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zèle. Lorsqu'il fut arrivé dans cette dernière ville, il fit arrêter saint Quentin, et ordonna qu'on le conduisît en prison chargé de chaînes. Le lendemain, il voulut qu'on le lui amenât, et il employa successivement les promesses et les menaces pour le gagner. Ces moyens étant inutiles, il le fit battre cruellement; après quoi on le remit en prison, sans permettre aux fidèles de lui procurer ni secours ni consolation. Dans les deux autres interrogatoires qu'il subit, on le tira sur le chevalet avec des poulies, au point qu'il en eut les os tout disloqués; on lui déchira le corps avec des verges de fil de fer; on lui versa sur le dos de la poix et de l'huile fondues, et on lui appliqua des torches ardentes sur les côtés. Le martyr, fortifié par Celui dont il défendait la cause, resta supérieur à tous ces raffinemens de cruauté; et sa tranquillité au milieu des tourmens remplit d'effroi les spectateurs.

Rictius-Varus, en partant d'Amiens, ordonna que l'on conduisit saint Quentin dans le pays des Veromandui, par lequel il devait passer. La capitale de ce pays se nommait Augusta Veromanduorum. Le préfet y attaqua de nouveau le soldat de Jésus-Christ, par les promesses et les menaces, qui ne lui réussirent pas plus que la première fois. Confus de l'inutilité de ses efforts, il le fit percer depuis le cou jusqu'aux cuisses avec deux broches de fer; il lui fit enfoncer des clous entre les ongles et la chair, et en plusieurs autres parties du corps, même jusque dans la cervelle. Enfin il ordonna qu'on lui coupât la tête; ce qui fut exécuté le 31 Octobre 287.

Les soldats gardèrent le corps du martyr jusqu'à la nuit, et le jetèrent ensuite dans la Somme. Les chrétiens le retrouvèrent au bout de quelques jours, et l'enterrèrent sur une montagne voisine de la ville. On le découvrit cinquante-cinq ans après; et une femme aveugle recouvra la

vue en cette occasion (1). On perdit encore le souvenir du lieu où était le tombeau du Saint, quoiqu'on eût bâti une chapelle à peu de distance. Au commencement de l'année 641, saint Eloi, évêque de Noyon et de Vermandois, fit chercher les saintes reliques. On les découvrit, ainsi que les clous dont le corps avait été percé. A l'exception de ces clous, des dents et des cheveux, on renferma ce précieux trésor dans une belle châsse, qui fut placée dernière le grand autel. On bâtit une nouvelle église sous l'invocation de saint Quentin, du temps de Louis-le-Débonnaire. On fit aussi une nouvelle translation de ses reliques, le 25 Octobre 825 (2). La crainte des Normands les fit porter à Laon; mais on les rapporta le 30 Octobre 885, et elles se conservent encore chez les chanoines de Saint-Quentin. La ville porte depuis long-temps le nom du saint martyr (3).

Le martyre, si nous y sommes appelés, est un hommage que nous devons à Dieu, un devoir que la religion nous impose. Heureux celui qui, par une grâce spéciale, est destiné à sceller sa foi par l'effusion de son sang! Quelle gloire, quelle félicité pour un faible mortel, pour un pauvre pécheur, de faire le sacrifice d'une vie misérable, pour Celui qu'un excès d'amour a porté à sacrifier une vie infiniment précieuse pour le salut des hommes! Les mar

(1) Act. Mart. et saint Grégoire de Tours, de Glor. Martyr. c. 73. (2) Héméré, Hist. Aug. Verom. 1. 2, p. 72, 79.

(3) Cluvier et Samson pensent que la ville appelée Augusta Veromanduorum, fut détruite par les Barbares dans le cinquième siècle, et qu'elle était dans l'endroit où est l'abbaye de Vermand, de l'ordre de Prémontré, laquelle est située à trois lieues de Noyon, et à quatre de Péronne. Mais l'abbé de Longuerue prouve par les actes de saint Quentin, par saint Grégoire de Tours, et par plusieurs chroniques, que corps du Saint fut enterré près d'Augusta Veromanduorum, et qu'on l'a toujours gardé dans cette ville. Il suit de là que la ville de Saint-Quentin est à la même place qu'Augusta Veromanduorum. Ce sentiment se prouve encore par le voisinage de la rivière de Somme.

