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auteur, il s'était toujours montré fidèle observateur de la loi, et fort opposé à ceux qui s'en écartaient. Mais cette circonstance ne se trouve dans aucun des évangélistes. Hammond et Grotius pensent qu'on donna le surnom de Zélé au saint apôtre, même avant qu'il se fût attaché à Jésus-Christ, parce qu'il était de la secte de ceux qu'on appelait zélés parmi les Juifs, du zèle particulier avec lequel ils faisaient profession de suivre la loi dans toute sa pureté. Ces zélés jouèrent un rôle fameux dans la guerre des Juifs contre les Romains. Ce fut principalement à leur instigation, que le peuple secoua le joug de la soumission. Pendant le siége de Jérusalem, ils massacrèrent leurs propres compatriotes, remplirent le temple de carnage, et accélérèrent la ruine de leur patrie. Mais rien ne prouve qu'il y ait eu des zélés, dans le sens que nous venons d'expliquer, du temps de Jésus-Christ car on ne doit par les confondre avec ceux qui soutenaient qu'on ne devait point payer le tribut aux Romains. Enfin, s'il y avait alors des Juifs qui prissent le nom de zélés, ils ne ressemblaient point à ceux dont parle Josephe dans son histoire de la guerre des Juifs contre les Romains.

Saint Simon, après sa conversion, fut fort zélé pour la gloire de son Maître. Il montra une sainte indignation contre ceux qui déshonoraient par leur conduite la foi qu'ils professaient. Tout ce que l'Evangile dit de lui, c'est que le Sauveur l'admit au nombre de ses apôtres. Il reçut avec eux les dons du Saint-Esprit, et fut toujours très-fidèle à sa vocation.

On lit dans quelques Grecs modernes (3), qu'après avoir

(3) Voyez Ussérius, de primordiis Eccl. Britan., les annales d'Alford; Cressy, 1. 1; Baronius, etc. Ces auteurs parlent d'après NicéphoreCalixte, 1. 2, c. 40, et d'après les Ménées, sous le 20 d'Avril et le 10 de Mai.

prêché dans le Mauritanie et dans d'autres contrées de l'Afrique, il s'embarqua pour la Bretagne; qu'il y répandit la lumière de l'Evangile, et qu'il y fut crucifié par les infidèles. Mais ce voyage dans la Bretagne n'est appuyé sur aucune preuve; et les auteurs qui le rapportent, tombent dans des contradictions qui détruisent leur autorité.

Si le saint apôtre prêcha en Egypte et dans la Mauritanie, il retourna en Orient; car les martyrologes de saint Jérôme, de Bède, d'Adon et d'Usuard, mettent son martyre en Perse, dans une ville appelée Suanir, qui était probablement dans le pays de Suani, peuple allié pour lors aux Parthes de Perse. Au reste, ceci peut se concilier avec un passage des actes de saint André, qui porte qu'il y avait au bosphore Cimmérien un tombeau dans une grotte, avec une inscription qui annonçait que saint Simon le Zélé avait été enterré dans ce lieu. Les martyrologes attribuent la mort du saint apôtre à la fureur des prétres idolâtres. Ceux qui parlent du genre de sa mort, disent qu'il fut crucifié. On prétend que l'église de SaintPierre du Vatican à Rome, et la cathédrale de Toulouse, possèdent la plus grande partie des reliques de saint Simon et de saint Jude (4).

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(4) Voyez Florentinus, in Martyr. S. Hieron. p. 176; Du Saussay, Martyr. Gallic. ad. 28 Octob.

T. XVI.

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Voyez Tillemont, t. I; M. Jos Assémani, in Cal. Univ. ad 19 Junii, t. VI, p. 453; Falconius ibid. p. 105; D. Calmet, t. IX.

Premier siècle.

L'APÔTRE Saint Jude est distingué de Judas Iscariote, par le surnom de Thaddée, qui, en syriaque, signifie louange, confession, et par celui de Lebbée, qu'on trouve dans le texte grec de saint Matthieu, et qui, suivant saint Jérôme, désigne un homme qui a de l'esprit, de l'intelligence. Il était frère de saint Jacques-le-Mineur, de saint Siméon de Jérusalem, et d'un nommé Joseph (1), qui sont appelés les frères du Seigneur. Ils étaient tous fils de Cléophas, et de Marie, sœur de la Sainte-Vierge. Cet apôtre fut cher à son divin Maître, et il en fut moins redevable aux liens du sang qu'à son mépris pour le monde, à l'ardeur et à la vivacité de son zèle. On ne sait ni quand, ni comment il devint le disciple de Jésus-Christ. L'Evangile ne dit rien de lui, jusqu'à l'endroit où il est compté parmi les apôtres. Le Seigneur, après la dernière cène, ayant promis de se manifester à ceux qui l'aimeraient, saint Jude lui demanda pourquoi il ne devait pas aussi se manifester au monde : question par laquelle il semblait donner à entendre qu'il pensait que le Messie régnerait sur la terre. Mais Jésus-Christ par sa réponse, lui fit connaître que le monde ne merite point que Dieu se manifeste à lui, étant ennemi de ce qui peut rendre une âme digne du royaume céleste; qu'il converserait familièrement avec

