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Enfin, pour que l'effet de ces dispositions fût durable, il conviendrait que le roi de Sardaigne fût lié à ne céder ni échanger aucune portion du territoire ci-dessus désigné à aucun autre Etat qu'à la Suisse.

(Un dernier paragraphe supprimé !)

Extrait d'un mémoire remis par les députés de Genève, à la députation suisse à Vienne, et intitulé: « Avantages qui résulteront pour la Suisse de la neutralisation du Faucigny, du Chablais et du district de Carouge. » 1)

Selon toute apparence, les dangers qui, à l'avenir, menaceront la Suisse, prendront leur source dans deux circonstances nouvelles, la découverte toute récente que le GrandSaint-Bernard est praticable pour une armée munie d'artillerie, et l'ouverture de la route du Simplon.

« Ce sera, non pour conquérir la Suisse, mais pour se frayer un accès en Italie par le Simplon, que le Valais sera désormais envahi et la Suisse menacée.

<< Aussi était-ce pour écarter un danger si imminent et si nouveau, qu'un excellent mémoire de M. Finsler avait proposé de faire entrer dans le système helvétique le Chablais et le Faucigny, qui sont les clefs du Valais, comme celuici est la clef de la Suisse et de l'Italie.

« Trois moyens se présentaient alors:

« D'incorporer au canton de Genève ces provinces qui en avaient sollicité la diète ;

« D'en faire deux cantons séparés; ou

<< D'en laisser la souveraineté au roi de Sardaigne, en les alliant à la Suisse par les mêmes rapports que ci-devant la principauté de Neuchâtel. Ces trois moyens qui, à la vérité, n'étaient pas sans quelques inconvénients, paraissant aujourd'hui écartés, il reste à examiner si les intérêts de l'Italie, du roi de Sardaigne et de la Suisse ne peuvent se combiner tout aussi bien, et mieux peut-être, en se bornant à placer le territoire savoyard au nord de Mégève, sous la sauvegarde de la neutralité des Suisses, qui seraient autorisés à l'occuper militairement, toutes les fois que le

1) Cette pièce ne s'est pas retrouvée aux originaux.

théâtre de la guerre s'approchera de leurs frontières et leur paraîtra menacer Genève et le Valais.

Ce droit d'occupation militaire donnerait au Valais une pleine sécurité, en assurant aux Suisses la prise de possession des passages à la Valorsine et de Meillerie, si importants et si faciles à défendre. Genève se trouverait couverte; avant de l'assiéger, de la bloquer ou de la cerner, il faudrait désormais violer le territoire neutre.

« Comme le droit qu'auraient les Suisses, à occuper militairement le territoire neutre, ne les lierait point à en prolonger la défense au-delà de leurs propres convenances, l'avantage d'un pareil arrangement pour eux serait, pour ainsi dire, sans mélange de risques.

« Quant aux avantages qu'y trouveraient le roi de Sardaigne et ses sujets, ils sont trop évidents pour avoir besoin d'être développés.

< Selon toute apparence, pour protéger efficacement tout le pays qu'enceint la vallée de l'Arve, il suffirait d'y planter des poteaux où seraient écrits ses mots : Neutralité helvétique; et d'y envoyer quelques piquets pour y faire flotter les bannières de la Confédération.

< Jusqu'à la révolution française, tous les belligérants avaient scrupuleusement respecté les petites enclaves de Souabe associées à la neutralité helvétique. N'est-on pas bien plus en droit d'espérer qu'ils respecteront à l'avenir celle du Faucigny et du Chablais, lorsqu'elle aura été sanctionnée et garantie à Vienne par toutes les puissances de l'Europe, et que les Suisses auront acquis la conviction que de cette neutralité dépend la leur ? »

23 février 1815.

D'Ivernois répond à vos objections sur la neutralisation du Chablais et du Faucigny. Je puis vous dire que les trois héros, Wellington, Wrède et l'archiduc Charles, ont, je ne dis pas approuvé, mais happé cette idée, comme militairement excellente. Les objections que l'on peut y faire me semblent faibles, et ce qui prouve surabondamment qu'elle est bonne, c'est la peur qu'elle fait à Talleyrand. Tranquillisez-vous, elle ne se réalisera pas, et je le regrette pour nous, pour la Suisse et pour la paix future de l'Europe.

25 février 1815.

Grande conférence avec mon excellent guide (Capo d'Istria). Il en a eu une avec Metternich, bien à fond sur Genève et la Suisse, et en a été content. Il lui a articulé bien positivement qu'il ne ferait aucun rapport à Alexandre que lorsque, par un arrangement convenable du côté de Genève, on aurait compensé à la Suisse le tort qu'on lui faisait en lui reprenant la Valteline. Vous devez comprendre, lui a-t-il dit, que la France prendra occasion de ce que vous vous faites attribuer la Valteline pour entreprendre, plus tôt ou plus tard, sur Genève et le Valais. Nous avons une promesse sacrée à remplir. Donnons à Genève son désenclavement aux dépens de Turin, rassurons le Chablais et le Faucigny, et par conséquent le Valais, contre les entreprises de la France, abandonnez vos droits sur les fiefs impériaux, et prenez avec St-Marsan le ton qui amène un résultat. Votre intérêt y est évidemment, et c'est l'avis de tous vos militaires. Il dit amen; il promit de voir St-Marsan dans ce sens. Capo d'Istria courut préparer celui-ci, et le trouva très-bien disposé. Il alla voir Wessenberg et le trouva de même. Il pria celui-ci d'obtenir de Metternich de le charger avec Capo d'Istria et St-Marsan de terminer cela à eux trois.

