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Rétie, où Théodoric réalisa avec leur aide ce que Rome avait tenté contre eux dans les Champs Décumates : il est possible que le nom de la Suisse rappelle la colonisation suévique alamane. Mais en Gaule les Alamans se heurtèrent aux Francs, de qui désormais, aux lieu et place de l'Empire romain défaillant, les villes et les évêques de la Belgique et de la région parisienne attendaient l'arrêt des perturbations barbares et le rétablissement de l'ordre public. Gallo-Romains et Francs s'unirent contre les Alamans et les vainquirent à Tolbiac: « Ainsi, à l'origine de la France et de l'Allemagne, on saisit une opposition des Francs et des Alamans près du Rhin ».

L'Alemanie, « vrai coin de barbarie au flanc de l'Empire et de la Gaule »>, fut ramenée à d'étroites limites et perdit son indépendance quand se fondèrent en Europe de nouveaux organismes politiques et des Etats robustes. Il y eut, du vie au vIII° siècle, un duché franc d'Alemanie, encore confus et instable, aux frontières mal définies, au sein duquel s'opéra, par le réveil des traditions romaines et gauloises, une œuvre d'organisation du chaos barbare. A vrai dire, ce duché mérovingien qui ne possédait pas de dynastie nationale, n'était pas un Etat véritable, mais un mode de gouvernement franc. Aussi peu à peu d'autres duchés, d'autres unités politiques, telles que la Franconie et l'Alsace, naquirent de lui, le réduisirent et finalement le supprimèrent. Il survécut, à l'époque carolingienne, sous deux formes au sens large, on donnait le nom vague d'Alemanie à tout l'ensemble des anciennes régions barbares voisines du carrefour de Bâle; au sens étroit, on appela pendant quelque temps Alemanie proprement dite la Souabe,

l'ancien pays des Suèves Alamans, sur le haut Neckar et le haut Danube, qui doit son unité politique aux missionnaires chrétiens fondateurs d'évêchés et de monastères et son aspect nouveau à l'aménagement des terres cultivables par le labeur fécond de ses habitants, continuateurs de l'œuvre des Romains dans les Champs Décu

males.

On voit l'intérêt des observations qu'ont suggérées à M. TourneurAumont l'examen et la comparaison des trois cartes sur lesquelles il a noté tout ce que l'on sait des Alamans et de l'Alemanie. Comme il le dit en terminant, « l'histoire de l'Alemanie est une illustration épisodique d'un des traits géographiques les plus profonds de la structure européenne ». Cette région du haut Rhin et du haut Danube forme l'un des isthmes par lesquels les plaines septentrionales communiquent avec les côtes méditerranéennes. L'exposé très précis de ses vicissitudes à l'époque où le monde antique s'est écroulé et où se sont constituées les grandes individualités nationales des temps actuels apporte une utile contribution à notre connaissance des origines politiques de l'Europe moderne.

M. BESNIER.

Itinerari de Jaume I « el Conqueridor per JOAQUIM MIRET Y SANS, doctor en dret civil i canònic, membre de l'Institut d'estudis catalans. Un vol. in-4, 22 et 629 p. et XVIII fac-similés de chartes. Barcelona. Institut d'estudis catalans. Palau de la diputació. MCMXVIII.

M. Miret y Sans, connu déjà par de nombreux travaux historiques et linguistiques, a entrepris cette fois une œuvre plus considérable : rédiger

:

l'itinéraire de Jacques Ier, le Conquérant, roi d'Aragon. C'est un sujet de première importance et difficile. D'abord il y a, aux Archives de la couronne d'Aragon, à Barcelone, une masse très grande de chartes sur parchemin, concernant cette époque, à peu près impossibles à dérouler, car les employés les ont mises dans des rouleaux de papier extrêmement impratiques c'était du moins le cas, il y a de cela cinquante ans, lorsque nous nous trouvions à Barcelone et que nous travaillions dans ces archives, sous l'aimable direction de D. Manuel de Bofarull. J'espère que depuis les choses ont changé. Ensuite, nous avons le Libre dels feyts, biographie en catalan, qui retrace les faits et gestes du roi, que les auteurs anciens attribuaient au roi lui-même, et dont les auteurs modernes penchent à admettre l'authenticité; ils y voient, non pas une autobiographie, mais le récit circonstancié d'un familier du roi Jacques. Je ne parle pas de D. José Villaroya, dont la thèse qui nie l'authenticité de la chronique, n'a plus aujourd'hui de partisans.

Dans l'avant-propos, M. Miret y Sans, cite les itinéraires publiés par divers savants français, espagnols et catalans Lecoy de la Marche, Ernest Petit, Rouette, Schuermans, Viard, Foronda, Gimenez Soler, Girona, Roque Chabas, Huici, sans compter les itinéraires publiés par l'auteur luimême. Il estime qu'on ne doit pas mentionner sèchement les localités où le roi a passé, mais discuter la présence du roi dans ces localités et évaluer chronologiquement la possibilité ou l'impossibilité de telle ou telle donnée. En cela, il a suivi la méthode de D. Manuel de Foronda, qui a consacré un volume in-folio de plus de

cinq cents pages à l'itinéraire de Charles-Quint.

Naturellement, il est impossible de contrôler M. Miret y Sans; il faudrait pour cela avoir à sa disposition les chartes des archives d'Aragon, et fixer, ce qui est capital, leur chronologie. Quoi qu'il en soit, le soin apporté par M. Miret y Sans à la discussion, nous est un sûr garant qu'il a généralement raison.

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Sur le Libre dels feyts, je crois qu'il va un peu loin en disant (p. 538) qu'il importe plutôt de savoir si ce livre est ou non une source historique, que de rechercher s'il est réellement une autobiographie et si le texte catalan a été antérieur ou postérieur au texte latin ». Il aurait été intéressant de citer ici l'article de M. E. MartinChabot, intitulé Pere Marsili et le Libre dels feyts del rey en Jacme lo Conqueridor, dans la Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, t. LXXII (1911), p. 92-99, et dont la conclusion est la suivante: «En somme, les résultats de la collation que nous avons faite corroborent les termes employés par Marsili dans son prologue pour définir son œuvre c'est une traduction en latin du récit plus ancien, fait en langue vulgaire, des gestes du roi Jaime, divisée en quatre livres et en chapitres « pour en faire un livre d'histoire »; ce récit que Marsili a traduit n'est autre que le Libre dels feyts, et le texte catalan sur lequel a travaillé Marsili ne différait que par des variantes peu importantes du manuscrit copié pour l'abbé de Poblet, Pons de Copons, base de l'édition donné par Aguiló de cette précieuse chronique.» En attendant l'avons demandé il y a bien longtemps (Rivista di filologia romanza, t. I, p. 125) on devrait bien imprimer

et nous

la chronique de Pere Marsili d'après le manuscrit de Barcelone et permettre aux érudits compétents d'établir les relations entre ce texte latin et le texte catalan publié par Aguiló. Nous avons l'assurance que l'Institut trouvera quelqu'un pour entreprendre ce travail si utile.

Le volume se termine par dix-huit fac-similés de chartes des archives

d'Aragon, d'une lecture un peu pénible, vu leur petitesse, et par des tables géographiques et de noms de personnes mentionnés dans le texte. L'ensemble est très méritoire et fait le plus grand honneur à l'auteur luimême, M. Miret y Sans, et à l'Institut des Études catalanes.

A. MOREL-FATIO.

OUVRAGES RÉCEMMENT
RÉCEMMENT PARUS

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