(1) Matth. XIII, 55.

ceux qui l'aimeraient véritablement, et qu'il les admettrait à la communication intérieure de ses grâces et de ses faveurs (2). Après l'Ascension et la descente du Saint-Esprit, Jude se réunit aux autres apôtres, pour arracher l'univers à l'empire du démon entreprise que la seule prédication de l'Evangile fit réussir. Eusèbe rapporte (3) que saint Thomas envoya à Edesse saint Thaddée, un des disciples du Sauveur, et que le Roi Abgare reçut le baptême de ses mains, avec un grand nombre de ses sujets. Saint Jérôme et le vénérable Bède pensent que ce Thaddée était le même que l'apôtre saint Jude; mais l'opinion la plus commune, est que ce sont deux personnes distinguées, et que le Thaddée dont il s'agit, était un des soixante-douze disciples, lequel est nommé dans les ménées des Grecs, sous le 21 d'Août (4).

Selon Nicéphore, Isidore et les martyrologes, saint Jude prêcha dans la Judée, la Samarie, l'Idumée, la Syrie, et sur-tout la Mésopotamie. On lit dans saint Paulin, qu'il planta la foi dans la Lybie (5).

Le saint apôtre retourna à Jérusalem en 62 après le martyre de saint Jacques son frère, et il assista à l'élection que l'on fit de saint Siméon, qui était aussi son frère, pour gouverner l'église de cette ville (6).

Nous avons de lui une épître adressée à toutes les églises de l'Orient, et particulièrement aux Juifs convertis, qui avaient été l'objet principal de ses travaux. Saint Pierre leur avait précédemment adressé deux épîtres, dont la

(2) Joan. XIV, 24.

(3) Hist. 1. 1 C. 13.

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(4) Voyez sur le disciple nommé Thaddée, Baillet, sous le 21 d'Août, et dans la vie de saint Thomas, apôtre, sous le 21 de Décembre.

(5) S. Paulin, carm. 26.

(6) Eusèbe, Hist. 1. 3, c. 11.

seconde devait spécialement servir à précautionner les fidèles contre les erreurs des simoniens, des nicolaïtes et - des gnostiques. Le zèle de saint Jude fut enflammé à la vue des ravages que ces hérésiarques continuaient de faire dans l'Eglise. Il adopte certaines expressions du prince des apôtres (7); et lorsqu'il renvoie aux épîtres de saint Pierre et de saint Paul, il insinue que ces apôtres ne vivaient plus ni l'un ni l'autre (8). Il se sert, en peignant les hérétiques, d'épithètes très-fortes, et de similitudes très-expressives.

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«Ils calomnient, dit-il, « ce qu'ils ignorent, et ils » se corrompent en tout ce qu'ils connaissent naturellement, comme les bêtes irraisonnables. Malheur sur eux! parce qu'ils suivent la voie de Caïn; qu'étant trompés comme Balaam et emportés par le désir du gain, ils s'abandon» nent au déréglement; et qu'imitant la rebellion de Coré, >> ils périront comme lui. Ces personnes sont la honte et » le déshonneur des festins de charité, lorsqu'ils y mangent avec vous sans aucune retenue; ils n'ont soin que » de se nourrir eux-mêmes. Ce sont des nuées sans eau, que le vent emporte çà et là. Ce sont des arbres qui >> ne fleurissent qu'en automne, des arbres stériles, dou>>blement morts et déracinés. Ce sont des vagues furieuses » de la mer, d'où sortent, comme une écume sale, leurs >> ordures et leurs infamies. Ce sont des étoiles errantes auxquelles une tempête noire et ténébreuse est réservée pour l'éternité. C'est d'eux qu'Enoch a prophétisé en ces termes : Voilà le Seigneur qui va venir avec une » multitude innombrable de ses Saints, pour exercer son

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(7) Voyez saint Jude, 2, 17, et la deuxième épître de saint Pierre, II, 15,

etc.

(8) Voyez saint Jude, qui renvoie (17) à la deuxième épître de saint Pierre, III, 2 3, et la première à Timothée, IV, 1, 2.

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