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et qu'on respectait la conviction de chacun, puisqu'elle est rédigée sous la forme de questions.

De tout ce qui précède, je crois devoir conclure avec Rheinwald: Qu'on n'exigeait point dans l'Église primique les ecclésiastiques se soumissent à un formulaire de foi.

tive

Mais, dira-t-on, si on ne l'exigeait pas des ecclésiastiques, peut-être l'exigeait-on de tous les Chrétiens, lorsqu'ils étaient baptisés. Cette question exige assez de développemens pour être examinée dans un second ar

ticle.

III. Tentative d'Exclusisme

A MONTI VILLIERS.

Où le Méthodisme a-t-il osé faire signer une confession de foi?...... Nulle part *. C'est à ces paroles que le Méthodisme a voulu donner un démenti public, un démenti solennel, un démenti de fait, par la cérémonie de Montivilliers qu'un journal de Paris nous a racontée, et que nous avons fait connaître à nos lecteurs dans notre dernier numéro. De nouveaux renseignemens semblent même rendre cette affaire plus grave qu'elle n'avait d'abord été présentée; il paraît en effet que ce n'est point

* A. Coquerel, Protestant de Paris.

*

seulement M. de Félice qui a imposé une confession de foi au récipiendaire, mais que la chose était connue et approuvée par la majorité des pasteurs présens; il paraît, en outre, qu'elle était convenue et arrangée d'avance. C'est donc d'une manière bien officielle, bien authentique, que la promesse d'enseigner conformément à la Parole de Dieu a été déclarée insuffisante par les pasteurs réunis à Montivilliers, et qu'une promesse nouvelle s'est vue fabriquer et imposer par eux. Avant de présenter les réflexions que nous suggère cette violation de la liberté protestante, nous allons citer textuellement l'engagement exigé du jeune candidat, M. Sohier, tel que le rapporte un journal qui, en fait de Méthodisme, doit être bien informé.

Après le discours de consécration, M. de Félice s'adressant au récipiendaire, lui dit :

Cher frère !

« Conformément à la discipline de nos Eglises réformées, d'après laquelle le candidat au saint ministère de l'Évangile doit rendre témoignage de la pureté de sa foi, avant de recevoir l'imposition des mains;

«Et conformément au désir que vous avez exprimé de faire connaître d'une manière solennelle les doctrines que vous enseignerez dans cette Eglise, avec la bénédiction de Dieu,

« Je vous invite à répondre aux questions suivantes : Vous promettez devant Dieu, et sur le livre de la Parole de Dieu, ouvert devant vous, de prêcher purement et fidèlement cette Parole, sans y rien ajouter ni en rien retrancher, comme vous le commande la Parole ellemême?

-Oui, je le promets.

«En conséquence de cet engagement :

I. Vous promettez d'enseigner que par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort; que tous ont péché, et que nul n'est justifié devant Dieu par les œuvres de la loi?

Oui, je le promets.

II. Vous promettez d'enseigner que Jésus-Christ est DIEU manifesté en chair; que l'homme obtient la rédemption par son sang, savoir la rémission des péchés, selon les richesses de sa grâce, par la foi en Jésus-Christ crucifié?

-Oui, je le promets.

III. Vous promettez d'enseigner que l'homme doit naître de nouveau pour entrer dans le royaume de Dieu, et que cette régénération a lieu par le renouvellement du Saint-Esprit, que Dieu répand abondamment sur nous par Jésus-Christ notre Sauveur?

