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THÉOLOGIE

PAYENNE.

CHAPITRE PREMIER.

DE L'EXISTENCE DE DIEU.

1. L'Existence de Dieu a été reconnue de prefque tous les Philofophes.

II. Elle a été ignorée de quelques peuples.
III. Elle a été niée par quelques Phi-
lofophes.

Left honteux pour l'ef
prit humain, qu'une vé-
rité auffi claire & auffi
fenfible que celle de

l'Existence de Dieu, ait

Y.

L'Exiftence de Dieu

a été reconnuede pref

que tous

pû trouver quelque contradiction les Philofochez des Etres qui fe flatent d'avoir phes. la raifon en partage. Il faut rendre

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cette juftice aux plus célébres Philofophes, qu'ils l'ont fuppofée comme un principe inconteftable: quelquesuns même ont crû que cette vérité étoit innée dans l'homme; c'étoit le fentiment de Dion Chryfoftome, d'Iamblique & de l'Empereur Julien. La croyance d'un Dieu, fuivant Dion (1), eft générale chez tous les hommes, chez les Barbares de même que chez les Grecs: elle eft néceffaire & innée chez tous les Etres raifonnables ; la nature l'infpire: on ne la tient point d'un maitre mortel; ce ne peut point être l'effet de la féduction, mais feulement de l'évidence.

» Vous dites qu'il y a des Dieux, » ce font les paroles d'Iamblique (2);

(1) DIO CHRYSOST. Orat. 12. de Cognit. Dei, pag. 201. Πρῶτον μὲν ἢ ἐν πρώτοις δόξα τ ἐπίνοια κοινῇ τῇ ζύμπαντος ανθρωπίνω γένος ὁμοίως μὲν Ελλήνων, ὁμοίως δὲ βαρβάρων ἀναγκαία κι ἔμε φυτος ἐν παντὶ τῷ λογικῷ γιγνομένη κατά φύσιν, άνευ θνητό διδασκάλε ή μυςαγωγό χωρὶς ἀπάτης ἢ χαρᾶς διάτε τὴν ξυγγένειαν τὴν πρὸς αυτό.

(2) IAMBLIC. de Myfter. fect. 1. cap. 3. p. 4. φῆς τοίνυν πρῶτον διδόναι είναι Θεός. Τὸ δ ̓ ἔσιν ἐκ ὀρθὸν ἔτωσὶ λεγόμθμον. συνυπάρχει γὰρ ἡμῶν ἀντῇ τῇ ἐσίᾳ ἡ περὶ Θεῶν ἔμφυτο γνῶσις, κρίσεως τι πάσης ἐπὶ κρίθων κ προαιρέσεως, λόγο το

» ce n'eft pas affez dire : l'idée de leur "existence eft innée chez nous, & précéde tous nos raisonnemens. « La connoiffance des Dieux eft tellement gravée dans nos ames, fuivant Julien (1), que nous n'avons pas befoin de maître pour apprendre leur existence. Ariftote penfoit de même, (2) lorfqu'il enfeigne que tous les hommes ont une idée de la Divinité. Les Epicuriens mêmes parloient fort orthodoxement fur cette matiére, comme on peut s'en convaincre par la lecture du difcours de Velleius, rapporté dans le premier (a) Trad Livre de Cicéron de la nature des de M.P'AbDieux. (3) » Epicure, dit-il (a), eft bé d'Oliver

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Υποδείξεως πρυπάρχει. συνήνωταί τε ἐξ ἀρχῆς πρὸς την οικείαν αιτίαν, καὶ τῇ πρὸς τὸ ἀγαθὸν ἐσιώδει τῆς ψυχῆς ἐφέσει συνυφέςηκεν.

(1) JULIANI, orat. 7. pag. 3. & 391. ”AMå κ τῆς ἐκ τῶν Θεῶν ἡμῖν ὥσπερ ἐγγραφέντας ταῖς ψυχαῖς, ὑφ ̓ ὧν πάντες ἀδιδάκτως εἶναι Θεῖον τι πε πεπείσμεθα.

(2) ARISTOT. de Cœlo, lib. 1. cap. 3. pag. · 434. tom. 1. Πάντες γὰρ ἄνθρωποι περὶ Θεῶν ἔχουσιν ὑπόληψιν.

(3) CICERO, de nat. Deor. lib. 1. n. 16. Solus enim vidit (Epicurus) primum effe Deos, quòd in eorum animis eorum notionem impref fiffet ipfa natura. Qua eft enim gens, aut quod

le feul qui ait fondé l'existence des "Dieux fur ce que la nature ellemême grave leur idée dans tous » les efprits. Or quel peuple, ajoutet-il, quelle forte d'hommes n'a pas indépendamment de toute étude une idée, une prénotion des Dieux! Epicure, dans fon divin Livre de » la régle & du jugement, fait fentir

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genus hominum, quod non habeat fine doctriná anticipationem quandam Deorum, quam apon appellat Epicurus, id eft anteceptam animo rei quandam informationem : fine qua nec intelligi quicquam, nec quari, nec difputari poteft, cujus rationis vim atque utilitatem ex illo coelefti Epicuri de regulâ & judicio volu mine accepimus.

Quod igitur fundamentum hujus queftionis eft, id praclarè jactum videtis. Cùm autem non inftituto aliquo, aut more, aut lege, fit opinio conftituta, maneatque ad unum omnium firma confenfio, intelligi necesse est esse Deos, quoniam infitas.eorum, vel potiùs innatas cogni tiones habemus : de quo autem omnium natura confentit, id verum effe neceffe eft. Effe igitur Deos.confitendum eft.Quod quoniam ferè conftat inter omnes, non Philosophos folùm, jèd etiam indoctos, fateamur.conftare illud etiam, hane nos habere, five anticipationem, ut antè dixi, five pranationem Deorum : funt enim rebus novis nova ponenda nomina; ut Epicurus ipfe póλmy appellavit, quam anteà nemo.eo verbo nominárat.

» la force & l'utilité de ce principe, qui eft le fondement fur lequel on » établit tout ce qui regarde cette queftion. En effet, continue Vel»leïus, puifque ce n'eft point une » opinion qui vienne de l'éducation, » ou de la coutume, ou de quelque » loi humaine, mais une créance fer»me & unanime parmi tous les hom»mes fans un feul d'excepté; c'eft » donc par des notions empreintes » dans nos ames, ou plutôt innées, » que nous comprenons qu'il y a des » Dieux. Or tout jugement de la na»ture, quand il eft univerfel, eft né

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ceffairement vrai: il faut donc re» connoître qu'il y a des Dieux ; & puifque fçavans & ignorans s'ac»cordent prefque tous là-deffus, il

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faut donc reconnoître auffi que » les hommes ont naturellement une » idée des Dieux, ou, comme j'ai »dit, une prénotion. Je fais ce mot » à l'exemple d'Epicure, puifque » auffi-bien ne fçauroit-on exprimer » de nouvelles chofes que par des

» termes nouveaux. «·

Les plus fameux Législateurs étoient perfuadés que la croyance de la Divinité étoit un article fon

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