Images de page
PDF
ePub

une joie franche et sans arrière-pensée, sans étiquette et sans souci du lendemain. Telle est la scène que nous présentent les premiers plans du tableau de M. De Block; au fond, l'on aperçoit encore la foule sur la place du village, devant l'église, foire - il y a apparemment; quelques jongleurs et des charlatans débitent leur orviétan et leur élixir merveilleux.

[ocr errors]

Voilà donc un artiste, tout jeune encore, qui marche avec une étonnante fermeté sur les traces de Téniers, sur les traces de Watteau, en se rappelant peut-être un peu trop souvent ce dernier. Il a fallu bien peu de temps à M. De Block pour prendre rang parmi nos peintres.

Examinons quelques-uns des personnages de sa danse villageoise, et voyons combien elle est variée.

Ce ci-devant jeune homme, sur le premier plan, en chapeau claque, en redingote jaune, en gilet rayé, culotte et bas chinés, souliers à boucles, n'est-il pas un type du plus heureux comique, sans charge, sans caricature, n'ayant qu'un léger ridicule qui n'excite que le sourire? Il danse avec la plus gentille, la plus gracieuse petite blonde qu'on puisse rencontrer aux environs d'Anvers, terroir si fertile en jolis minois. Tout en conservant à sa paysanne le caractère qui la distingue des femmes de la ville, le jeune artiste lui a donné un e

élégance naïve de formes, et des manières charmantes. Sa taille bien prise dans son casaquin de coton jaune, ses jolis bras, nus jusqu'à la saignée, et serrés dans une manche collante qui dessine de belles épaules, son petit bonnet anversois, son jupon rouge et son tablier rose, lui font une toilette à ravir.

Elle danse avec une joie tranquille et une expression de plaisir calme, qui montre une âme candide. Tout à côté d'elle, une jeune brunette, aux allures plus vives, aux yeux plus brillans, danse avec un jeune gars en manches de chemise. Un maréchal ferrant et son compère admirent la gentillesse de ce couple, qu'ils se montrent en accompagnant leurs réflexions d'un gros rire. Auprès du cabaret, un groupe d'hommes, fumant et ne prenant point part à la danse, s'entretient en regardant danser les autres. Sur le devant, à gauche, un groupe de trois enfans, se tenant bras-dessus bras-dessous et imitant les gambades du ci-devant jeune homme.

Cette jolie composition est dessinée avec facilité. Il règne dans tout le tableau une harmonie de couleur de l'effet le plus flatteur; la touche en est légère, toutes les expressions sont fines et pleines de vérité. Quel bel avenir s'ouvre devant un jeune homme qui débute ainsi!

Nous ne finirons pas sans lui recommander un peu plus de soins à éviter les réminiscences, il y en a beaucoup

dans son tableau; il y en a de couleur, il y en a de costume, il y en a de pose et d'expression. C'est une licence qu'on ne lui accordera plus, quand il aura mis le public en droit d'être exigeant.

Mme GEEFS, née Fanny Corr.

Un événement survenu pendant la durée de l'Exposition nous oblige à changer un nom du catalogue. L'auteur de Francesca di Rimini a donné son nom à celle dont le pinceau jeune encore a si bien réussi à nous montrer les châtelaines de Crève-Coeur, sur la tour de Bouvignes; alliance toute poétique qui plus tard sera prise pour quelque ingénieuse allégorie, tant il est rare que dans ce monde deux âmes aussi bien appropriées l'une à l'autre se rencontrent et puissent mêler leur existence. Mme Geefs se présente au Salon avec quatre tableaux, dignes tous les quatre de beaucoup d'éloges: Un portrait de femme, no 58; Une jeune fille conduisant ses sœurs à l'église, no 57;

[graphic][merged small][ocr errors]
« PrécédentContinuer »