-Oui, je le promets. »

Après avoir lu cette pièce bizarre, on éprouve l'embarras le plus grand; on ne sait en vérité par quel bout la prendre, pour en faire saisir toute l'étrangeté. Voyez d'abord quelle singulière contradiction entre le premier article, l'article fondamental, et les trois paragraphes qui en sont présentés comme une conséquence. Dans l'un on premet de ne rien retrancher ni ajouter à la Parole de Dieu, et les autres sont un symbole fabriqué de mains d'hommes, et qu'on y ajoute immédiatement, bout à bout, sans autre précaution oratoire! Apparemment que les auteurs de ce symbole pensent être d'infaillibles représentans de la Divinité, et faire de leur Parole le synonyme de la Parole de Dieu :-Point, répondent-ils; nous n'avons

fait qu'extraire soigneusement et littéralement de l'Evangile quelques déclarations expresses, et nous les avons rappelées au néophyte. au néophyte. —De telle façon que, si, à leur exemple, d'autres pasteurs dans un autre consistoire allaient, de leur propre autorité, choisir d'autres déclarations qu'ils estimeraient aussi fondamentales, puisque dans une troisième réunion un troisième choix tout aussi arbitraire vint à être imposé, les uns et les autres seraient admis à dire qu'ils n'ont ni retranché ni ajouté à la Parole de Dieu! chacun ferait à volonté son choix, son triage, parmi les déclarations de l'Esprit Saint! chacun pourrait aller pèchant comme au hasard, non point des chapitres, à peine des passages, mais bien des mots* dans les Saintes Ecritures, pour venir ensuite les accoler à sa guise, les construire en questions ou en articles de symbole, et les dicter à un récipiendaire! Vraiment nous sommes confondus en voyant où l'esprit de parti peut conduire des hommes respectables.

Encore s'ils avaient soumis M. Sohier à l'ancienne confession des Eglises de France! ils eussent fait une chose, à notre gré, illégale et inconvenante, mais du moins ils eussent été conséquens; on eût vu leurs actions en harmonie avec ces déclarations dont leurs journaux sont pleins en faveur des anciens symboles. Ils n'ont garde de le faire; ils savent par l'exemple de la Société évangélique que ce serait donner trop beau jeu aux amis de la liberté que d'exhumer ces vieux monumens, et de vouloir les remettre au jour tout entiers. Encore ici ils se contentent d'affirmer vaguement qu'ils agissent conformément à la

* Les phrases de l'engagement ne peuvent pas même être données comme textuellement extraites de la Bible; on ne trouve, par exemple, nulle part cette déclaration : Jésus-Christ est Dieu manifesté en chair.

discipline de nos Eglises réformées, puis ils choisissent sans façon ce qui leur convient dans ces chartes religieuses. Pour nous, nous enregistrons avec joie cet abandon des formulaires du 16me siècle, mais nous demandons de nouveau ce que ces pasteurs auraient à objecter si, à leur exemple, une deuxième, une troisième assemblée choisissait, prenait, triait sans contrôle et sans autre règle que la volonté des assistans?

Voilà les inconséquences, voilà les dangers dans lesquels on se jette quand on veut abandonner le régime de la liberté et recourir à celui de la domination; quand on veut se dire Protestant et cesser de l'être par le fait, jeter la pierre contre Rome et adopter les maximes de Rome. Oui, nous le répétons encore, il faut aujourd'hui, en matière de foi, choisir entre l'autorité et la liberté, entre l'exclusisme et la tolérance, entre la Bible et la parole des hommes; on ne peut plus louvoyer entre ces deux positions.

Et quels motifs les Orthodoxes réunis à Montivilliers peuvent-ils avoir eus pour se livrer à un acte aussi grave que celui dont nous parlons? Pour toute justification, nous trouvons répétés dans un journal tous ces mêmes argumens que nous avons cent fois réfutés, et que d'habiles docteurs avaient su présenter ailleurs avec plus de talent et plus de douceur : nous y trouvons surtout reproduite cette théorie desastreuse de l'insuffisance de la Bible, et de la nécessité des paroles d'hommes. Ecoutez, Chrétiens! écoutez ces théologiens qui n'ont pas craint de nous dire mille fois que nous foulions aux pieds l'Evangile, et qu'ils en étaient les seuls sincères adorateurs ! Voici leurs déclarations; elles sont nombreuses, elles sont formelles « Le pasteur officiant et le récipiendaire avaient

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