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tre chofe ce qu'afsûrément je n'efpererois pas, fi ce n'est parce que je n'ai jamais cru dans le tems même que je m'imaginois croire, ou parce que j'ai ceffé de croire. Ainfi en abandonnant ma premiere créance, je ne puis paffer

que pour un homme qui re

:

nie fa Foi. En un mot, on ne cherche que ce qu'on n'a pas, ou que l'on a perdu. Cette femme, dont il eft parlé dans l'Evangile, Luc. 153 avoit perdu une de fes drachmes; c'eft pour cela qu'elle cherchoit mais dès qu'elle l'eut retrouvée, elle ne chercha plus. Celui qui vint frapper à la porte Luc.12] de fon voifin n'avoit pas du pain, c'eft pour cela qu'il heurtoit:mais dès qu'on lui eût ouvert, & qu'il eût obtenu ce qu'il fouhaitoit, il ceffa de heurter. La veuve de- Luc. 18; mandoit audience au Juge, parce qu'on ne lui faifoit pas juftice: mais dès qu'on la lui eût accordée, elle n'importuna plus le Juge

Tant il est vrai qu'il y a un terme à nos recherches, à nos empreffemens, & à nos importuniMauh. 7. tés: Car on donnera à celui qui demande ; on ouvrira à celui qui keurte; & on fera trouver à celui qui cherche. Que ceux-là y penfent donc, qui cherchent toujours, parce qu'ils n'ont pas encore trouvé; qui heurtent toujours, parce qu'on ne leur ouvre jamais ; & qui demandent fans ceffe, parce qu'ils ne font jamais exaucés: ils cherchent là, où ils ne fçauroient trouver ; ils heurtent là, où il n'y a perfonne pour leur répondre ; ils demandent à ceux, qui ne peuvent les exaucer.

Chap.

$2.

Pour nous, quand nous devrions chercher encore, & chercher toujours, où nous faudroit-il aller pour cet effet?Eft-ce chez les Hérétiques? Quoi, chez des gens où il n'y a rien que d'étranger, & d'opposé à la verité Chrétienne, & avec qui il nous eft défendu

d'avoir aucun commerce. Un ferviteur attend-t'il fa nourriture d'un étranger, pour ne pas dire d'un ennemi de fon Maître ? Un Soldat, s'il n'est déserteur, tranffuge, rebelle, va-t'il chercher fa folde, je ne dis pas feulement chez un Prince autre que le fien, mais encore chez les ennemis de fon Roi? Cette femme,dont nous avons parlé, cherchoit la drachme dans fa propre maifon : celui qui heurtoit, frappoit à la porte de fon voifin: la veuve importunoit un Juge peu fenfible, il est vrai, mais qui n'étoit pas pour cela ennemi. Nul ne peut être inftruit par des gens, qui ne font propres qu'à embarraffer : nul ne fçauroit être éclairé par celui qui ne peut fe jetter que dans les ténebres. Cherchons donc chez nous, chez les nôtres, & dans le fond qui nous appartient; mais ne cherchons que ce qui peut fe rechercher fans faire tort à la régle de notre Foi.

Chap.

13.

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La voici donc, cette Regle; afin que l'on fçache d'abord quelle eft la Foi, dont nous faisons publiquement profeffion. Nous croïons qu'il n'y a qu'un feul. Dieu, lequel n'eft autre que celui qui a créé le monde, & qui de rien a fait toutes chofes par fon Verbe engendré avant toutes choses. Que ce Verbe, appellé autrement fon Fils, s'eft fait connoître en diverses manieres aux Patriarches au nom de fon Pere Qu'il s'eft fait entendre dans les Prophétes : Qu'enfin, étant descendu de Dieu fon Pere dans le fein de la Vierge Marie, il s'eft incarné en elle par l'opération du S. Efprit: Qu'ainfi s'étant fait homme, il eft né d'elle, & qu'il a paru fous le nom de JESUS-CHRIST: Qu'enfuite il a prêché une Loi nouvelle, & une nouvelle promeffe du Roïaume des Cieux: Qu'il a fait plufieurs Miracles: Qu'il a été Crucifié : Qu'il

Qu'il eft reffufcité le troifiéme
Qu'il eft

jour après fa Mort

monté au Ciel, où il eft affis à la droite du Pere: Qu'il a envoïé à fa place la vertu du Saint-Esprit, pour inftruire & animer les Fideles: Qu'il viendra lui-même avec un grand éclat, pour donner aux Saints le fruit de la vie éternelle & des promeffes celeftes; & pour condamner les Infideles à un feu éternel, après avoir reffuscité les uns & les autres par une veritable résurrection de la chair.

14.

Or, cette Regle, que Jefus- Chapi Chrift a établie lui-même, comme nous le prouverons ailleurs, ne fouffre parmi nous aucunes difputes, que celles que les héréfies font naître, & qui font les Hérétiques. Du refte, fa forme demeurant immuable, quelque demangeaifon que vous aïez de chercher, d'examiner, de fatisfaire l'ardeur de votre curiofité,

D

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