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leurs âmes l'esprit de ferveur et d'oraison, qu'ils se sont exercés à la pratique de toutes les vertus, que la volonté divine a été la règle de toutes leurs actions. Marchons donc sur leurs traces : comme eux, remplissons nos devoirs dans la vue de plaire à Dieu, ennoblissons, par un motif surnaturel, nos actions les plus communes; aimons la prière, mortifions nas sens et nos inclinations, méditons la loi du Seigneur, et gravons dans nos cœurs de vifs sentimens de piété et de religion.

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CHRYSANTHE et DARIE vinrent à Rome de l'Orient, l'un d'Alexandrie, et l'autre d'Athènes. L'auteur des ménées, de qui nous apprenons cette particularité, ajoute que Chrysanthe avait épousé Darie, et qu'il lui persuada de vivre dans la continence, afin qu'ils pussent tous les deux parvenir à une pureté de cœur plus parfaite, fouler le monde aux pieds avec plus de facilité, et se consacrer à Dieu d'une manière plus entière. Les idolâtres les reconnurent bientôt au zèle avec lequel ils professaient le christianisme. On les arrêta, et après avoir souffert divers tourmens, ils terminèrent leur vie par un glorieux martyre. Ce fut sous le règne de Numérien, suivant le rédacteur de leurs actes (1). Plusieurs infidèles, touchés de leur constance, déclarèrent qu'ils étaient aussi chrétiens, et ils partagèrent leur couronne. On lit dans saint Grégoire de Tours (2), qu'un grand

(1) Baillet pense qu'on doit placer leur martyre sous Valérien, en 237. (2) L. de Gl. Mart, c. 38, 83.

nombre de chrétiens ayant été prier dans la grotte où étaient les tombeaux des martyrs, le préfet de Rome fit fermer l'entrée de cette grotte, et que tous y perdirent la vie.

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Saint Chrysanthe et sainte Darie furent enterrés, ainsi que leurs compagnons, sur la voie Salarienne. On retrouva leurs corps sous le règne de Constantin-le-Grand. Cette partie des catacombes a été long-temps connue sous le nom de saint Chrysanthe et de sainte Darie. Le Pape Damase fit décorer le tombeau de nos saints martyrs, et composa une épitaphe en leur honneur (3). En 856, le Pape Etienne VI transféra une partie de leurs reliques dans la basilique de Latran, et l'autre dans l'église des douze apôtres (4); ce qui doit s'entendre des reliques des compagnons de saint Chrysanthe et de sainte Darie. Quant à celles de ces deux Saints, elles avaient été portées en 842, à l'abbaye de Prum, au diocèse de Trèves. 'Mais deux ans après, on les transféra à l'abbaye de Saint-Avol ou de Saint-Navor, au diocèse de Metz (5).

Les noms de saint Chrysante et de sainte Darie sont célèbres dans les sacramentaires de Gélase et de saint Grégoire, ainsi que dans les martyrologes d'Orient et d'Occident. Les Grecs honorent ces deux Saints le 19 de Mars et le 17 d'Octobre; mais les Latins en font la fête en ce jour. Voyez M. Josephe Assémani, in Cal. univ. t. VI, p. 193; et Falconius, Comment. ad Tab. Ruthenas Capponianas, p. 79, ad 19 Martii. Les actes de nos saints martyrs, donnés par Métaphraste, Lippoman et Surius, sont apocryphes.

(3) Carm. 36.

(4) Voyez Bosius, Aringhi, Roma subter. 1. 3, c. 24; et Anastase le Bibliothécaire, dans la relation authentique de cette translation. (5) Voyez Mabillon, Sæc. 4. Ben. p. 611.

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S. FRONT, PREMIER ÉVÊQUE DE PÉRIGUEUX.

LES actes que nous avons de saint Fronton, vulgairement appelé saint Front, ne méritent point de créance. On n'a aucune connaissance de ses actions. On ignore quelle fut sa patrie, et même dans quel siècle il vint prêcher l'Evangile dans les Gaules. On sait seulement qu'il fonda l'église de Périgueux, et qu'il en fut le premier évêque. Sa fête est marquée en ce jour dans les martyrologes. On fait mémoire de la translation de ses reliques le 14 du même mois, sans qu'on sache précisément dans quel temps se fit cette translation.

Voyez Baillet, le Gallia Christ. nova, t. II, p. 1447, etc.

