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S. ÉLESBAAN, ROI D'ÉTHIOPIE.

Sixième siècle.

LES Ethiopiens Axumites, dont les possessions s'étendaient depuis la côte occidentale de la mer Rouge, jusque fort avant dans le continent, étaient un peuple très-florissant au sixième siècle. Le Roi qui les gouvernait sous l'Empereur Justin l'ancien, se nommait Elesbaan. Ce prince, dans toutes ses actions et dans toutes ses entreprises, ne se proposait d'autre but que le bonheur de ses sujets et la gloire de Dieu. Quelques auteurs prétendent qu'il avait été converti de l'idolâtrie au christianisme. Quoi qu'il en soit, ses vertus montrèrent combien une nation est fortunée, lorsqu'elle a des maîtres qui ont su s'affranchir de l'esclavage des passions. Si Elesbaan prit les armes, ce ne fut que pour défendre la cause de la justice et de la religion; et il fit servir la victoire au triomphe de l'une et de l'autre.

Les Homérites, parmi lesquels il y avait un grand nombre de Juifs, habitaient sur la côte orientale de la mer Rouge, dans l'Arabie-Heureuse. Ils étaient gouvernés, dans le temps dont nous parlons, par Dunaan ou Danaan (1). C'était un Juif qui avait usurpé le pouvoir suprême. La haine qu'il portait au christianisme, le rendit persécuteur de ceux qui le professaient. Il bannit en 520 saint Grégence, Arabe de naissance, et archevêque de Taphar, métropole du pays. Il fit décapiter saint Arétas, avec quatre autres chrétiens, qui avaient confessé généreusement la foi. Saint Arétas, nommé aussi Harith ou Haritz, était gouverneur de la ville de Nagran, l'ancienne capitale de l'Yémen, ou

(1) Les Syriens et les Arabes l'appellent Dsunowa.

de l'Arabie-Heureuse. Non-seulement il refusa de sauver sa vie en apostasiant, mais il exhorta tous les autres chrétiens à rester fidèlement attachés à leur religion. On l'enleva de la ville, et on le conduisit sur le bord d'un ruisseau, où il fut exécuté en 523. Duma (2), sa femme, et ses filles souffrirent également la mort pour la même cause. On les honore comme martyrs, avec 340 autres chrétiens que Dunaan condamna aussi à mort. Ils sont nommés sous le 24 d'Octobre, dans les calendriers d'Occident et d'Orient, ainsi que dans celui des Moscovites (3).

L'Empereur Justin, dont les chrétiens persécutés avaient imploré la protection, engagea saint Elesbaan à porter ses armes dans l'Arabie, et à chasser l'usurpateur. Ce prince zélé déféra aux justes désirs de l'Empereur; il attaqua et défit le tyran. Mais il usa de la victoire avec beaucoup de modération. Il rétablit le christianisme, rappela saint Grégence, et fit rebâtir l'église de Taphar. Il mit sur le trône Abraamius ou Ariat, chrétien fort zélé, qui se conduisit par les conseils de saint Grégence. Ce saint évêque eut une conférence publique avec les Juifs, où la vraie

(2) Ou plutôt Reuma ou Reumi.

(3) Leurs actes ont été publiés en grec par Lambécius, Bibl. Vindob. t. V, p. 130, 133, et t. VIII, p. 254, 260, 262; et en latin, par Baronius, Lippoman et Surius. Baillet en suspecte la sincérité parce qu'ils ont été tirés de Métaphraste. Mais Falconius pense que Métaphraste les avait donnés sans interpolation. M. Jos. Assémani est du même sentiment, Bibl. Orient., t. I, p. 358, 364 et seq. Ce dernier auteur a publié, ibid., t. II, p. 83, l'histoire originale des martyrs homérites, laquelle a été écrite en syriaque par Siméon, évêque de Beth-Arsam, près de Séleucie en Perse. C'est une lettre adressée à Siméon, abbé de Cabula, et à Jean d'Asie, évêque du même siècle. Cette pièce est bien plus sûre que les histoires de Théophane, de Cédrénus, et des autres Grecs.

Après la mort de Dsunowa, l'Arabie-Heureuse passa sous la domination des Abyssins. Elle eut pour premier Roi chrétien, Ariat, qui eut pour successeur Abraha-al-Aschram. Jacsum fut le troisième, et Mascruck, le quatrième. Sous le règne de ce dernier, Saif-Ebn-dsi-Jazan, de la fa

religion triompha (4). Il écrivit aussi un livre contre les vices, que nous avons encore en grec, et qui est dans la bibliothèque impériale de Vienne (5). Il mourut le 19 Décembre 552.