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tyrs, selon l'étomologie de ce mot, sont des témoins, c'està-dire, qu'ils rendent témoignage à la puissance et à la bonté de Dieu, dans lequel ils mettent leur unique confiance, et à la vérité de l'Evangile, qu'ils confirment par leur sang. Or, de tous les témoignages, c'est le plus authentique, le plus glorieux à l'Être suprême, le plus édifiant pour les fidèles, le plus capable de convaincre ceux qui ne croient point en Jésus-Christ. Aussi la constance des martyrs a-t-elle particulièrement contribué à l'établissement du christianisme; c'est un des moyens que la divine Providence a choisis pour accomplir cette grande œuvre. Rendons-nous témoignage à Dieu et à notre religion, au moins par la pratique des vertus qui nous sont prescrites? ou plutôt ne déshonorons-nous point par nos vices cette sainte Eglise dont nous avons l'honneur d'être les membres, et n'exposons-nous point le Nom adorable de notre Dieu, aux blasphêmes des infidèles.

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S. FOILLAN, MARTYR.

L'AN 655.

SAINT FOILLAN était frère de saint Ultan et de saint Fursy. Ils eurent pour père, Fyltan, Roi de Munster, en Irlande. Fursy embrassa l'état monastique dans les Isles. Etant revenu dans sa patrie, il engagea ses deux frères à renoncer au monde. Il passa depuis en Angleterre, et bâtit le monastère de Cnobbersburg, dans le royaume des Est-Angles. Il en donna la conduite à Foillan, qu'il avait fait venir d'Irlande.

Après la mort de saint Fursy, arrivée à Peronne, vers l'an 650, Ultan et Foillan passèrent en France. On lit dans quelques auteurs, que Foillan fit un voyage à Rome,

et qu'il y fut sacré évêque régionnaire. Quoi qu'il en soit de cette ordination, il est au moins certain que le Saint ne tarda pas à rejoindre Ultan, son frère. Ils quittèrent l'un et l'autre Cambrai, pour se rendre à Nivelles, dans le Brabant, où sainte Gertrude était abbesse. Le monastère qu'elle gouvernait avait été fondé par le B. Pepin de Landen, son père, et par la B. Ite, sa mère. Il y avait aussi dans le voisinage un monastère pour des hommes. Les deux frères y restèrent quelque temps. En 652, sainte Gertrude donna à Ultan un terrain pour bâtir un hôpital et un monastère, entre la Meuse et la Sambre, alors dans le diocèse de Maestricht, aujourd'hui dans celui de Namur. C'était l'abbaye de Fosse. Sainte Gertrude retint Foillan à Nivelles, afin qu'il instruisît les religieuses. Le Saint se chargea aussi de l'instruction du peuple, dans les villages voi sins. S'étant mis en route avec trois compagnons, en 655, pour aller voir son frère à Fosse, il fut massacré par des voleurs ou des infidèles, dans la forêt de Sonnef, aujourd'hui Charbonnière, en Hainaut. Ses reliques se gardent avec beaucoup de vénération dans l'église de Fosse, qui, à la fin du dernier siècle, était desservie par des chanoines séculiers.

Saint Ultan, vulgairement saint Outain, mourut le premier Mai 686, après avoir gouverné plusieurs années les monastères de Fosse et du Mont-Saint-Quentin.

Voyez Bède, Hist. 1. 3, c. 19, et l'ancienne vie de saint Foillan. publiée par D. Ménard, Addit. ad Martyrol. Ben. p. 900; le P. Le Cointe, ad an. 654, 655, 686; Molanus, Lemire et Ussérius, Antiq. Brit.

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WOLFGANG, selon Radérus, descendait d'une famille fort illustre. Mais nous aimons mieux nous en rapporter à l'ancien auteur de sa vie, qui dit que ses parens étaient d'une condition médiocre. Il eut la Souabe pour patrie. A l'âge de sept ans, on le mit sous la conduite d'un vertueux ecclésiastique du voisinage. Quelque temps après on l'envoya au monastère de Richenaw (1). Cette maison était alors une célèbre école de science et de vertu, et plusieurs églises allaient y chercher des pasteurs. Wolfgang s'y lia d'une étroite amitié avec un jeune seigneur nommé Henri. Celui-ci était frère de Poppon, évêque de Wurtzbourg, qui établit une grande école dans sa ville épiscopale, et qui y attira un savant professeur d'Italie, nommé Etienne.

Notre Saint ne désirait rien tant que de pouvoir se livrer entièrement à la prière et à la contemplation. Mais Henri qui le chérissait pour ses vertus et ses rares talens, ne voulut point se séparer de lui; il exigea même qu'il l'accompagnât à Wurtzbourg. Ils suivirent l'un et l'autre les leçons d'Etienne. Une contestation s'étant un jour élevée sur le sens d'un passage difficile, Wolfgang l'expliqua avec beaucoup de clarté; en sorte que toutes les fois qu'il se rencontrait quelque difficulté, on s'adressait plutôt à lui qu'au maître. Etienne en conçut de la jalousie, et employa pour persécuter le Saint, tous les moyens que sa passion pût lui inspirer. Wolfgang garda le silence, et tâ

(1) Augia, en latin. Ce monastère, fondé par Charles-Martel en 724, fut uni à l'évêché de Constance en 1536.

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