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désintéressement que la religion chrétienne peut seule inspirer. Profondément pénétré de respect pour le précepte de l'Evangile qui nous ordonne d'aimer notre prochain comme nous-mêmes, Jean de Kenti l'observait avec la plus grande exactitude. A l'exemple de saint Augustin, il avait inscrit sur les murs de sa demeure des vers qui montrait son horreur pour la médisance. Sa charité ne consistait pas seulement à éviter de faire du mal à ses frères, elle le portait à leur procurer tout le bien qu'il lui était possible. On l'a vu se priver de sa nourriture, pour la donner à ceux qui en avaient besoin. Autant animé d'une sainte haine contre lui-même, qu'il montrait d'affection pour le prochain, il ne donnait que très-peu de temps au sommeil, ne s'habillait que pour se couvrir, et ne mangeait que pour s'empêcher de mourir de faim. Le désir qu'il avait de conserver sa pureté, le porta à la pratique des plus rudes mortifications. Il était couvert d'un cilice, jeûnait et prenait fréquemment la discipline. Trente ans avant sa mort, il s'abstint entièrement de l'usage de la viande. Telle fut la vie de ce saint prêtre, dont tous les jours furent donnés à la vertu. Uni à Dieu d'une manière intime, par le souvenir habituel de sa sainte présence, tout ce qu'il disait, tout ce qu'il faisait montrait son recueillement et son zèle pour la gloire du Seigneur et pour le salut du prochain. Il mourut le 24 Décembre 1473, dans la soixante-dixième année de son âge, aimé et respecté de tous. Plusieurs miracles furent opérés par son intercession. Cent trente ans après sa mort, on ouvrit son tombeau et il en sortit l'odeur la plus douce et la plus agréable. On conserva religieusement la robe de pourpre qu'il avait portée comme docteur; on en revêtait le doyen de l'école de philosophie le jour de son installation, et on lui faisait jurer d'imiter les exemples et les vertus de saint Jean de Kenti, comme il en portait le vêtement.

Il fut canonisé par le Pape Clément XIII, le 16 Juillet 1767; sa mémoire est en grande vénération en Pologne el en Lithuanie, et il est un des patrons de ces pays (1).

(1) Nous avons parlé de l'introduction du christianisme en Pologne : nous ajouterons qu'à l'époque du schisme des Grecs, plusieurs Églises de ce rit, qui étaient sous la domination polonaise, eurent le malheur de s'y laisser entrainer; mais la plus grande partie resta dans la communion du Saint-Siége : ceux-ci furent appelés les Grecs unis et les autres, dissidens. Les deux communions vivaient en paix, et quelques tentatives furent même faites pour leur réunion. Dans le dix-septième siècle plusieurs évêques grecs rentrèrent avec leurs troupeaux dans le sein de l'Église catholique : ils reconnurent les conciles généraux, la double procession du Saint-Esprit, la suprématie du Pape, et les autres articles de foi de l'Église romaine; il leur fut en général permis de conserver leurs usages et leurs rits particuliers. En 1720, les prélals grecs unis tinrent un concile à Zamoski : il fut présidé par Jérôme Grimaldi, archevêque d'Edesse, nonce du Pape en Pologne. Il s'ouvrit de nouveau, le 26 Août, à Léopold. Le métropolitain de Kiow, sept évêques grecs, huit archimandrites et plus de cent vingt membres du clergé grec séculier et régulier le composèrent ; plusieurs décrets concernant la foi et la discipline y furent faits on y reconnut l'autorité du concile de Trente, et la bulle Unigenitus y fut expressément reçue. Benoît XIII ratifia les décrets de ce concile le 24 Juillet 1724. La Pologne était renommée par les arts, la gloire militaire, les progrès de l'agriculture et les talens de ses habitans. Elle était le boulevard de la chrétienté contre les Turcs, et dans une circonstance mémorable, l'habileté de Jean Sobieski, Roi de Pologne, aidée de la valeur de ses troupes, préserva Vienne de l'invasion de ces barbares. Les belleslettres ont été aussi cultivées avec succès dans cette contrée. Les élégies de Sidronius Hoschius, et les odes de Casimir Sarbiewki; tous deux Jésuites polonais, peuvent être comparées avec les meilleures productions de la latinité moderne.

Nous avons parlé de l'harmonie qui subsistait entre les Grecs unis et les dissidens. La religion catholique était la religion de l'État; mais lės dissidens jouissaient d'une entière tolérance. Ils en furent satisfaits jusqu'en 1772, qu'ils commencèrent à réclamer une égalité de droits et de priviléges. L'Impératrice de Russie, dont les vues ambitieuses se manifestèrent à cette époque funeste pour la Pologne, favorisa les schismatiques, persécuta les Grecs unis, et les força d'apostasier. Dès-lors des guerres civiles se succédèrent, et les résultats désastreux qui les suivirent sont universellement connus.

Il a laissé après lui une haute réputation de savoir; mais aucun de ces ouvrages n'est parvenu jusqu'à nous; on lui en attribuait quelques-uns qui furent déclarés apocryphes par la congrégation des Rits pendant le procès pour sa canonisation.

