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Scodra. Parti qu'Ali tire de cet évènement. - II appelle

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- Noms de leurs principaux chefs.

- Devient jaloux de Paleopoulo. Massacre des Osmanlis par les Guègues. - Premiers symptômes de mécontentement de Passevend Oglou. Anarchie dans la Romélie

l'empire Ottoman.

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et dans Paix avec la Russie. Mort de Cathe

rine II. Alarmes du divan. Rassuré

-

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par

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les conseils de MM. Descorches et Mouradjea d'Ohsson. - Premier cri de liberté entendu dans la Grèce. - Apparition de Rigas, ses projets; — entraîne Passevend Oglou dans son parti; — se retire à Vienne. Corfou occupé par les Français. — Mission de l'adjudant général Rose à Janina; - s'y marie. Fêtes. Carmagnole dansée. - Destruction des peuplades chrétiennes de Saint-Basile. - Férocité de Jousouf Arabe.Révolte de Passevend Oglou. Ali marche vers le Danube. Première idée d'établir le nizam dgedid, ou milice régulière.-Expédition des Français en Égypte.- Ali revient en Épire à cette nouvelle. Arrestation de l'adjudant général Rose. Combat de Nicopolis. Défaite des Français. Traits de bravoure de plusieurs officiers, de Gabori et de Richemont. Héroïsme maternel d'une Française. Assassinat des Prévésans à Salagora. Dévouement d'un Ithacien. - Prisonniers français conduits à Constantinople. — Astuce d'Ali.—Parga sauvée par les Russes. Nelson envoie complimenter le satrape. - Révélation des complots de Rigas. Sa fin tragique.

TOUT

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OUT prospérait à Ali pacha, quoique sa fourbe fût connue et avouée de ceux même qui avaient intérêt à la taire. Plus il avançait dans sa carrière,

plus il était persuadé que l'audace élève celui qui sait tout braver dans un pays où la volonté d'un seul est l'état et la loi, et où les lois sont plus particulièrement encore que dans les républiques, terribles, et pour ainsi dire viagères. Cependant, afin de suivre les errements fallacieux dont il couvrait ses desseins, il feignit de déférer au vœu du divan, en se mettant à la poursuite des voleurs qui désolaient la Romélie. En sa qualité de grand prévôt des routes, il entrait dans ses attributions de les réprimer; et il dirigea ses attaques contre les habitants de Bossigrad (1), dont les déportements étaient connus jusqu'à Constantinople. Il confia en conséquence, le soin de les réduire, à Paléopoulo et à Canavos, au grand scandale des Albanais mahométans, irrités d'être commandés par deux chrétiens, et accoutumés surtout à ne voir dans le brigandage que l'exercice d'un droit naturel. Aussi cette entreprise fut-elle sans succès; et Ali, loin d'en témoigner du mécontentement, envoya complimenter les Bossigradiens sur leur bravoure. Il leur députa Noutza Macry-Mitchis, qui leur remit une lettre par laquelle il leur mandait, qu'admirateur sincère de leur courage, il désirait les compter au nombre de ses serviteurs, en leur offrant, s'ils voulaient entrer à sa solde, de leur donner des emplois agréables et lucratifs!

Séduits par cette offre, et surtout par l'appât du gain, les Schypetars de Bossigrad se rendirent

(1) Voyez t. II, c. LV du Voyage dans la Grèce.

auprès d'Ali pacha, qui, en les caressant et en les comblant de ses dons, eut bientôt dégarni leur ville de ses plus braves défenseurs. Chaque jour voyait arriver à Janina quelque heureux mortel, qui ne manquait jamais d'être avantageusement pourvu. Mais pendant ce temps, le tyran marchait à son but; et au moment où tout paraissait réconcilié, un corps de ses troupes d'élite, commandé par Jousouf Arabe, pénétra dans Bossigrad, et fit main-basse sur ses habitants. L'impitoyable mulâtre donna pour la première fois, aux Macédoniens, le spectacle d'hommes enduits de poix, brûlés vifs, de prisonniers torturés avec des tenailles rougies à blanc, et de vingt malheureux empalés et rôtis au milieu d'une double ligne de bûchers.

