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dans le pays de Galles; Grimbald, moine de Saint-Bertin, et Jean-le-Saxon, qu'il fit abbé du monastère d'Athe

dans les Indes-Orientales, sans qu'on sache quelle route tinrent ses vaisseaux. Il n'est guères probable que le voyage se soit fait entièrement par mer.

Nous apprenons d'Assérius, de Matthieu de Westminster, et de l'auteur de la Chronique saxonne, qu'à la prière d'Alfred, le Pape Marin affranchit de toute taxe l'école anglaise qui était à Rome, et qu'en reconnaissance des libéralités de ce prince envers le Saint-Siége, il lui fit de riches présens, et qu'il lui donna, entre autres choses, une portion considérable de la vraie croix. Cette précieuse relique fut déposée dans l'église de l'abbaye de Glastenbury, selon Jean, historien de ce

monastère.

Mais il faut donner au moins une idée des vertus éminentes qu’Alfred pratiqua dans sa vie privée. Nous suivrons Assérius, qui conversait familièrement avec ce prince, et dont la véracité est tellement reconnue, qu'on ne peut, suivant la remarque de Cave, Hist. Litt. t. II, p. 66, révoquer en doute rien de ce qu'il raconte. Alfred, dès son enfance, aimait à visiter les lieux saints, et il ne craignait rien tant que d'offenser Dieu par la moindre faute. Il avait coutume de se lever de grand matin, et de se retirer dans quelque église ou chapelle. Là, il priait long-temps prosterné, et aimait à répéter fréquemment la même prière; ce qu'il faisait chaque fois avec un redoublement de ferveur à l'imitation de Notre-Seigneur dans le jardin des Oliviers. Jamais il n'interrompit cette louable coutume, même au milieu des affaires et des camps. Après avoir conclu la paix avec les Danois, il se fit une règle d'employer huit heures de la journée à lire et à prier. Il donnait huit autres heures aux affaires de son royaume, et le reste du jour était pour le repos et les besoins de la nature. Il assistait exactement à l'office de l'église avec le clergé ou avec des moines.

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Anciennement on mesurait le temps avec des cadrans solaires. Ils étaient connus chez les Juifs sous le règne d'Achaz, et leur origine remonte peut-être au commencement du monde. Les sabliers étaient en usage chez les Grecs et les Romains. Il paraît que saint Boniface fit venir une horloge d'Angleterre, vers l'an 730, ep. 9, Serrarius, not. ibid.; mais elle n'était probablement pas d'une forme à pouvoir être mise dans une chambre ou dans une église. Gerbert, précepteur de Robert, Roi de France, puis archevêque de Rheims, et enfin Pape sous le nom de Sylvestre II, vers l'an 995, inventa les horloges à balancier, lequel a été en usage jusqu'à l'an 1650, que l'on y substitua un

lingay, dans le comté de Sommerset. Quelques auteurs ont mal à propos confondu Jean-le-Saxon, avec Jean Scot

Abr

pendule. (Voyez D. Rivet, Hist. litt. et le président Hénault, Chron. p. 126, ed. 1761.) Assérius affirme que l'on ne connaissait point en Angleterre les horloges à mettre dans les appartemens, dans le temps dont nous parlons. Voici ce qu'Alfred imagina pour y suppléer. Il faisait mettre dans son oratoire, devant les reliques des Saints, six cierges de même hauteur et de même grosseur; chaque cierge était divisé en pouces, qui tous étaient marqués. Par ce moyen, il mesurait le temps dans son oratoire, afin d'observer exactement les heures canoniales. Tel était l'esprit de religion qui l'animait dans les circonstances qui paraissent les plus minutieuses. Pour empêcher le vent d'éteindre les cierges ou de les faire brûler trop vite, Alfred les faisait renfermer dans des lanternes faites de corne coupée en plaques très-minces. On assure qu'il fut le premier inventeur de ces sortes de lanternes, du moins pour l'Angleterre; car il en est parlé dans Plaute, Amph. Act. 1, v. 185, et dans d'autres auteurs de l'ancienne Rome. Comme les fenêtres étaient alors basses ou fermées généralement par un treillage, l'invention d'Alfred parut fort commode relativement aux lumières que l'on entretenait dans les églises.

