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suivant la parole de ton Fils; et lorsque quelque défiance s'élèvera dans mon cœur, je songerai aux lys des champs et à leur magnifique parure; je suis de ceux qu'on appelle pauvres; mais qu'importe? Ce nom est-il si difficile à porter? A tes yeux, y a-t-il des pauvres et des riches? tes oreilles sont-elles plus attentives à la voix du mortel que couronne l'opulence, qu'à celle qui s'élève du plus obscur réduit? Non, Jésus l'a dit: Heureux les pauvres. Et d'où leur viendrait leur bonheur, si ce n'est de ta bonne Providence, qui veille sur ceux que le monde oublie, et qui compense les ennuis de leur pénible existence par des grâces qui ne sont que pour eux. Donne-moi, Seigneur, mon pain quotidien; il me suffit. Est-il rien de plus doux què de s'attendre uniquement à toi, et tous les jours je t'appelle, tu me réponds tous les jours que voudrais-je davantage? Je n'ai pas les fugitifs enivremens de l'opulence, mais je connais les pures joies de la paix et du contentement d'esprit ; je ne possède rien des œuvres de l'art, de tous les ornemens dus aux miracles de l'industrie; mais la nature est à moi; je sais la contempler; tu ouvres mes yeux à ses ravissantes merveilles, j'y reconnais ta main, j'y écoute ta voix, et mon âme se mêle à cet ineffable concert de la création, elle se plonge avec délices dans cet océan d'harmonies. Jamais on ne m'a vu entouré des respects intéressés, des attentions serviles qu'on prodigue à la richesse; mais plus d'un cœur a connu le mien ; les nobles sympathies, les tendres effusions, l'auguste jouissance du dévouement, tu m'as donné ma part de tout cela, ô mon Dieu! ce sont les plus grands biens de ce monde, et cependant je ne possède guère autre chose que mon pain quotidien.

Béni sois-tu, Seigneur, de toutes les dispensations de ta Providence. Elle a tout fait avec sagesse, avec amour, elle donne à celui qui demande, elle ouvre à celui qui heurte, elle fait trouver à chacun ce qui lui est nécessaire, à proportion de la confiance qu'il met dans ta bonté.

III. Mélanges et Nouvelles.

1. Prosélytisme méthodiste. Le rédacteur du Protestant de Paris a reçu la lettre suivante: elle est écrite par une dame qui assiste, ainsi que toute sa maison, au service divin dans les deux temples protestans de la capitale, qui se fait remarquer par la sincérité et la ferveur de ses sentimens religieux, et qui ne pouvait guère s'attendre à devenir l'objet d'une attaque comme celle qu'elle raconte.

Monsieur le pasteur,

Paris, 23 janvier 1833.

Dimanche dernier, à neuf heures du matin, un jeune homme s'est présenté chez moi, demandant à me parler, et, sans autre préambule, il est entré en matière, en disant : «Madame, connaissez-vous le grand salut de notre Seigneur Jésus? connaissez<«< vous l'Evangile? Ah! c'est la seule chose à savoir dans ce «< monde. » Stupéfaite d'un pareil interrogatoire, dans le premier moment je ne répliquai rien; mais voyant enfin ce que c'était (car d'abord je crus avoir affaire à un insensé), je le priai de me dire ce qu'il désirait; que je trouvais étrange cette manière de s'introduire dans les maisons, que je n'avais aucun compte à rendre à un étranger de ma croyance, et, sans s'arrêter à me répondre, il continua: «Madame, si vous connaissiez ce bon Sauveur, vous seriez bien heureuse; venez, faubourg St.-Denis, «n° 93. » En même temps, il me présentait une carte, et il tenait encore en mains de petits livres, que je crois être des traités religieux. Alors, d'une manière sévère, je lui dis que j'étais protestante, mais attachée au temple de l'Oratoire, que la doctrine

*

**Une des chapelles méthodistes élevées à Paris avec l'argent de l'Angleterre. Voyez le Protestant, 1er vol., pag. 340.

TOM. IV.