Les peuplades Albanaises des monts Devols furent épouvantées, et crurent que l'ange exterminateur était descendu dans les vallées, où ils se regardaient jusqu'alors comme invincibles. On apprit ces nouvelles en même temps que les supplices des Bossigradiens, auxquels le pacha avait donné charges et emplois : tous, sans exception, passèrent par la main du bourreau. Telle fut la fin d'une peuplade intrépide, heureuse dans sa barbarie, dont la destruction ouvrit au pacha le chemin du canton de Caulonias, position importante, qui lui donnait entrée dans la moyenne et la haute Albanie, qu'il ne tarda pas à envahir du côté de l'Illyrie macédonienne.

Au temps où finissait cette expédition du satrape contre les Bossigradiens, l'Albanie supérieure, habitée par les peuplades férocès de Gog, éprouvait

un de ces orages politiques qui agitent souvent la Turquie. Scodra était le centre de la rébellion; et Mahmoud - Basaklia, son visir, avait, à force de désordres publics, encouru la disgrace de la Porte ottomane, qui l'avait déclaré fermanli, ou excommunié, et mis au ban de l'empire. La première partie de cet arrêt, regardé autrefois chez les Turcs, ainsi que parmi nos ancêtres (1), comme plus grand que les supplices, ne suffisant plus aujourd'hui pour attirer le châtiment sur la tête des rebelles, les pachas, les beys, ayans, et autres tenanciers relevant du Romili-Vali-cy, reçurent l'ordre de marcher contre Cara-Mahmoud, épithète ajoutée à son nom, pour marquer sa réprobation.

Ali, qui se trouvait appelé dans cette ligue, y voyant un but applicable à ses intérêts, ne fut pas un des derniers à entrer en campagne, parce qu'il pouvait, en paraissant agir pour la cause impériale, piller, et s'agrandir, sans crainte de se compromettre vis-à-vis du sultan. On allait se mesurer contre des mahométans, et, selon sa politique, il ne manqua pas d'appeler sous ses drapeaux les armatolis. Tous les capitaines du mont Olympe, de l'Othryx, de l'Étolie et de la Cassiopie, accoururent, et Paléopoulo avec son beau-frère Canavos parut à la tête du drapeau des vieux chrétiens de la Hellade. On s'achemina à travers les vallées du Pinde, en suivant la direction du canton de Caulonias, pour éviter de se joindre au Romili-Vali-cy, qui avait pris le chemin

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des Dibres. Ali évitait, par ce moyen, de se trouver sous les ordres de ce Béglier-Bey; et chemin faisant, il réduisit plusieurs bourgades des peuplades Schypes, à l'attaque desquelles Paléopoulo donna tant de preuves de courage, que les soldats du pacha concurent pour lui une affection extraordinaire. Son nom devint le sujet des chants guerriers des Épirotes; et comme il n'y a pas d'esprits plus susceptibles de jalousie que ceux qui n'ont point un mérite égal à leur rang, Ali conçut contre lui une envie que son ambition, qui rapportait tout à ses vues, put seule lui faire dissimuler.

Il ne fut pas moins jaloux de la valeur brillante que Canavos, Euthyme Blacavas, Boucovallas, et Christakis de Prévésa, déployèrent à la prise de Ghéortcha, et à l'assaut d'Ochrida, ville alors dépendante de Scodra, qui fut emportée par escaladé et le sabre à la main, à la manière des anciens soldats de Scander-Beg. Suivant sa coutume, le pacha fit égorger les vaincus par ses Iapyges; et tirant de l'obscurité un nommé Dgéladin bey, auquel il donna en mariage sa nièce, veuve de Mourad bey de Cleisoura, qu'il avait assassiné, il lui conféra le gouvernement de cette place, dont il ne s'est plus dessaisi. Tels furent les services qu'Ali pacha rendit au Grand-Seigneur, dans cette campagne, et il rentra à Janina avec le projet formel (révélation que je tiens de sa bouche criminelle) d'exterminer en détail les armatolis et leurs chefs.

La guerre contre le pacha de Scodra ne présenta pas d'autres évènements remarquables pour

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