ceaux. C'eft en ufer d'une maniere fimple& louable felon eux, que de découvrir, que de proftituer, pour ainfi dire, indifferemment à toute forte de gens, ce qu'il y a de plus refpectable dans la Doctrine chrétienne : le foin que nous prenons de ne pas révéler d'abord tous les Mysteres, paffe dans leur efprit pour une fupercherie. Ils donnent la paix également à toute forte de perfonnes peu leur importe de fe familiarifer ainfi avec des étrangers, & des ennemis, pourvû qu'ils confpirent ensemble à combattre la verité. Ils font tous orgueilleux, tous pleins d'eux-mê- mes pas un feul parmi eux qui ne foit fçavant, habile homme, rempli d'esprit : la science, la politeffe ne fe trouvent que chés eux. Ils font Cathécumenes parfaits, avant même que d'avoir été inftruits.

Bien plus, quelle vanité dans

les

les femmes Hérétiques! Voïez, je vous prie, combien elles font infolentes. N'ont-elles pas la hardieffe de dogmatifer, de difputer,d'exorcifer, de promettre des guérisons miraculeuses? Que fçaije même, fi elles ne s'attribuent pas le droit d'adminiftrer le Sacrement du Baptême ? Voïez encore comment les Ordinations de ces Hérétiques font précipitées legeres, inconftantes. Tantôt ils élevent aux premieres dignités de l'Eglife un Néophite, tantôt un Séculier, tantôt un Apoftat. Ils tâchent de gagner par l'éclat des honneurs, ceux qu'ils ne peuvent attirer par la force de la verité. On ne s'avance nulle part plus facilement que chés les ennemis: il fuffit de fe donner à eux pour avoir un mérite accompli De là vient, que l'un eft aujour d'hui Evêque, & demain c'est un. autre: tel eft aujourd'hui Diacre, demain Lecteur; aujourd'hui tel

K

Chap.

42.

eft Prêtre, & demain Laïque : car être Laïque n'eft point chés eux un obstacle pour exercer les fonctions Sacerdotales.

Que dirai-je de ce qui regarde l'adminiftration de la parole de Dieu La principale occupation des Hérétiques n'eft pas de convertir les Païens, mais de perver tir les Fideles. Ils s'eftiment plus glorieux d'avoir fait tomber ceux qui étoient debout, que d'avoir relevé ceux qui étoient par terre: parce que l'ouvrage même qu'ils prétendent bâtir, eft moins appuïé fur un fondement folide, que fur les ruines de la verité qui les touche fort peu. Ils minent nos forts, pour élever les leurs. Otez leur les Livres de Moïfe, les Prophétes, & ce qui regarde un Dieu Créateur, ils n'ont plus rien à nous reprocher, De-là vient qu'ils s'appliquent plus à renverser les édifices qui font fur fié, qu'à relever ceux qui font

tombés. C'eft en de telles manœuvres feulement qu'ils paroiffent humbles, doux, foumis, ennemis de l'orgueil & de la malice. Car du refte, ils ne fçavent ce que c'eft que d'avoir du refpect pour feurs Superieurs ; & c'est pourquoi on ne remarque prefque point de fchifme parmi les Hérétiques: non qu'il n'y ait en effet des diffenfions entre eux, mais c'eft qu'elles paroiffent rarement au dehors, parce que chacun fait & penfe comme il lui plaît, fans être repris de perfonne; & par-là ils femblent être tous parfaitement d'accord..

Cependant il eft certain que dans leur Doctrine il y a de trèsgrandes variations, chacun accommode à fa fantaifie ce qu'il a appris de fes Maîtres avec la même liberté que ces Maîtres ont inventé ce qu'ils ont voulu. Ce font des enfans qui s'eftiment auffi excellens que leurs Peres.

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Les Valentiniens ont prétendu avoir autant de droit que Valentin, & les Marcionites autant que Marcion, d'innover dans la Foi, comme ils ont jugé à propos. En un mot, regardez toutes les héréfies, & vous verrez qu'en une infinité de points effentiels, les Difciples font aujourd'hui entierement oppofés au fentiment de leurs anciens Maîtres. La plupart de ces Hérétiques n'ont point d'Eglifes: ils font fans Mere: fans Siege, fans Directeur; toûjours errants comme des aveugles, qui ne fçavent où fixer une demeure certaine.

Chap. On n'ignore pas d'ailleurs le commerce que plufieurs d'entre eux ont eu avec des Magiciens, avec des Aftrologues, & avec des Philofophes; gens, comme l'on fçait, toujours fort curieux. Ils n'ont garde d'oublier ces paro Matth. 7. les, Cherchez, & vous trouverez Tant il eft vrai, que pour juger