26 février 1815.

Je suis allé faire ma cour à l'archiduc Charles, qui m'a invité à dîner pour demain. Je le lis, et nous discutons ensemble certains points qui l'intéressent. J'ai pris occasion de sa bienveillance pour lui rappeler l'affaire de la neutralisation du Chablais et du Faucigny, lui répéter le mot de Metternich, le remercier de son influence et lui en demander la continuation dans ce moment décisif. Cela lui a fait plaisir, et il appuiera, ainsi qu'auprès de Wellington, dont il fait grand cas. Quand je vois cette convergence d'habileté, d'intérêt et de puissance vers le but auquel nous tendons, je me tiens à quatre, et je redis la fable du pot au lait.

5 mars 1815.

St-Marsan me dit hier qu'au mois d'août dernier il avait déjà demandé ici la neutralisation du Chablais et du Fau

cigny, mais que Castlereagh l'avait écouté avec distraction, et que l'idée n'avait pas prévalu.

29 mars 1815.

Talleyrand a signé hier au soir la neutralisation du Chablais, du Faucigny et de la province de Carouge. Cela passera ce soir au Congrès... Observer que tout cela nous est demandé par le Piémont, moyennant telles cessions qu'il offre, agréé par les puissances, qu'après la communication à la Suisse, elle entrera dans le traité de pacification générale garantie par l'Europe. Génève n'a ni initiative apparente, ni de ce que les timides appelleraient responsabilité. Tout nous est imposé. Je ne crois pas qu'on puisse faire moins mal.

Extrait d'une note adressée le 16 septembre 1815 aux ministres des Puissances alliées par M. Pictet de Rochemont.

«Le soussigné rappelle, qu'au Congrès de Vienne, lorsque la mesure salutaire de la neutralisation du Chablais et du Faucigny fut adoptée, les militaires, qui apprécièrent l'importance d'une telle précaution pour la sûreté de la Suisse et de l'Italie, regrettaient que cette mesure préservatrice ne pût être étendue à la partie de la Savoie que la Suisse peut aisément défendre. L'occasion s'en présente aujourd'hui.

« La position des Bauges, près de Montmélian, qui défend l'entrée de la vallée de l'Isère, et qui menace en flanc un ennemi qui voudrait envahir le duché de Savoie par le seul point où il soit aisément accessible, cette position des Bauges étant rendue au roi de Sardaigne, la neutralisation du territoire situé au nord du parallèle d'Ugine atteindrait complètement ce but.

« Cette neutralisation, stipulée aux mêmes conditions que celles du traité du 29 mars, confierait au besoin à la garde de la Confédération helvétique les lignes des rivières encaissées du Chéran et du Fier, qui sont d'une facile défense; elles feraient de la Savoie un excellent avant-poste pour la Suisse; elles donneraient à celle-ci toute sûreté pour sa frontière du sud et pour les passages du Valais; en même temps que cette mesure mettrait la Savoie à l'abri des invasions périodiques auxquelles elle était exposée, la consti

tution géographique du pays s'opposant à ce que les Piémontais eussent une retraite sûre et pussent, par conséquent, faire une résistance efficace. »

2.

Note der königlich-sardinischen Gesandtschaft an den eidgenössischen Vorort, vom 24. Herbstmonat 1815.

A Son Excellence Monsieur le Bourgmestre de Wyss,
Président de la Diète.

Le Soussigné, Envoyé extraordinaire et Ministre plénipotentiaire de S. M. le Roi de Sardaigne, a l'honneur de prévenir S. E. Monsieur de Wyss, Bourgmestre de Zurich et Président de la Diète, que la commission dont est chargé Monsieur le Chevalier de Montiglio concernant la réunion de Carouge au canton de Genève, ne peut avoir son effet, sans qu'au préalable les conditions dont elle dépend ne soient remplies, ces conditions sont, d'après le protocole du Congrès de Vienne :

1. La neutralité des provinces du Chablais et du Faucigny.

2. Le passage des troupes de S. M. par le Valais dans les cas qui seront stipulés.

3. L'exemption de tout droit de transit pour les marchandises qui, venant des Etats de S. M., traverseront le Valais et l'Etat de Genève.

Comme ces trois conditions exigent une convention particulière qui en fixe le mode et les détails d'exécution, il est nécessaire que le Ministre de S. M. Sarde entre en négociations à cet égard avec la Diète ou avec ceux qu'elle aura dûment autorisés à cet effet, pour que, ces articles étant convenus et arrêtés d'une manière authentique, Monsieur le Chevalier de Montiglio puisse remplir l'objet de sa commission.

Le Soussigné a l'honneur d'assurer Son Excellence Monsieur le Président de Wyss de sa haute considération. Zurich, le 24 septembre 1815.

de Varax.

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