Saint Élesbaan, suivant Baillet, ne fut pas plus tôt de retour dans ses états, qu'il abdiqua la couronne. Mais on lit dans la légation de Nonnus (6), qu'il régnait à Azuma, capitale de l'Ethiopie, plusieurs années après la guerre dont nous venons de parler. Ce bon prince, dégoûté enfin du monde, laissa le gouvernement à son fils, qui fut l'héritier de son zèle et de sa piété. Il envoya son diadême à Jérusalem, puis, s'étant déguisé, il sortit de la ville pendant la nuit, et alla se renfermer dans un monastère situé sur une montagne déserte. Il n'emporta avec lui qu'une coupe pour boire, et une natte pour se coucher. Il ne vécut plus désormais que de pain, auquel il joignait de temps en temps quelques herbes crues. L'eau devint son unique boisson. Il voulut être traité comme les autres frèet il était toujours le premier aux différens exercices. Il n'eut plus de communication avec les personnes de monde, afin de se livrer tout entier à l'exercice de la prière et de la contemplation. Il est nommé en ce jour dans le martyrologe romain.

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Voyez Théophane, Cédrénus, Orsi, 1. 39, n. 3, 4, 5, 6, 7, t. XVII; Pocok, Specimen Hist. Arab. p. 41, 79, 80, 86; Ludolfe, Hist. Ethiop. 1. 3, c. 2; Cocher, Comment. in Fastos Abyssin. dans le journal de

mille royale des Arabes, remonta sur le trône de l'Yémen, avec le secours des Perses. Mais peu de temps après, les Musulmans s'emparèrent de ce pays.

(4) Les actes que nous en avons ont été interpolés.

(5) Voyez Lambécius, in Bibl. Vindob. Cod. Theol. 366, n. 33, p. 171. (6) Ap. Phot. Cod. 3.

Berne, an 1760, t. II, p. 233; M. Jos. Assémani, Bibl. Orient. et Comment. in Calend. Univ. t. VI, p. 316. C'est dommage que M. Assémani ait moins travaillé le second de ces ouvrages que le premier et qu'il ne l'ait pas porté au degré de perfection dont il était susceptible.

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S. ABBAN, ABBÉ EN IRLANDE.

Sixième siècle.

CE Saint était fils de Cormar, Roi de Leinster. Sa mère, qui se nommait Mella, était sœur d'un saint évêque, appelé Ibar ou Ivor, qu'on prétend avoir été sacré par saint Patrice. Ibar ayant travaillé avec zèle à la conversion des païens, fonda un monastère sur la côte méridionale du Leinster, lequel fut nommé Beckerin ou Beg-Erin, c'està-dire, petite Irlande. Ce fut dans cette école qu'Abban fut élevé. Saint Ibar y mourut vers l'an 500, le 23 d'Avril, jour où l'on faisait anciennement sa fête en Irlande, et sur-tout à Beckerin, où l'on gardait ses reliques. Après sa mort, Abban suivit ses traces, et convertit un grand nombre d'idolâtres. Il fonda les monastères de Kill-Abbain et de Magharnaidhe, l'un au nord, et l'autre au midi du Leinster. Il mourut dans le second, le 27 Octobre, sur la fin du sixième siecle.

Voyez les antiquités d'Ussérius, etc.

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Voyez Tillemont, t. I, p. 423; Nicétas, in Encomio Simonis Zelotæ, Ap. publié par le P. Combefis, Auctuar. Noviss. Bibl. Pat. t. I, p. 408; les Remarques du P. Combefis sur les saints apôtres Simon et Jude, t. VIII; Bibl. Concionat. p. 290; M. Jos. Assémani, in Calend. Univ. ad 10 Maii, t. VI, p. 334.

Premier siècle.

ON donne à saint Simon les surnoms de Cananéen, de Canaanite et de Zélé, pour le distinguer de saint Pierre, et de saint Siméon, qui succéda sur le siége de Jérusalem à saint Jacques le Mineur, son frère. Quelques auteurs ont conclu du premier de ses sermons, que le saint apôtre était né à Cana, en Galilée; et certains Grecs modernes. ajoutent qu'il était l'époux des noces où le Seigneur changea l'eau en vin. On ne peut au moins douter qu'il ne fût Galiléen. Théodoret dit qu'il était de la tribu de Zabulon ou de Nephtali. Quant au surnom de Cananéen, il a la même signification en syro-chaldaïque, que le mot zelotes en grec. Saint Luc l'a traduit (1), et les autres évangélistes ont retenu le mot original. Canath, suivant la remarque de saint Jérôme (2), signifie zèle en syro-chaldaïque ou hébreu moderne.

Si l'on en croit Nicéphore-Calixte, ce surnom ne fut donné à saint Simon, qu'après qu'il eut été appelé à l'apostolat, et cela à cause de son zèle et de son attachement pour son divin Maître. D'ailleurs, selon le même

(1) Luc VI, 13; Act. I, 13.

(2) In Matth. X, 4, t. IV, p. 25.

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