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VITAL était disciple de S. Rupert, et selon toute apparence son compatriote. Les vertus dont il donna constamment des preuves, et qui le rendaient particulièrement propre à la prélature, engagèrent son maître à l'élever, encore de son vivant, à la dignité d'évêque. Après la mort de S. Rupert, il se plaça aussitôt à la tête du nouveau diocèse, et brilla comme un modèle de piété évangélique au milieu de son troupeau, qu'il sut gouverner en père tendre et en maître profond. Son affabilité, son éloquence et le charme de sa conduite lui eurent bientôt gagné tous les cœurs. Les habitans de Puizgau, longue vallée située au nord du mont Tauern, dans le territoire de Saltzbourg, qui étaient encore idolâtres, furent convertis au christianisme par saint Vital, ce qui lui valut le surnom d'apôtre du Puizgau.

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On élève non-seulement son zèle et sa charité, mais encore son esprit de paix. Il intervenait par sa médiation dans tous les différends, et ses prédications étaient celles d'un vrai serviteur du Dieu de miséricorde, de réconciliation et d'amour.

Nous ignorons les détails de sa mort. Une ancienne tradition la place au 20 Octobre, vers l'an 730, ou un siècle plus tôt, d'après l'opinion assez fondée de quelques auteurs.

Il ne fut question de la canonisation du bienheureux évêque qu'en 1489, sous le Pape Pie II, et l'archevêque Sigismond de Wolkenstorf; puis en 1519, sous Léon X, de la part de Simon III, abbé de Saint-Pierre, où le Saint commença à être honoré, et enfin en 1628, sous le Pape Urbain VIII, de la part de l'archevêque Paris, comte de Lodron. Depuis ce temps Vital est au nombre des Saints. diocésains de Saltzbourg. Ses reliques reposent dans l'église de Saint-Pierre de cette ville (1).

Voyez Hansiz, Germ. sacr. (t. II, p. 66); Sancta et beata Austria, p. 165; Canisius, Hund, Aventin, Velser, Rader etc., et les Legenden Heiliger Gottes und verehrter Landespatronen von Oesterreich etc. p. 241.

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PENDANT que les Saxons, encore païens, ravageaient l'Angleterre, un grand nombre d'anciens Bretons, qui habitaient cette île, s'enfuirent dans les Gaules, et s'établirent dans l'Armorique, qu'on a depuis appelée Bretagne ; d'autres passèrent dans les Pays-Bas, et s'arrêtèrent au château de Brittembourg, près de l'embouchure du Rhin; c'est ce qui se prouve par d'anciens monumens et par le témoignage des historiens flamands cités par Ussérius.

Il paraît que nos saintes martyres quittèrent la Grande

(1) On lit dans Hansiz une épitaphe du Saint, qui commence par

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1

Bretagne ou l'Angleterre, vers le temps dont nous parlons; c'est-à-dire, dans le cinquième siècle. Elles aimèrent mieux faire le sacrifice de leur vie, que de perdre leur virginité, et elles furent mises à mort par l'armée des Huns, qui ravagèrent alors le pays où elles s'étaient réfugiées, et qui portèrent le fer et la flamme dans tous les lieux où ils passèrent. On convient que ces Saintes étaient venues originairement de la Grande-Bretagne, et qu'Ursule était à leur tête pour les conduire et les encourager (1). Quoi

(1) Les anciens calendriers, copiés par Usuard, nomment, sous le 20 d'Octobre, sainte Saule et sainte Marthe, compagnes, vierges et martyres à Cologne. Le P. Alexandre et les rédacteurs du nouveau bréviaire de Paris pensent que sainte Saule est la même que sainte Ursule. Il faut attendre les mémoires que les Bollandistes ont promis sur ces Saintes. Selon Baronius, on doit principalement s'en rapporter sur ce qui les concerne, à ce qu'on lit dans l'histoire manuscrite d'Angleterre, par Geoffroi de Montmouth, laquelle se garde dans la bibliothèque du Vatican. Ce dernier auteur rapporte qu'Ursule était fille de Dionoc, Roi ou prince de Cornouaille; que son père l'envoya à Conan, prince breton, qui avait suivi le parti du tyran Maxime, et que Maxime, qui avait commandé les troupes de l'empire dans la Bretagne, sous Gratien, passa dans les Gaules en 382, après avoir pris la pourpre. Mais diverses circonstances que l'on trouve dans le récit de Geoffroi de Montmouth, montrent qu'il n'est pas plus digne de foi que les rédacteurs des actes prétendus des saintes martyres.

Il paraît par les tombeaux des Saintes qu'on a découverts à Cologne, qu'elles étaient en fort grand nombre. Wandelbert, moine de Pruim en Ardennes, dans son martyrologe en vers qu'il compila en 850, les fait monter à mille; mais il n'écrivait que d'après de faux actes. Sigebert, qui florissait en 1111, compte onze mille vierges. C'est une méprise que quelques auteurs font venir de l'abréviation XI. M. V., qui ne voulait dire autre chose, que onze martyres vierges. Du moins la Chronique de saint Trond, Spicil. t. VII, p. 475, ne compte point un plus grand nombre de martyres. Le martyrologe romain se contente de nommer sainte Ursule et ses compagnes, dont il est effectivement impossible de détermi

ner le nombre.

Geoffroi de Montmouth met le martyre de ces Saintes sous le règne de Maxime, vers la fin du quatrième siècle; mais Othon de Frisingen 1. 4, c. 28, et Ussérius le mettent au milieu du cinquième siècle.

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