(NOTE DES RÉD.)

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que l'on y prêchait était la seule qui me convînt, et qu'ainsi je le priais de garder ses adresses et ses traités, et de se retirer. Encore point de réponse; seulement il continua: « Madame, ce Dieu si «bon a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils au monde, «pour qu'il mourût pour nos péchés. L'homme est pécheur, « incapable par lui-même de faire le bien et d'obtenir le salut. Non, Madame, vous ne connaissez pas son Evangile ni ce qu'il renferme; vous n'avez pas une foi vive et sincère. » J'avoue que cette semonce, faite sur un ton fort inconvenant, me fàcha, et, interrompant ce monsieur, je lui réiterai vivement la prière de se retirer, et je fis quelques pas pour sortir; il me suivit, et je fus obligée de quitter la chambre et de fermer la porte après moi, car il se disposait à me suivre dans une autre pièce. Il est bien à désirer, Monsieur, que la publicité d'un tel fait mette fin à des prédications qui ne peuvent que nuire à la religion. Vous êtes entièrement libre de faire de cette lettre l'usage qui vous conviendra.

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Nous n'accompagnerons cette lettre d'aucune réflexion; nous n'avons vu depuis seize ans parmi nous que trop de faits analogues à celui qu'on vient de lire.

2. Améliorations au culte. Nous avons précédemment * entretenu nos lecteurs des idées soumises à la Vénérable Compagnie par quelques pasteurs pour perfectionner certaines parties du culte public, et en particulier pour y introduire d'une manière efficace la lecture de la Bible; malheureusement il s'est ma nifesté à l'extérieur une opposition si forte à quelques détails du projet, que la Compagnie a cru devoir ajourner à deux ans même un simple essai des améliorations demandées: le public, selon nous, a jugé sans avoir vu ni entendu, et par conséquent sans être éclairé; nous le regrettons, mais nous ne perdons pas courage; nous espérons seulement qu'on n'imputera pas à défaut de zèle chez les pasteurs l'absence du bien qui aurait faire. M. Bourrit a publié une brochure où il attaque fortement plusieurs des mesures sur lesquelles l'ajournement vient d'être adopté; il en demandait et désirait le rejet absolu.

pu se

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3. Les dernières nouvelles d'Amérique continuent à parler des progrès que font les doctrines unitaires dans chacun des EtatsUnis, et en particulier, dans ceux du nord. Un grand nombre de nouvelles chapelles viennent d'être établies.

4. Nous comptons donner dans nos prochains numéros quel

* Voyez le Protestant de Genève, tom. m, pag. 107 et suiv.

ques détails sur un utile et dévoué serviteur de la cause de l'Evangile dans l'Inde, William Roberts. Cet Hindou, dans un voyage en Angleterre, s'est converti au Christianisme, et a adopté les doctrines unitaires. Il a consacré sa vie aux progrès de l'Evangile et au salut des Païens. Il a fondé à Madras une Eglise d'Hindous convertis. Un de ces derniers, nommé Chiniah, quoique pauvre lui-même, a établi à ses frais une petite église où il prêche le Christianisme. Deux des enfans de Roberts se préparent à suivre la même carrière que leur père; l'un deux fait ses études à Manchester, sous la direction d'un ecelésiastique, M. Beard, et l'on en parle comme d'un jeune homme qui donne des espé

rances.

5. Dans quelques écoles des paroisses protestantes de notre canton, on a introduit le système de Rousseau pour l'étude de la musique. Jusqu'à présent les résultats en ont été satisfesans, surtout pour la promptitude avec laquelle les jeunes gens apprennent à déchiffrer, ce qui leur était très-difficile par l'autre manière. L'expérience prouvera si ce système peut remplacer l'autre.