La piété de ce prince produisait en lui un grand respect pour les évêques et pour les autres ministres de la religion. Ingulphe rapporte qu'il se prosternait souvent à leurs pieds. Il entendait avec plaisir la parole de Dieu, et il se faisait souvent lire l'Ecriture ou quelque livre de piété. Son humilité et sa charité se manifestaient par l'affabilité avec laquelle il recevait les personnes de tout état. Il était rempli de bonté pour les pauvres, soit anglais, soit étrangers. Lorsqu'il fut en paix, il fit deux parts de son revenu; la première fut subdivisée en quatre portions égales; une pour les pauvres, la seconde pour les monastères qu'il fondait, la troisième pour les écoles, la quatrième pour les aumônes journalières et pour celles qu'il faisait hors de l'Angleterre; car la Gaule, l'Irlande, et divers monastères éloignés éprouvèrent plus d'une fois l'effet de sa pieuse libéralité. Il fit également trois portions de l'autre moitié de ses revenus : la première était destinée à payer les officiers de la cour; la seconde, les ouvriers, et la troisième, l'entretien de sa maison et les frais qu'entraînait l'exercice de l'hospitalité.

Alfred aimait le clergé et la noblesse; il faisait élever de jeunes seigneurs à sa cour, et s'informait lui-même de leurs progrès dans les sciences. Il était toujours environné de savans, parmi lesquels on comp tait Assérius de Ménévie, Telmond, qui fut depuis archevêque de Can

Erigène. Ce dernier vint de lui-même en Angleterre ; il avait été obligé de quitter la France, où il avait avancé des opinions hétérodoxes; il ouvrit une école particulière à Malmesbury, et fut massacré par ses propres disciples. On a dit, d'après certaines annales de Worchester, que saint Néot avait été le premier professeur de théologie à Oxford; mais ceci ne s'accorde point avec les monumens

torbéry, Athelstan, etc. Il n'y a peut-être jamais eu de Roi qui ait été plus honoré et plus aimé de tous ses sujets. L'envie elle-même a respecté ses talens et ses vertus. Les protestans comme les catholiques ne lui imputent aucuns vices. Il fut purifié par des épreuves de toute espèce, qu'il supporta avec une patience admirable. Ce bon Roi mourut le 25 Octobre 900, à l'âge de cinquante-un ans, après en avoir régné vingt-neuf et six mois. On l'enterra dans la cathédrale de Saint-Swithun, à Winchester, appelé Ealdenminster, ou le vieux monastère. On le porta dans l'église de Newanminster ou du nouveau monastère, quand elle eut été achevée. Ses ossemens furent depuis transférés avec ce monastère dans un faubourg de la ville, nommé Hyde. Ils sont devant le grand autel. On a renfermé dans la même tombe les ossemens d'Edouard l'Ancien, fils et successeur d'Alfred. Saint Grimbald a été aussi enterré dans cette église.

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Assérius de Ménévie écrivit la vie du Roi Alfred, et mourut évêque de Shirburn, en 909, suivant les additions à la chronique de saint Néot, et non en 898, comme Godwin l'a faussement avancé. La meilleure édition de cet excellent ouvrage, est celle de Wise, Oxford, 1722. On peut voir encore sur le même prince, Guillaume de Malmesbury et les autres historiens d'Angleterre. Sa vie a été aussi écrite en anglais par Jean Spelman, fils de Henri Spelman, savant antiquaire. On la fit réimprimer en latin, à Oxford, en 1678, avec de bonnes notes qu'y ajoutérent les membres les plus distingués du collège de l'université de cette ville, lequel se glorifie du titre de collége d'Alfred. Dans la bibliothèque de ce collége est une copie de cet ouvrage, avec de longues notes manuscrites à la marge, par Obediah Walker. Nous avons une autre vie d'Alfred par Robert Powell, laquelle fut imprimée à Londres en 1634. Voyez Vie d'Alfred-le-Grand, Roi d'Angleterre, par le comte de Stolberg, traduite de l'allemand par William Duckett. Paris 1831, in-12. Il n'y a que quelques biographes particuliers qui ont donné au Roi Alfred le titre de Saint.

