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qui surplombe à l'ouest la rivière, étranglé au sud par la montée de Choulans, au nord par celle du Gourguillon, la terrasse, non pas horizontale, mais inclinée du sud au nord, qui porte aujourd'hui, entre autres bâtiments, ceux de l'ancien Grand Séminaire. Cette terrasse est bornée à l'ouest par la place des Minimes et la vicille rue des Farges, au delà desquelles la colline se redresse de l'est à l'ouest, jusqu'au faîte, jusqu'à la rue du Juge-de-Paix; et sur cette pente se juxtaposent les emplacements du théâtre et de l'amphithéâtre. Ou bien elle faisait encore partie d'Athanacum, dont nul document ne permet de préciser la limite occidentale, ou bien elle commençait à la lisière d'Athanacum. En ce dernier cas, la grande ellipse de l'amphithéâtre était presque tangente à cette lisière, et l'on concevrait même ainsi que Grégoire de Tours ait dit: Locus ille in quo passi sunt vocatur Athanaco. J'ajoute qu'on le concevrait encore, même si la première série scule des supplices avait eu lieu dans l'amphithéâtre de Lugudunum, conformément à l'opinion préférée par M. Jullian, contrairement à l'opinion défendue par M. Germain de Montauzan. C'est une conjecture plausible de celui-ci qu'Athanacum a été l'appellation du puy d'Ainay avant d'être celle de l'ile d'Ainay les exemples ne manquent pas d'îles maritimes ou fluviales qui ont pris le nom des rivages ou des rives les plus proches. La raison de cette appellation, nous l'ignorons, l'époque aussi où une partie de Fourvière la reçut nos documents sur le puy d'Ainay ne remontent pas au delà du XIIIe siècle. Est-ce hardiesse excessive de combler ce vide en faisant remonter l'existence toponymique du podium Athanacense jusqu'au temps de Grégoire de Tours? M. Jullian n'ose admettre l'hypothèse, ce qui revient à penser, conjecture peut-être moins plausible, que l'île aura donné son nom à la rive.

Aurèle, p. 321, note 2) est, d'ailleurs, à peu près corrigée, Marc Aurèle, p. 338, note 3, où Saint-Just remplace Saint-Irénée. Même ainsi, il y a

PHILIPPE FABIA.

inexactitude et imprécision. Steyert désigne très exactement, à plusieurs reprises, le puy d'Ainay, ouvrage cité, p. 305, 316, 325.

LA MARINE FRANÇAISE AU XVII SIÈCLE.

CHARLES DE LA RONCIERE. Histoire de la marine française. V. La guerre de Trente ans. Colbert. Un vol. in-8 de 748 p. Paris, Plon, 1920.

PREMIER ARTICLE

Il y a des sujets historiques qui, par l'enchaînement et la progression qu'ils présentent, semblent aménager les événements avec une sorte de finalité et vers un résultat qu'on dirait prédéterminé. Telle est au premier chef la fondation de l'unité française, telle encore une œuvre qui en semble difficilement séparable, la centralisation administrative. M. de la Roncière n'a pas eu le bonheur d'être aidé dans sa tâche par la suite et la continuité qui distinguent de pareils sujets. La France compte dans son histoire peu d'erreurs ou, si l'on veut, d'infortunes aussi grandes qu'en offre celle de sa marine, avec les alternatives de grandeur et de déchéance auxquelles cette marine a été soumise. Le volume dont nous avons à entretenir le lecteur et qui forme le cinquième de l'ouvrage, ne comprend que quarante-huit ans et dans le court espace de temps d'un demi-siècle il nous présente le contraste d'un dépérissement et d'une apogée. Si l'on jetait un coup d'œil sur la même histoire au delà de cette période, on y apercevrait encore une alternance qui mettrait en opposition des noms et des régimes, Louis XVI avec Louis XV, la Restauration et la Monarchie de Juillet avec la Révolution et l'Empire.