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IL paraît que saint Gaudence fut élevé sous la conduite de saint Philastre, évêque de Bresce; du moins il l'appelle son père. Il jouissait d'une grande réputation, quand il entreprit le voyage de Jérusalem, partie pour éviter les honneurs et les applaudissemens, partie dans l'espérance qu'on l'oublierait peu à peu, et qu'on finirait par ne plus penser à lui dans son pays. Mais il se trompa, comme nous l'allons voir.

Etant à Césarée en Cappadoce, il alla visiter dans leur monastère les sœurs et les nièces de saint Basile. Celles-ci lui donnèrent des reliques des Quarante-Martyrs et de quelques autres Saints. Elles ne doutèrent point qu'il n'honorât

ces gages précieux de leur affection, comme elles les avaient honorés elles-mêmes (1).

Il était en Orient, lorsque saint Philastre mourut. Le clergé et le peuple de Bresce le demandèrent pour évêque. Ils savaient quel fruit avaient produit ses instructions, et ils étaient d'ailleurs persuadés qu'en le choisissant pour pasteur, ils mettaient à leur tête un modèle de toutes les vertus chrétiennes. Mais dans la crainte que son humilité ne traversât leurs desseins, ils s'engagèrent par serment à ne point recevoir d'autre évêque. Les évêques de lá province s'assemblèrent avec saint Ambroise leur métropolitain, et confirmèrent l'élection. On écrivit à Gaudence, qui était en Cappadoce, pour le presser de hâter son retour. Il ne céda qu'à la crainte de l'excommunication dont on le menaçait, dans le cas où il refuserait d'obéir. S. Ambroise, assisté des autres évêques de la province, le sacra vers l'an 387.

Gaudence fit un discours à cette occasion, et il y fit connaître les sentimens de l'humilité profonde dont il était pénétré (2). L'église de Bresce connut bientôt tout le prix du trésor qu'elle possédait dans la personne d'un tel pasteur. Il travaillait avec un zèle infatigable à nourrir son troupeau du pain de la parole divine.

Il y avait à Bresce un seigneur rempli de vertu, nommé Bénévole. L'Impératrice Justine l'avait disgrâcié, sur le refus constant qu'il avait fait de rédiger un édit en faveur des ariens. Le mauvais état de sa santé ne lui permettant pas d'aller entendre son évêque,' il le pria de lui donner une copie de ses discours, afin qu'il pût les lire (3). C'est par-là que dix-sept de ces discours sont parvenus jusqu'à

(1) S. Gaudent. Serm. 17.

(2) Ibid. Serm. 16.

(3) Ibid. Pref.

nous (4). Le second a pour objet l'instruction des néophytes qui venaient de recevoir le baptême. Le Saint leur explique les mystères dont il n'était point d'usage de parler en présence des catéchumènes, et sur-tout le mystère de l'Eucharistie. « Le Créateur et le Seigneur de la nature, dit-il, qui a fait produire le pain à la terre, fait du pain son » propre corps, parce qu'il l'a promis, et qu'il peut ac> complir sa promesse; et celui qui a changé l'eau en vin, change le vin en son propre sang (5). »

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Saint Gaudence fit bâtir une nouvelle église à Bresce, et il invita plusieurs évêques à la cérémonie de la dédicace de ce temple. Il prononça en leur présence un discours qui est le dix-septième de ceux que nous avons encore. Il y déclare qu'il a déposé dans la nouvelle église les reliques des Quarante-Martyrs, une portion de celles de saint JeanBaptiste, de saint André, de saint Thomas, de saint Luc, et de plusieurs autres Saints. Il assure qu'il y a autant de vertu dans une portion des reliques d'un martyr, que dans la totalité de ces mêmes reliques. « Ayons donc recours, » dit-il, à la protection de ces Saints; invoquons-les avec » confiance, afin d'obtenir l'effet de nos prières, et bénissons Jésus-Christ notre Seigneur, qui a daigné nous » procurer une telle faveur (6).

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Outre les dix-sept discours de saint Gaudence dont nous venons de parler, il y en a encore trois autres, dont le dernier est un panégyrique de saint Philastre (7). Notre saint évêque y dit que pendant quatorze ans il avait fait régulièrement chaque année un semblable panégyrique, le jour de la fête de son saint prédécesseur.

(4) Bibl. Patr. t. V, p. 705.

(5) Ibid. p. 947.

(6) Ibid. p. 97o.

(7) Ap. Surium, ad 18 Julii.

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