les plus authentiques de l'histoire de ce siècle. Il paraît que le Saint mourut vers le temps où l'université de cette ville fut fondée, c'est-à-dire, en 877, selon Tanner. Sa mort arriva le 31 Juillet, jour auquel on célèbre sa principale fête. Il était encore nommé dans les calendriers, sous les jours où les translations de ses reliques s'étaient faites. On l'enterra dans sa propre église, au pays de Cornouaille, où il avait fondé un petit monastère pour ceux de ses disciples auxquels il avait donné l'habit monastique. Sous le règne d'Edgar, le comte Ethelric, et la comtesse Ethelflède, sa femme, firent porter les reliques du Saint, de la province de Cornouaille en celle de Huntington, et les déposèrent à Einulsbury, dit depuis de Saint-Néot ou de Saint-Néed. Lévive, sœur d'Osketil, neuvième abbé de Croyland, à laquelle appartenait le manoir d'Einulsbury, les transféra au monastère de son frère; mais on les rapporta depuis dans la première église, qui prit alors le nom de Saint-Néot. On gardait autrefois à Glastenbury diverses choses qui avaient été à l'usage de ce Saint. Alfred éprouva les effets de son intercession. Etant tourmenté, dans sa jeunesse, par des tentations d'impureté, il pria Dieu de l'en délivrer, et de lui envoyer plutôt quelque infirmité corporelle. Sa prière fut exaucée sous ces deux rapports. Il paraît, d'après ce que dit Assérius, qu'il fût affligé d'une fistule qui dura toute sa vie. Lorsque ses douleurs étaient très-vives, il allait prier sur le tombeau de saint Néot, et y trouvait les consolations dont il avait besoin.

il

On célébrait la fête de notre Saint le 31 de Juillet, à l'abbaye du Bec, en Normandie, laquelle possédait une châsse où est renfermée une relique de ce Saint. Cette relique avait été transférée en 1077 dans une église d'Angleterre, qui fut depuis donnée aux moines du Bec. Ceux-ci l'apportèrent en Normandie, comme on le voit par les leçons de l'office de saint Néot. Ce fait est encore rapporté

dans leur chronique manuscrite, et dans leurs archives, dont ils ont donné communication à l'auteur anglais.

On peut consulter sur saint Néot, Jean de Glastenbury, Historia de rebus Glastoniensibus, publiée par Hearne, t. I, p. 110, 111, 112. Cet auteur a copié ce qu'il dit de ce Saint, d'une vie de saint Néot, composée par un auteur contemporain, qui est cité par Assérius luimême. On trouve un extrait d'une autre vie par un moine, dans Léland, Itiner. t. IV, Append. p. 126, 135, ed. Hearne, an. 1744. Le même savant parle, 1. de Script. Angl., de deux autres vies qu'il avait vues à Saint-Néot, l'une desquelles on lisait à l'office du Saint, le jour de sa fête. Il cite encore sur le même sujet, certaines annales, qu'il nomme Chronique de Saint- Néot, parce qu'il les avait trouvées dans le monastère de ce nom. Elles. ont été publiées par Gale, inter Hist. Britan. Scrip. 15, p. 141, qui attribue cet ouvrage à Assérius, et qui l'appelle les Annales de cet auteur, Prof. n. 10. Voyez Tanner, Bibl. in Asserio; Alford, Annal. t. III, an. 878, 886, 890. La vie de saint Néot, donnée par Capgrave, Mabillon et les Bollandistes, n'est point authentique.

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S. DODON naquit vers l'an 686 (1), et fut porté par ses parens à l'abbaye de Lobes, pour y être baptisé par saint

(1) On lit dans les Acta SS. Ord. S. Benedicti, tom. III, p. 533, de Mabillon (dit De Marne, Hist. de Namur, p. 608), que Dodon naquit dans un endroit situé dans le comté de Lomme : « Dodo ex mo»> nacho Laubiensi abbas Waslerensis, in pago Lomacensi extitit oriundus, in villa quæ vocitatur Vallis; » que dans le comté de Namur et dans ses environs il y a plusieurs endroits du nom de l'allis, et qu'il est question ici de Vaux, situé entre Chimai et Lompré. Cependant les éditeurs des Acta SS. Belgii selecta ( tom. VI, p. 373 ) pensent qu'il ne faut pas chercher le lieu de naissance de notre Saint dans le comté de Lomme, mais bien dans un endroit nommé La Vallée, situé à douze

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