

Une remarque que l'on aura faite, c'est que les élèves de M. Wappers ne se montrent pas imitateurs serviles de leur maître. Nous en citerons trois qui diffèrent entre eux sous tous les rapports, et dont la couleur ni le dessin ne ressemblent aux productions de l'auteur du Bourgmestre de Leyde. M. Leys a un coloris rembrandtesque; M. Dyckmans vise à la délicatesse et au moelleux du pinceau des anciens peintres hollandais; M. Key, dont nous parlerons plus tard, suit encore une route différente. Ce soin de conserver à chacun l'originalité de manière que la nature lui a donnée est très-louable dans le maître; nous en ferons un grand mérite à M. Wappers.

Nous avions déjà eu l'occasion de juger des brillantes

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dispositions qu'annonce M. Dyckmans, par une gracieuse toile intitulée la Demande en mariage, exposée en 1834, à Anvers. Pour son second début, M. Dyckmans vient d'obtenir un succès qui doit flatter son amour-propre. Le public et les artistes se sont réunis pour reconnaître, dans le joli tableau qu'il a produit cette année, des qualités de fort bon aloi. Sa couleur brillante et fine, ses expressions naturelles, lui ont valu beaude suffrages, que les connaisseurs ont confirmés en partie. Nous pensons toutefois qu'il n'en faut pas exagérer le mérite; et c'est dans l'intérêt de l'avenir du jeune peintre que nous croyons devoir lui adresser quelques observations.

coup

La partie de dames.

(N° 166 '.)

les

Le principal mérite de ce tableau, celui qui attire

yeux, qui les retient ensuite longtemps, c'est la fraîcheur et la délicatesse qui règnent dans l'ensemble comme dans les moindres détails. Il représente un ca

1 Hauteur, mètre, 0,65; largeur, mètre, 0,33.

binet richement meublé, table et fauteuils en bois d'érable incrusté de palisandre, bureau d'acajou, surmonté d'une bibliothèque, cheminée ornée d'une glace, d'un ependule en bronze doré, de vases en porcelaine avec des fleurs artificielles, lampe en bronze doré, suspendue au plafond. Un tapis sur le parquet de sapin ciré. Sur la jolie table ronde est placé un damier, champ de bataille où s'escriment de leur mieux une jeune personne de dix-huit à vingt ans, et son père. Celui-ci a les dames blanches, celle-là les noires. Si l'on considère la position des dames, pour expliquer l'intention du peintre, on comprend bien pourquoi la jeune personne paraît si embarrassée ; pourquoi le jeune homme, debout auprès d'elle, fait un geste qui semble indiquer qu'il va suggérer à sa sœur un moyen de se sauver. En effet, la jeune demoiselle est sur le point d'avoir perdu tous ses pions sont dans un coin, retenus par une dame-damée qui domine la seule ligne sur laquelle elle pourrait avancer. Mais il y a une ressource; on peut retarder le moment de la défaite en sacrifiant un pion.

Beaucoup de peintres auraient représenté le damier de telle sorte, qu'il n'eût pas été possible de juger de la position respective des combattans; M. Dyckmans l'a rendu avec tant de justesse et de vérité, qu'on y voit

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