En même temps qu'elle flatte ou fait souffrir le patriotisme, l'histoire de la marine présente à l'historien bien des difficultés. Signalons seulement, parce qu'elle se rapporte au plan sur lequel elle doit être ordonnée, et qu'elle se rencontre la première, celle qui consiste à la rattacher, en lui donnant une place prépondérante, à l'histoire générale et particulièrement à celle de la politique nationale. Comment la marine s'articule-t-elle, pour ainsi dire, chez M. de la Roncière, avec le corps social, comment son histoire se relie-t-elle aux desseins et aux mouvements de la politique qui lui assigne son rôle

et au succès de laquelle elle concourt? On peut, rien que par les divisions de son livre, se faire une idée de la façon dont l'auteur a établi ces rapports. Il en ressort qu'il a bien marqué la dépendance qui unit son sujet à l'histoire nationale et européenne. C'est d'abord la période de la guerre de Trente ans que personnifient Richelieu et Mazarin (1635-1661), la partie de cette période dont l'honneur revient surtout au premier, bien qu'il n'en voie pas la fin (1648) puis la seconde partie où la France n'a plus pour adversaire que l'Espagne et à laquelle Mazarin attache son nom (1659). Mais l'heureuse issue d'une rivalité plus que séculaire et d'une lutte armée qui a duré plus de vingt ans, ne peut faire oublier les ruines que la Fronde a laissées après elle et M. de la Roncière les oubliera d'autant moins que la marine a plus souffert de la situation intérieure. Ce n'est pas qu'il nous présente en détail le déclin de notre puissance sur mer qui fut la conséquence inévitable de nos troubles intestins. Il nous laisse le soin de le deviner. Il a, en effet, compris son œuvre non comme un exposé méthodique et explicatif de la marche ascendante et descendante suivie par notre marine, mais comme une série d'épisodes qui donnent à ses yeux, mieux que tout le reste, la mesure de sa prospérité et de son abaissement. Il a semblé croire pensons qu'il ne s'est pas trompé que pour le lecteur comme pour lui-même le principal intérêt de son sujet consistait dans la part que la marine a prise à nos succès et à nos revers. Mais peut-on séparer de cette partie attrayante d'un sujet si riche, d'autre part, en notions techniques et statistiques, peut-on en séparer l'histoire de ces colonies que notre marine est appelée à peupler, à ravitailler, à défendre? M. de la Roncière ne l'a pas pensé. Parmi les établissements d'outre-mer dus à Richelieu et dont il a fait l'histoire dans son précédent volume (Antilles, Nouvelle-France, Guyane, Sénégal, Madagascar), il a signalé dans celui-ci ceux qui disparurent la Compagnie des Iles de l'Amérique (1653), celle de la Nouvelle France (1663), la Nouvelle Guyenne qui, sous le nom d'Acadie, devint anglaise. Il ne manquera peut-être pas de lecteurs pour s'étonner du titre que M. de la Roncière a donné au chapitre où il enregistre ces pertes: Effondrement de notre empire colonial. Richelieu avait-il donc vraiment fondé un empire colonial, se demanderont-ils? Il faut répondre affirmativement si l'on considère qu'il

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et nous

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suffit rigoureusement pour constituer un établissement colonial d'une occupation militaire, d'une administration rudimentaire. Un pareil établissement ne deviendra sans doute une colonie que lorsque le pays occupé aura été peuplé par des émigrants de la métropole ou de l'étranger, lorsque se sera établi par suite un courant d'échanges entre la colonie et le dehors. On peut dire dès à présent que c'est l'absence de cet afflux spontané de population qui a déterminé principalement l'échec final de plusieurs de nos entreprises coloniales, mais cette circonstance met hors de cause le gouvernement de Richelieu comme plus tard celui de Colbert.