6. Arrestation de Rey. Au commencement de l'année dernière, un jeune homme de La Roche en Savoie, se présenta au Vénérable Consistoire pour faire abjuration; il se disait abbé, et appuyait son dire d'un certificat delivré par M. Daillez, supérieur du Séminaire, à Versailles; les commissaires du Consistoire firent toutes les démarches nécessaires pour s'assurer que les motifs de Rey étaient purs; ils l'engagèrent à de nouvelles et sérieuses réflexions; ils lui en présentèrent eux-mêmes, qui étaient destinées à le décourager; le Consistoire enchérit encore sur la prudence de ses commissaires, et le jour fixé pour la réception du prosélyte, il lui imposa un nouveau délai de trois semaines, pour qu'il pensât encore à l'importance de sa démarche; seule ment après toutes ces précautions, touché du ton de sincère conviction et des instances de Rey, le Consistoire admit son abjuration. Immédiatement après cette cérémonie, Rey demanda à la Vénérable Compagnie d'être reconnu comme candidat au saint ministère, et de subir les examens exigés en pareil cas des ecclésiastiques romains; la Compagnie nomma de nouveaux commissaires; ceux-ci examinèrent derechef le candidat et les pièces qu'il présentait ; ils l'interrogèrent avec scrupule; ils ne craignirent pas de lui faire subir des délais assez prolongés; ils lui imposèrent l'obligation de faire connaître à sa famille et à ses compatriotes l'abjuration que sa conscience lui avait dictée, mais sur laquelle il disait avoir été contraint de garder quelque temps le

secret; après quoi ils proposèrent en toute sécurité, et la Compagnie décida d'admettre Rey aux examens; nous avons précédemment rapporté cette décision (Vol. IV, p. 24). Les examens commencèrent par un sermon d'épreuve; ce sermon était trop faible pour être reçu; aussi la Compagnie le renvoya, et décida même que les examens ne pourraient être repris que six mo's après. Tous ces délais, toutes ces précautions n'étaient que trop nécessaires; car nous apprenons que Rey, après avoir essayé d'intercepter des lettres qui pouvaient dévoiler ses manœuvres, vient d'être mis en prison, sous la prévention d'avoir fabriqué des pièces fausses: nous respectons la position d'un accusé, et ne pouvons par conséquent en dire davantage; mais nous ne saurions assez exhorter les corps ecclésiastiques à persévérer dans les voies d'une extrême prudence, toutes les fois qu'on leur soumettra des requêtes du genre de celle que Rey avait présentée.

IV. Annonces d'Ouvrages.

1. Eclaircissemens sur l'Apocalypse et sur l'Epitre aux Hébreux, ou analyse de leur composition, suivis de remarques sur les deux premiers chapitres de saint Matthieu. Par J.-A. De Luc. Genève. Ab. Cherbuliez. 1833.

Si l'accord des experts sur la solution d'une question quelconque passe et avec raison pour une preuve de sa vérité, les esprits réfléchis doivent être fortement tentés de regarder comme peu probables et mal établies les explications données jusqu'à ce jour du livre de l'Apocalypse, Il n'est, en effet, aucun problème qui ait donné naissance à autant d'hypothèses diverses, absolues, exclusives et souvent contradictoires entre elles. Qu'on ne s'étonne ni du nombre ni de la diversité de ces systèmes plus un sujet scientifique ou religieux s'offre à l'esprit humain, enveloppé de mystère et de voiles, plus notre curiosité naturelle est avide de percer ces voiles; plus I homme s'enivre à l'avance de l'idée qu'il aura la gloire de les écarter et le privilége de trouver le not d'une énigme que des milliers d'esprits moins pénétrans n'ont pas su expliquer. Or, il faut le dire, l'Apocalypse est une véritable énigme, et une énigme dans l'intention de son auteur. Vous n'avez qu'à le feuilleter pour y découvrir des traits non équivoques d'une volonté positive d'envelopper ses pensées sous des formes, dans un langage qui ne soit intelligible que pour ceux qui en auront la clé. Çà et là vous y rencontrerez des traits aussi clairs que sublimes, des pensées et

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