Richelieu avait toujours fait de la puissance sur mer une condition de la sécurité et de la suprématie de la France. Le premier moyen pour réaliser le programme qu'il présentait au Roi et à la reine-mère, le 13 janvier 1629, c'était « de se rendre puissant sur la mer qui donne entrée à tous les États du monde », et dans son Testament politique il fait sienne la recommandation d'Antonio Perez à Henri IV d'appliquer par dessus tout son attention à la mer non moins qu'à Rome et au Conseil. Roma consejo y mar. Ce n'est pas dans ce volume, c'est dans le précédent qu'il faut chercher les motifs de la faveur du cardinal pour la marine; on ne trouvera dans celui-ci ni le créateur de notre marine ni le fondateur d'un empire colonial. Ce qu'on nous en montre, c'est l'épreuve à laquelle la guerre ouverte avec l'Espagne va soumettre son œuvre maritime. Sur mer comme sur terre cette guerre commença par nous infliger des désastres. Tandis que l'invasion, faisant tomber nos places fortes démunies, Le Câtelet, La Capelle, Corbie, atteint la ligne de la Somme et affole Paris, les Espagnols surprennent les îles de Lérins et tout de suite les fortifient. Servi par des Français qui commandent et pilotent ses escadres, l'ennemi médite des entreprises sur Toulon et sur Marseille. Enfin, malgré les divisions dans le commandement, après des diversions contre Gibraltar et la Sardaigne, le gouverneur espagnol de l'île Sainte-Marguerite capitule le 6 mai 1637, les batteries de l'île Saint-Honorat sont enlevées d'assaut le 14. Les victoires de Gênes (1 septembre 1638), de Guétaria (22 août), de Cadix (22 juillet 1640), de Tarragone (4-6 juillet et 20 août 1641), de Barcelone (30 juin-2 juillet 1642) assurent, malgré la levée du siège de Fontarabie imputable à l'impéritie de Bernard de la Valette,

la supériorité maritime de la France. L'intégrité continentale de l'Espagne est entamée par le soulèvement du Portugal et de la Catalogne.

A la mort de Richelieu, c'est sa famille qui hérite du gouvernement de la marine; il se partage entre son oncle, son neveu et son petit nevcu. L'intendance générale de la navigation échoit au premier, Amador de la Porte, grand prieur de France; le neveu, ArmandJean de Maillé-Brézé, recueille la grande-maîtrise; le petit-neveu, Armand-Jean de Vignerot Du Plessis de Richelieu obtient le généralat des galères et la capitainerie des quatre galères de son grandoncle. Ce ne fut pas sans résistance que le second, qui n'avait que vingt-trois ans, fut investi de sa charge et, pour vaincre cette résistance, il fallut l'intervention de son beau-frère, le grand Condé, qui lui-même devait l'ambitionner plus tard. Courte et brillante carrière que celle de ce neveu de Richelieu, tué à son bord devant Orbitello (1646) qu'il assiégeait après ses victoires de Carthagène (1643) et de Tarragone (1644). Ce qui avait conduit Armand de Maillé devant Orbitello, c'était un dessein de grande envergure qui ne visait à rien moins qu'à enlever à l'Espagne le royaume des DeuxSiciles, à réaliser contre elle la formation d'une ligue italienne déjà négociée par Richelieu, à placer le prince Thomas de Savoie sur le trône de Naples et à stipuler, dans le cas où par l'extinction de la branche aînée de sa maison il en deviendrait l'héritier, la cession de la Savoie et du comté de Nice. Cette politique italienne de Mazarin qui avec Henri de Guise tournera au roman, se réduisit assez vite à une diversion, mais par la prise de Piombino et de Porto-Longone elle aura ménagé une belle page à notre marine. Celle-ci va malheureusement commencer par la division et la défection une décadence qui sera favorisée ensuite par l'indifférence du pouvoir. La Fronde parlementaire oppose une flotte bordelaise à la flotte royale. Cette dernière réduit Bordeaux à merci (1649) et Louis XIV y fait son

Parlant de la difficulté qu'éprouva Armand de Maillé pour obtenir la charge de grand-maitre, M. de la Roncière écrit (p. 96): « Il fallut l'énergique intervention du vainqueur de Rocroi, beau-père de sa sœur. Il y a là une double confusion que je

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ne m'explique pas. Le grand Condé était le beau-frère d'Armand dont il avait épousé la sœur, Claire-Clémence de Maillé-Brézé. Le beau-père de la sœur du nouveau grand-maître était Henri de Bourbon, prince de Condé, père du grand Condé.

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